Titre

La Fraternité bafouée

Sous titre

Sortir de la peur du « grand remplacement »

Auteur

Véronique Albanel

Type

livre

Editeur

L’Atelier, 2018

Nombre de pages

140 p.

Prix

16 €

Date de publication

22 décembre 2018

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La Fraternité bafouée

La peur du « grand remplacement », c’est la crainte d’une volonté maléfique régnant sur notre société, et visant à « remplacer » les hommes et femmes « de souche » par des étrangers… en provenance d’Afrique noire et du Maghreb. Le pays se transformerait ainsi en un melting-pot dans lequel tout vaudrait tout, les cultures seraient mixées, les droits nationaux rejetés. Tout cela au profit de l’étranger nié en tant qu’homme ou femme, enfant ou vieillard, car qualifié d’autre, de différent.

L’ouvrage de Véronique Albanel[1] vise à déconstruire cette peur, à la nommer et en dévoiler les fondements. Puis à démontrer que l’hospitalité fait partie intégrante des valeurs de la République et de la foi chrétienne, plus largement du contrat social qui lie l’individu à l’Etat de droit. Et enfin à montrer le chemin de l’hospitalité, non un chemin empreint d’absolu ou d’irréalisme, mais une route mûrement réfléchie : afin, selon la belle formule de notre auteur, de ne pas confondre « le dépassement heureux de nos étroitesses » avec « le dépassement malheureux de nos limites ».

Au lecteur qui veut réfléchir, l’ouvrage apportera quelques références de fond avec Hannah Arendt, Max Weber ou Alexis de Tocqueville. Entremêlée avec des citations catholiques et bibliques, la réflexion de Véronique Albanel permet d’enraciner conceptuellement ce qu’instinctivement les hommes et femmes de bonne volonté souhaitent promouvoir : l’hospitalité.

Le lecteur qui agit auprès des migrants se retrouvera dans les analyses de Véronique Albanel. Car en matière d’hospitalité, « tout devrait être simple ; et pourtant rien ne l’est… ». La fraternité ne vit pas de rêve seulement, mais aussi de toute mesure très concrète qui permet la rencontre toujours risquée dans le concret de la vie quotidienne. Ce livre pose ainsi quelques balises pratiques bien utiles pour celui ou celle qui veut accueillir : « il n’est pas interdit de boire du vin en présence d’un accueilli musulman ; et il n’est pas souhaitable d’accepter les retards le soir sous prétexte d’une charité mal comprise… »

Il faut sauver l’hospitalité. Au nom de la fraternité. Mise à mal dans trop de pays, dans trop de cœurs. Pour ce faire, il nous faut débattre des conditions de sa mise en œuvre et partager les expériences. Car la fraternité, loin d’être « triomphante », doit être « tremblante » et « vigilante ». L’hospitalité comporte des risques et mène à « la joie de la rencontre ». C’est de cela -la rencontre- que nous aurons à rendre compte, pas des peurs du « grand remplacement ».

Bertrand Vergniol

 

[1] Ancienne élève de l’ENA et docteur en philosophie, Véronique Albanel est enseignante à Sciences Po et à la Faculté de philosophie du Centre Sèvres (Paris). Elle est présidente de  JRS France-Service jésuite des réfugiés.

A propos de l’hospitalité, cf. son article : Il faut sortir du discours du tout ou rien, La Croix, 15-16/12/2018.  On pourra aussi écouter l’enregistrement de la soirée-débat sur : Accueillir les exilés : une menace ou une chance ? (25/10/2018, au Centre Sèvres, durée : 1h36), à l’occasion de la publication de La fraternité bafouée.