Titre

L’Eglise à la maison

Sous titre

Histoire des premières communautés chrétiennes : Ier- IIIᵉ siècle

Auteur

Marie-Françoise Baslez

Type

livre

Editeur

Paris : Salvator, 2021

Collection

Histoire

Nombre de pages

208 p.

Prix

20,00 €

Date de publication

16 avril 2022

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L’Eglise à la maison : histoire des premières communautés chrétiennes, Ier-IIIe siècle

Juste avant son décès, Marie-Françoise Baslez nous a livré un petit livre qui synthétise les recherches de toute la vie de cette spécialiste des religions antiques. Nous avons tendance à projeter à l’origine les structures et le fonctionnement de l’Église d’aujourd’hui. C’est une erreur. La fidélité au Christ peut en effet prendre des formes différentes selon les temps et les lieux, donc inviter à innover.

Sans bâtiment ni salle de réunion, les premiers chrétiens se sont appuyés sur ce qui existait : la vie associative, les structures de la cité et surtout la vie “en maisonnée”. La “maison” ou “famille” rassemblait tous ceux qui, liés par la parenté, habitaient sous un même toit, en y ajoutant ceux qui dépendaient de cette maison jusque dans les campagnes, c’est-à-dire les serviteurs, les esclaves. L’Église d’un lieu comprenait ainsi plusieurs communautés dont chacune avait son lieu de rencontre.

Ce premier dispositif nous vaut deux chapitres importants, clairs et nuancés. L’un concerne le rôle des femmes. Maîtresses de maison, souvent dotées de responsabilités réelles, elles tinrent dans les communautés un rôle capital, y compris en les dirigeant parfois. Tout au long de l’époque considérée, leur influence fut décisive.

L’autre chapitre fait un état de la question des esclaves en relation avec l’Église. Leur situation n’était pas uniforme. Les communautés ont insisté sur deux points : racheter un esclave plutôt que le libérer sans subsistance ; et développer plus l’idée de service que celle de la domination.

Il était impossible que l’auteure ne traite pas de l’expansion du christianisme. Alors que la famille restait le lieu d’un culte privé, comment faire connaître publiquement l’Évangile en étant une association non reconnue et plus large que les ethnies et les professions ? En utilisant les divers réseaux disponibles, ceux de parenté et ceux, plus étendus, du commerce. Enfin, le réseau militaire, à partir du IIe siècle. Il faut aussi compter sur les liens entre les cités et les campagnes qui les entourent. Refusant d’être secrète et souterraine – excellente mise au point sur les catacombes-, l’Église est progressivement devenue une réalité publique.

Les persécutions déclarées, au sens fort, à la fin du IIIe siècle, n’ont pas provoqué une réaction identitaire radicale. Elles ont plutôt obligé les chrétiens à trouver de nouveaux modes de présence. Car, pendant ce temps, les Églises locales ont multiplié des contacts de plus en plus larges. Peu à peu les évêques ont pris l’habitude de se rencontrer. L’Église synodale était née.

Voilà un livre remarquablement documenté. Son abord est aisé. Sa lecture est fortement recommandée.

Albert Rouet1

Note de la rédaction

1 Albert Rouet, archevêque émérite de Poitiers (19932011), est l’auteur de nombreux ouvrages, dont J’aimerais vous dire : entretien avec Denis Gira.– Bayard, 2009 ; Croire, mais en quoi ? : quand Dieu ne dit plus rien.L’Atelier, 2019 ; La Passion de Jésus au long des quatre évangiles .- L’Atelier, Éd.ouvrières, 2020.- Il contribue régulièrement aux recensions de livres pour notre site.

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