Titre
Géopolitique de l’AlgérieAuteur
Kader A. AbderrahimType
livreEditeur
BiblioMonde, 2020Collection
GéopolitiqueNombre de pages
112 p.Prix
12,80 €Date de publication
30 mai 2020Géopolitique de l’Algérie
Ce petit livre, par son format et son nombre de pages, donnera à son lecteur de nombreuses informations de base sur l’immense territoire algérien, sur la longue histoire des royaumes et des dynasties qui l’ont constitué au Moyen Âge, sur les péripéties de la période ottomane pendant plus de trois siècles, et enfin, sur la conquête française en 1830.
Le Sahara est l’objet d’une attention spéciale, étant donné les problèmes de frontières réglés enfin en 1905 et ses potentialités stratégiques et pétrolières qui formeront pour l’Algérie la base de son développement économique.
Les relations toujours délicates et parfois schizophréniques avec la France sont discutées à plusieurs reprises. Elles sont évoquées en une dizaine de pages, autour de la présence des Algériens en France, après la venue de 760 000 immigrants qui sont devenus, avec leurs enfants, près de 2 millions de citoyens français. Sur le plan culturel, la question linguistique est centrale puisque le pouvoir cherche à nationaliser la culture en mettant de côté la langue coloniale. Dès 1990, le baccalauréat est entièrement arabisé.
Le livre se poursuit naturellement avec un débat sur l’identité algérienne, le plurilinguisme, la question des Kabyles. Au nom du nationalisme, le champ religieux est particulièrement contrôlé. Des lois, notamment autour de la famille, renforcent le caractère musulman conservateur. Il s’agit de contenir l’islam politique qui conteste le pouvoir. Il n’empêche que le FLN sera débordé par les islamistes.
La géopolitique de l’Algérie se décline également autour de son appartenance au Maghreb, région finalement peu intégrée, et d’une autre appartenance aux pays du monde arabe : l’Égypte, l’Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis. La diplomatie algérienne se développe parmi les mouvements anti coloniaux et tiers-mondistes à l’intérieur du groupe des non-alignés. Elle est pourtant largement alignée sur l’Union soviétique pendant plus de 25 ans. Même après la chute de l’URSS, Moscou continue une coopération très active avec l’Algérie.
L’auteur a tendance dans sa quatrième de couverture à rehausser les capacités de l’Algérie, qui n’est pas la première puissance militaire du continent africain, mais la deuxième après l’Egypte. Dire aussi que l’Algérie a surmonté seule toutes les crises intérieures est certes vrai, mais il faudrait s’entendre sur le mot surmonter quand on pense à la catastrophe que furent les périodes du terrorisme intérieur. Elles ont en effet été surmontées, mais au prix d’une crise très profonde, ce qu’on a appelé les années de plomb, qui ont été englouties dans une violence extrême. Ce seront huit ans de guerre (1991-1999), avec des dizaines de milliers de victimes.
Depuis février 2019, la contestation est forte non seulement sur la politique intérieure du pays mais aussi sur l’exercice de sa puissance1. La baisse des cours des hydrocarbures est venue attaquer le dinar algérien pour fragiliser toute l’économie. Avec les multiples terrorismes de cette région de l’Afrique et la fin du régime Kadhafi, le développement régional est directement affecté. La tradition de non intervention extérieure, intégrée dans des articles de la constitution, est battue en brèche par des volontés d’intervenir dans des crises extérieures qui menacent la nation. Un long chapitre sur l’économie actuelle introduit aux interrogations politiques de la situation présente, encore très instable.
Des cartes, des encadrés, une présentation pédagogique font de ce court ouvrage un bon instrument d’initiation à la réalité géopolitique et à l’histoire de ce grand pays si proche de la France2.
Pierre de Charentenay
Notes de la rédaction