Recension

Titre

Titre : Gens de Gaza Sous-titre : Auteurs : Type : Livre Editeur :

Sous titre

Vivre dans l’enfermement : Témoignages 2011-2016

Auteur

Brigitte Chalande, Véronique Hollebecque, Sarah Katz [et al.] ; préface de Christiane Hessel ; film de Franck Mérat

Type

livre

Editeur

Paris : Riveneuve, 2017

Nombre de pages

171 p.

Prix

15 € + DVD Film en HD Pal 16/9, sous-titré en 12 langues, 52 mn

Date de publication

9 février 2018

Gens de Gaza

Entre le 23 mai et le 10 juin 2016, Sarah Katz, qui a fait de nombreux séjours en Palestine et à Gaza où elle a passé 18 mois comme enseignante bénévole et Pierre Stambul, enseignant, tous deux membres de l’Union Juive Française pour la Paix (UJFP) ont fait un séjour à Gaza dont ils ont rapporté 19 chroniques écrites au jour le jour, réunies en un ouvrage, Chroniques de Gaza mai-juin 2016. Un livre dur de par la situation des Gazaouis, hommes, femmes, jeunes et moins jeunes, un livre tendre de par les contacts et les rencontres diverses, un livre émouvant qui suscite des sourires et des larmes, un livre fort qui appelle à la révolte : « comment au XXIe siècle le monde peut-il abandonner cette petite région du monde et ses habitants ? »

En 2017, Sarah Katz[1] et Pierre Stambul[2]  ont choisi de faire un livre de témoignages avec quatre autres militant(e)s, Brigitte Challande[3], Véronique Hollebecque[4], Franck Mérat[5] et Annie Vera[6], ouvrage intitulé Gens de Gaza, vivre dans l’enfermement, préfacé par Christiane Hessel[7].

C’est un petit ouvrage avec deux cartes, quelques très belles photos et un DVD qui devrait être mis entre toutes les mains, offert à nos élus, diffusé largement dans les écoles, lycées, institutions, associations, ONG…Il comporte 5 chapitres avec des sous-chapitres.

Quelques pages pour présenter l’histoire de Gaza, puis la mise en place des camps de réfugiés entre 1948 et 1950[8], mais très vite, on plonge dans la vie d’aujourd’hui. Les auteurs racontent la survie de ces hommes, femmes, enfants à qui sont imposées des restrictions quotidiennes d’eau, de gaz, d’électricité. Tout est contrôlé. Le pire c’est ce sentiment d’être dans une prison à ciel ouvert , la peur au ventre que la guerre recommence d’un jour à l’autre, l’angoisse de voir sa maison démolie, la famille décimée, avec une folle envie de vivre et cette question lancinante « comment rester debout, comment ne pas désespérer si l’on n’a plus guère d’espoir «  (p. 111). La vie fourmille pour tenir debout, pour rester humains. Politiquement, la situation est inextricable et aggravée par les tensions entre le Fatah et le Hamas, à quoi s’ajoutent les relations avec l’Egypte qui ferme régulièrement le poste de frontière. A plusieurs reprises, ont eu lieu des négociations pour un gouvernement d’union nationale, mais sans succès.

C’est un livre à lire, à relire tranquillement, parce qu’il fait mal…et pourtant, il est traversé d’espérance et plus encore d’attente que les Etats Unis, l’Europe, les nations du monde entier tournent leurs regards vers Gaza et disent enfin au gouvernement d’Israël «  trop c’est trop » !

Depuis la lecture de ce livre, le journal israélien de gauche Haaretz annonce un nouveau site touristique qui scandalise. Des cars de touristes viennent voir cette prison à ciel ouvert… sur une colline, non loin de Gaza, les touristes regardent, photographient la misère humaine. Un véritable scandale dont personne ne parle.

Martine Millet

[1] Sarah Katz est socio-démographe, ancienne du CNRS.

[2] Pierre Stambul était enseignant en lycée et collège et coprésidait l’UJFP jusqu’en 2016.

[3] Brigitte Challande est psychologue et administratrice culturelle en milieu psychiatrique.

[4] Véronique Hollebecque est cadre de la Fonction publique territoriale.

[5] Franck Mérat est étiopathe et vidéaste.

[6] Annie Vera, éducatrice, travaillait à la Protection judiciaire de la jeunesse.

[7] Christiane Hessel, présidente d’honneur de l’association EJE (Les enfants, le jeu et l’éducation) s’est rendue plusieurs fois dans la bande de Gaza à ce titre. Elle a écrit un petit livre engagé, 32 pages, publié en octobre 2011 : Gaza, j’écris ton nom

[8]  Cf. Pages 38-39 : Huit camps abritent de nos jours de l’ordre de 500 000 personnes, soit 42% du total des réfugiés de Gaza. Ce sont, du nord au sud :

  • Beach camp (al Shati), au nord de la cité de Gaza, créé en 1948 pour recevoir 23 000 réfugiés fuyant en particulier les régions de Lod (al Lydd), Jaffa, Beer-Sheva. Il abrite maintenant quelques 85 000 réfugiés entassés sur une surface de seulement 0, 52 km² (soit une densité dépassant les 163 000 habitants au km² !).
  • Le camp de Jabalia, le plus grand des huit, reçoit, en 1948, 35 000 réfugiés, chassés, pour la plupart, des villages du sud de la Palestine. Ils sont maintenant 110 000 dans ce camp de 1,4 km². C’est là qu’a commencé la première Intifada en 1987.
  • Le camp de Nusseirat accueillit initialement 16000 réfugiés fuyant, après 1948, des districts sud de la Palestine y compris côtiers, et la région de Beersheva. Ces réfugiés vivaient, avant la création du camp, dans ce qui était auparavant une prison militaire anglaise. Nusseirat héberge actuellement plus de 66000 réfugiés.
  • Le camp de Burej, établi en 1950 pour abriter approximativement 13000 réfugiés qui vivaient alors dans des baraquements anglais et des tentes. Ils venaient, pour la plupart, des villes de l’est de Gaza, comme Falouja. Ils sont actuellement près de 40000.
  • Le camp de Maghazi, créé en 1949, est l’un des plus petits (en superficie comme en population). Il est caractérisé par des ruelles étroites et une forte densité (plus de 29 000 réfugiés sur une superficie qui ne dépasse pas 0,6 km²). La plupart des réfugiés fuyaient originellement des villages du centre et du sud de la Palestine.
  • Le camp de Deir El-Balah est le plus petit. Fuyant originellement des villages du centre et du sud de la Palestine, les réfugiés, actuellement 21 000 personnes, ont d’abord vécu sous tentes, puis dans des structures en briques crues, puis en ciment.
  • Le camp de Khan Younis, 72 000 personnes aujourd’hui, abrite beaucoup de réfugiés de la région de Beersheva.
  • Enfin, le camp de Rafah créé en 1949, tout au sud, abrite en tant que tel 104 000 réfugiés, mais une part importante d’entre eux ont depuis longtemps quitté le camp proprement dit pour l’implantation immobilière voisine de Tel el-Sultan, devenue indiscernable du camp.