Titre

Chroniques sous les bombes à Gaza

Sous titre

Récit de la 4e grande offensive israélienne contre la bande de Gaza (10-21 mai 2021)

Auteur

Ziad Medoukh

Type

livre

Editeur

Paris : Editions Culture et Paix, juillet 2021

Nombre de pages

84 p.

Prix

10€

Date de publication

19 décembre 2021

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Chroniques sous les bombes à Gaza. Récit de la 4e grande offensive israélienne contre la bande de Gaza (10-21 mai 2021)

Ce petit livre a été écrit dans la hâte, pour illustrer le courage et la volonté de résister des habitants de la bande de Gaza, au moment où, dans des circonstances troubles, cette population soumise depuis plus de dix ans à un blocus strict se trouvait à nouveau prise dans l’étau d’un conflit qui lui est imposé et dont elle ne maîtrise presque rien.

Son auteur, Ziad Medoukh, n’est pas pour nous un inconnu1. Professeur, chercheur, fondateur du département de français de l’université Al Aqsa de Gaza, il est également poète. Au cœur depuis des années d’un mouvement non-violent original centré sur la culture et l’éducation, il contribue à souder dans le malheur un peuple qui connaît les divisions, l’oppression et dont les conditions de vie conduiraient naturellement au désespoir. C’est ce que rappellent l’avant-propos et la préface de Laurent Baudoin, animateur du groupe Gaza, à Saint-Merry-hors-les-murs à Paris. Citant Ziad Medoukh, il dit : “La culture, c’est construire pour que nos jeunes, malgré l’accablante réalité, maintiennent leur verticalité” (p.15).

Un premier chapitre, Chroniques de onze jours d’horreur, donne, jour par jour, du 10 au 21 mai, les pertes humaines et matérielles subies par Gaza. La population civile est sciemment visée, des immeubles d’habitation sont réduits en miettes, et aussi des bâtiments publics, des écoles, des services médicaux, des entreprises et des associations, des zones agricoles, des organes de presse… Le blocus maritime se resserre, les pêcheurs sont interdits de mer. La photo de couverture donne une idée des dégâts et montre comment des musiciens font face au malheur, parmi les ruines, avec la seule ressource de leur art.

Le second chapitre a pour titre Messages au monde. Il montre la population de Gaza “fière, déterminée et confiante”, décidée à rester sur sa terre. La plus ancienne librairie de Gaza est peut-être détruite, “mais les pensées ne meurent pas”. Et l’engagement des jeunes diplômés de français de l’Université est mis en évidence, avec la reprise d’un programme de soutien psychologique aux enfants victimes des bombardements, qui avait été mis en place lors des précédentes frappes sur Gaza.

Le message que l’auteur veut adresser au monde ? D’abord faire reconnaître la volonté israélienne de briser le moral des Palestiniens, en agissant au cours du mois de Ramadan, mois de ferveur dans la vie des fidèles musulmans. Son devoir, qu’il remplira sans faiblesse, est de continuer à informer le monde, dans des conditions de grande précarité et au risque de sa vie. Car, note-t-il, les messages de soutien du monde entier sont précieux, qu’ils émanent de fidèles des diverses religions ou de non-croyants. C’est une exhortation à garder sa dignité face à la barbarie de l’agression, qui pousse à la colère et au désir de vengeance, mais à laquelle il a “choisi de résister par la plume, dans la dignité et le respect des droits de la personne” (p.60). Pour cela, il appelle à la poursuite de la mobilisation internationale.

Dans le chapitre trois, Ziad Medoukh a rassemblé des Poèmes de résistance et d’espoir : “Ne pleure pas, Gaza, si je tombe en martyr” (p.64).

Le chapitre quatre, enfin, donne la parole à Des jeunes francophones [qui] témoignent sous les bombes de ce qu’ils ont vécu. Ils emploient les mots de la peur, de la perte, de l’errance – quand ils doivent fuir leurs habitations détruites-, de l’angoisse permanente sur ce qui va leur arriver, de la révolte contre une violence qu’ils n’ont pas provoquée, de la colère aussi contre ce qu’ils éprouvent comme une volonté de les exterminer en raison même de leur nationalité palestinienne, de la volonté de résister malgré tout et de l’espoir en la vie. Ils crient leur dégoût des manœuvres des politiques qui font avancer leurs intérêts en les prenant comme des instruments.

On l’a compris, ce livre n’est pas de l’ordre des analyses géopolitiques. Mais il n’en est pas moins hautement politique, en ce qu’il est un appel à construire une société de respect et de liens solidaires, jusque dans l’extrême violence et l’extrême injustice, en misant sur les ressources et l’inventivité de chacun. Ses armes sont la culture et l’éducation, au contact des autres.2

On trouve enfin quatre pages (80-83) de Liens pour comprendre et agir  qui donnent accès aux interventions de Ziad Medoukh dans les médias et sur les sites francophones, et d’Autres références utiles (p. 82-83), dont les vidéos de la chaîne Youtube Gaza La Vie, (mai-juin 2021) animée par les étudiants de français de Gaza3.

Jean-Bernard Jolly

Membre du Bureau et du CA de CDM

1 Voir la recension de son ouvrage Être non-violent à Gaza.- Paris, éditions Culture et paix, 2019. Il y expose la logique de son action. Le contexte politique et sociétal, à Gaza, fait de la solidarité citoyenne non-violente une forme privilégiée d’action collective, dans la situation que connaissent Gaza et la Palestine dans son ensemble.

2 Sur Gaza, voir aussi nos autres recensions :

La toile carcérale : une histoire de l’enfermement en Palestine / Stéphanie Latte-Abdallah.- Bayard, 2021 

Gens de Gaza : vivre dans l’enfermement. Témoignages 2011-2016 / Brigitte Chalande, Véronique Hollebecque, Sarah Katz [et al.] ; préf. de Christiane Hessel ; film de Franck Mérat.- Riveneuve, 2017

Chrétiens de Gaza / Christophe Oberlin.- Erick Bonnier, 2017.- (Encre d’Orient)

Curé à Gaza : un juste en Palestine / Manuel Musallam : entretiens avec Jean-Claude Petit.- Ed. de l’Aube, 2010 ; rééd. juin 2011.- (L’Aube poche essai)