Titre

Je suis partie pour vivre

Sous titre

Témoignage

Auteur

Irène Josianne Ngouhada ; avec Anne-Bénédicte Hoffner ; préface de Jean-Paul Vesco, évêque d’Oran

Type

livre

Editeur

Paris : Tallandier, oct. 2019

Nombre de pages

188 p.

Prix

16,90 €

Date de publication

12 janvier 2020

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Je suis partie pour vivre

Ils sont les méconnus de la très grande majorité des Français, ces migrants au long parcours, qui risquent leur vie à tout moment de leur voyage pour rejoindre l’Europe. Pour nous, ces personnes sont différentes à nos yeux parce que migrantes, au risque de ne pas échanger un regard à leur passage dans les lieux publics. Elles le ressentent et ont le sentiment de « n’exister pour personne ». C’est ce que nous dit avec ses mots simples, Irène-Josianne Ngouhada, jeune Camerounaise[1], lorsqu’elle arrive à Paris à l’automne 2016.

C’est en 2010 que cette jeune femme combative prend la route. Une mère décédée jeune, en conflit avec son père lointain mais qui la soutient pour ses études de droit, et sans espoir de trouver un travail, elle décide de partir « puisque ça ne marche pas ici » et qu’« elle se sent seule ».  Elle est encouragée dans sa démarche par « Tonton Pelé » qui a « des songes », lorsqu’il lui dit « Tu es une battante ! Tu es jeune, tu peux y arriver si tu gardes la foi ». Alors, à l’âge de 32 ans, avec son diplôme de droit en poche, elle prend le même chemin que tous ces migrants subsahariens qui se dirigent vers la Méditerranée.

Pour cette femme sans soutien, l’entraide sera sa bouée de sauvetage durant son périple de six ans à travers le Nigeria, le Niger et l’Algérie. Il sera bordé d’épreuves comme « le danger, le vol, les passeurs, la violence, le harcèlement sexuel, l’emprise » à l’image de toutes ces femmes migrantes qui passent par cette route vers une vie meilleure. Grâce à sa lucidité et à sa détermination, elle saura rebondir dans les pires situations pour arriver enfin en Algérie, pays de transit.

Face à l’exploitation, à la violence et à la solitude en Algérie où elle découvre la réalité des nganda, « ces bars dont les serveuses sont incitées à se prostituer », elle supplie Dieu de lui trouver une solution. Quand le diocèse d’Oran lui propose d’accompagner des femmes migrantes et des femmes algériennes, elle voit une lumière s’éclairer devant elle et elle accepte immédiatement cette mission de fonder le Jardin des femmes[2]. Un basculement s’opère dans sa vie de migrante. Elle va se reconstruire au fil du temps et mettre à profit auprès de ces femmes toute son expérience avec un engagement et un dévouement extraordinaire au service des autres.

Quelques années plus tard, à Paris, où « personne ne regarde personne », elle va une fois de plus concentrer son énergie pour trouver sa place dans un pays où elle constate que « le monde se sépare en deux : les Français et les autres ». Grâce à la solidarité et à sa volonté de s’en sortir, elle devient titulaire d’un master de gestion de projets internationaux de solidarité à l’Iris-Sup.

Anne-Bénédicte Hoff­ner, journaliste à La Croix, a aidé Josianne à raconter cette belle histoire. Ce témoignage poignant met en évidence « un parcours singulier, aussi beau et rude soit-il », « son goût de la vie… qu’il s’agisse de la sienne ou de celles des autres » et montre sa générosité auprès des autres et « comment l’amitié et la confiance accordée à quelqu’un peuvent l’aider à se reconstruire ».

Le récit de Josianne nous transmet un message de fraternité, celui de l’accueil et de « la main tendue » qui met en exergue le principe fondamental du respect de la vie humaine[3].

Patrick Gérault

 

Notes de la rédaction

[1] Irène Josianne Ngouhada, est née et a grandi au Cameroun. Elle travaille aujourd’hui pour l’association Visages d’Espoir où elle coordonne la prise en charge des mineurs isolés étrangers. Elle était l’invitée de Stéphanie Gallet, dans La matinale de RCF, le 20/11/2019 (durée : 15 mn)

[2]Lire l’article d’El Watan (19/07/2016) sur le Jardin des femmes et celui de Médecins du monde.

[3] Sur les migrants, réfugiés et demandeurs d’asile, on pourra lire sur notre site plusieurs recensions, notamment : Sur le fil de l’asile ; La grâce de l’hospitalité ; Accueillir l’étranger : le chantier des migrations ; Vaincre nos peurs et tendre la main ; La fin de l’hospitalité : l’Europe terre d’asile ? ; Le courage de l’hospitalité ; L’étranger qui vient : repenser l’hospitalité ; La fraternité bafouée ; Osons la fraternité ! ;  Atlas des migrants en Europe…etc.