Titre

Les débuts du Hirak en Algérie

Auteur

Ali Bensaâd et Malika Rahal, sous la direction de

Type

livre

Editeur

Paris : Eska, 2021

Collection

Maghreb-Machrek, n°244-245 (1ère et 2ème parties)

Nombre de pages

98p. + 92 p.

Prix

20 € x 2

Date de publication

19 octobre 2021

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Les débuts du Hirak en Algérie

Consacrés au “surgissement” du Hirak en Algérie, les numéros 244 et 245 de la revue Maghreb-Machrek s’adressent à des spécialistes et, au-delà, à toutes celles et tous ceux qui restent attentifs aux développements socio-politiques au sud de la Méditerranée. On y trouvera ainsi des analyses fines et documentées, signées pour la plupart par des enseignants-chercheurs des deux rives de la Méditerranée et issus de la science politique, du droit, de la géographie, de l’histoire ou de la sociologie.

Tous bons connaisseurs de l’Algérie, souvent eux-mêmes d’origine algérienne et présents sur le terrain, les auteurs apportent ici des éléments de définition de ce mouvement commencé en février 2019 et qu’on hésite encore à qualifier de populaire, de citoyen, d’insurrection, de révolution.

“Il est clair que le Hirak faisait événement, modifiait le déroulement du temps et séparait un avant d’un après” affirment Ali Bensaad1 et Malika Rahal2 en introduction.

Encore faut-il bien comprendre les causes, les aspects et les enjeux de l’“effervescence collective” qui agite la rue algérienne depuis deux ans.

C’est là tout l’intérêt de ces deux numéros que d’explorer des voies d’explication aussi diverses que l’usage d’internet et de la téléphonie mobile, ou bien la prégnance du football. Parmi les contributions, on remarquera ainsi celle d’Akram Belkaïd, auteur de L’Algérie en 100 questions : un pays empêché3 dans lequel le journaliste avait déjà indiqué l’importance de la mobilisation, de l’organisation et du politique mûris dans les stades.

L’analyse du mouvement actuel s’inscrit aussi dans le temps long : celui d’un passé marqué par les combats de la libération nationale et des “printemps” des années 1980, et qui peut faire encore référence; et d’un autre côté, celui d’”une ouverture des possibles permettant à chacun d’envisager des avenirs rêvés, peut-être antagoniques, sans avoir, dans un premier temps, à se confronter à leurs contradictions” selon l’analyse proposée par la sociologue Fatma Oussedik.

Or en Algérie aujourd’hui, les interrogations concernent surtout le rôle de l’armée : on lira à ce sujet l’intéressante contribution de Jean-François Daguzan. En revanche, s’ils sont mentionnés, aucun article n’est dédié aux islamistes : signe des temps ? Fondamentalement en effet, c’est le système politique lui-même qui, selon Nadji Safir, est “entré dans une fin de cycle par l’épuisement des deux logiques systémiques de rente qui avaient fondé un pacte social rentier efficient : l’une politique, d’origine historique et de nature symbolique et l’autre, énergétique, d’origine extractive et de nature économique”.

Depuis la publication de ces deux numéros au début de l’année 2021, l’histoire ne s’est certes pas arrêtée. Les derniers mois ont été marqués, par exemple, par les suites de la crise sanitaire et la mort d’Abdelaziz Bouteflika, et d’autres réflexions sont en cours. Mais cette douzaine d’articles apportent une pierre non négligeable à la compréhension d’un mouvement et en réalité de tout un pays qui n’a pas dit son dernier mot4.

Rémi Caucanas5

Notes de la rédaction

1 Ali Bensaad est professeur des Universités à l’Institut Français de Géopolitique de Paris, Université Paris 8, Vincennes Saint Denis.

2 Malika Rahal est historienne, enseignante, chargée de recherche à l’Institut d’Histoire du Temps Présent (CNRS)

3 Cf. Recension de R. Caucanas : L’Algérie en 100 questions : un pays empêché / Akram Belkaïd .- Tallandier, 2020

4 Sur l’Algérie, voir aussi les livres présentés dans nos plus récentes recensions : France-Algérie : résilience et réconciliation en Méditerranée / Boris Cyrulnik et Boualem Sansal ; Chrétiens en Algérie : un grand signe de fraternité / Bernard Janicot ; L’Eglise et les chrétiens dans l’Algérie indépendante / Jean-Robert Henry et Abderrahmane Moussaoui, éd., en collaboration avec Barkahoum Ferhati, Rémi Caucanas…; Algérie, la nouvelle indépendance /Jean-Pierre Filiu ; Retours d’histoire : l’Algérie après Bouteflika / Benjamin Stora ; Géopolitique de l’Algérie / Kader A. Abderrahim ; La cinquième mascarade /Youcef Zirem ; Voyage d’Alger /Maya Boutaghou ; Le soulèvement algérien : dossier de la Revue Esprit, n° 455, 2019… etc.

5 Rémi Caucanas est chercheur associé à l’Institut de Recherches et d’Études sur le Monde Arabo-Musulman (IREMAM, Aix-en-Provence) et au Pontificio Istituto di Studi Arabi e d’Islamistica (PISAI, Rome). Il a enseigné également au Tangaza University College (TUC, Nairobi). Ancien directeur de l’Institut Catholique de la Méditerranée (ICM, Marseille), Rémi Caucanas a un doctorat en Histoire.
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