Titre

L’art de la paix

Sous titre

Neuf vertus à honorer et autant de conditions à établir

Auteur

Bertrand Badie

Type

livre

Editeur

Paris : Flammarion, 2024

Nombre de pages

241 p.

Prix

 21 €

Date de publication

1 janvier 2025

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L’art de la paix : neuf vertus à honorer et autant de conditions à établir.

Bertrand Badie1 rappelle d’abord des évidences : la paix n’est pas l’absence de guerre. Dans son prologue, il explique que selon la tradition peule, la paix veut dire la “santé morale et physique du groupe”. Et pour les Haoussas voisins, la paix disait la “tranquillité de l’esprit”. Il faut donc remettre la paix à l’endroit et la décharger de toutes ses fausses images. Elle n’est pas le produit de l’hégémonie d’un pays sur un autre ; elle n’est pas le résultat d’un simple équilibre ; elle ne dure pas longtemps si elle est simplement le fruit d’une transaction, ou d’un accord politique.

Dans les chapitres qui suivent, avec les moyens de l’histoire et de la science politique, l’auteur dessine une grammaire de la paix, riche de culture, de théologie comme de philosophie. Un chapitre est consacré à la paix sociale, celle qui trouve sa force dans l’humain, dans la satisfaction des besoins sociaux, alors que le plus souvent les institutions de paix sont paralysées par les jeux des puissances. La souffrance sociale est un obstacle à la paix.

Pour construire une paix durable, il importe aussi de chercher à comprendre l’autre, de travailler pour l’égalité des genres, de se méfier du mépris et de l’humiliation qui génèrent la violence.

Mais au-delà des affrontements interétatiques classiques, la paix change de configuration dans notre monde technique. Elle devient plus crédible si elle se conçoit, en amont, par une réduction des facteurs socio-économiques à l’origine du conflit. Elle doit inclure aussi toutes les causes systémiques de la violence : pression démographique ou catastrophe écologique par exemple.

Elle change de caractère quand elle devient l’épanouissement d’une unité prenant une dimension mondiale. Il faut pouvoir inventer une paix globale. Malgré les échecs de la SDN2 puis de l’ONU, on ne peut éviter ces recherches de solutions globales quand les risques deviennent mondiaux. La pandémie du COVID 19, qui a fait plus de 7 millions de morts, conduit à repenser l’idée même de paix. C’est le changement climatique qui devient une menace majeure avant même le terrorisme ou les armes nucléaires. La paix dépend des malheurs collectifs de la terre. Antonio Guterres3 avait cette formule percutante : “Les ventres vides nourrissent les troubles”. On ne peut plus en rester aux vieilles postures nationales pour affronter des vulnérabilités maintenant globales.

Pour stabiliser une paix institutionnelle, il importe de savoir trouver les justes normes universelles, en contrôlant les désirs intempestifs de souveraineté, en réinventant une éthique multilatérale pour prévenir les conflits.

Un chapitre est consacré à la diplomatie qui est toujours nécessaire dans sa capacité de “gérer les séparations”, de créer des ponts et des partenariats. L’art de la paix consiste à mener des actions communes, aussi petites soient-elles. Il s’intéressera aussi bien à un pays lointain qu’à un pays proche.

La paix se construit également dans les esprits en étant capable de recevoir de nouveaux imaginaires en la personne de l’étranger accueilli après sa migration. Il importe alors de savoir gérer les flux humains pour éviter les discriminations, les préjugés et les peurs.

On le voit, la paix est d’une complexité extrême. Dans un dernier chapitre, Bertrand Badie plaide pour l’éducation à la paix. La paix s’apprend au quotidien, à la base, dans les écoles notamment. Ce savoir sur la paix doit être partagé au niveau mondial dans tous les programmes d’enseignement. L’auteur reste optimiste en affirmant que l’art de la paix s’appuie sur une solidarité que chacun peut vivre.

Pierre de Charentenay

ICM, Chemins de dialogue

Notes de la rédaction

1 Professeur émérite des Universités (Sciences Po Paris).

Voir les autres livres de Bertrand Badie, recensés sur le site de CDM :

Pour une approche subjective des relations internationales/Bertrand Badie.- Paris : Odile Jacob, 2023

Le monde ne sera plus comme avant/sous la direction de Bertrand Badie et Dominique Vidal.- [Paris] : LLL Les Liens qui libèrent, 2022.-(Le monde d’après)

Les Puissances mondialisées : repenser la sécurité internationale /Bertrand Badie.- Paris : Odile Jacob, 2021

Quand le Sud réinvente le monde : essai sur la puissance de la faiblesse/Bertrand Badie.-Paris : La Découverte, 2018.- (Cahiers libres)

Nous ne sommes plus seuls au monde : un autre regard sur l’ « ordre international » /Bertrand Badie.- Paris : La Découverte, 2016.- (Cahiers libres)

2 Précurseur de l’Organisation des Nations Unies (ONU), la Société des Nations a été établie en 1919 par le Traité de Versailles “pour promouvoir la coopération internationale et obtenir la paix et la sécurité”.

3 António Guterres, le neuvième Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, a pris ses fonctions le 1er janvier 2017 et a été réélu  pour un second mandat allant de janvier 2022 à décembre 2026.

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