La Passion de Jésus au long des quatre évangiles

“La phrase de Paul aux Galates, ‘le Christ m’a aimé et s’est livré pour moi’, m’a accompagné tout au long de ma vie… J’arrive à la fin de ma vie et elle est ce que j’ai de mieux à léguer“ écrit Mgr Rouet¹ dès l’introduction de son livre.

Le lecteur est ainsi d’emblée informé de la raison profonde pour laquelle l’auteur lui propose, dans ce livre, de revisiter, avec lui, les récits évangéliques de la Passion de Jésus.

“Même au bout de 56 ans de prêtrise dont 33 d’épiscopat“, avoue-t-il, ces textes continuent de nourrir sa foi, au gré des difficiles questions qu’ils ne cessent de susciter : “Pourquoi Paul se dit-il ‘co-crucifié’ avec le Christ ? En quoi la référence à la croix vient-elle le soutenir ? En quoi cet horrible supplice donne-t-il plus une preuve d’amour que celle d’un échec honteux ?“. (p.12)

Constatant que, dans leur diversité, les quatre évangiles relisent les événements de Jérusalem comme ce qui donne sens à l’ensemble de la vie de Jésus – une vie tout entière donnée par amour –, l’auteur commence par y recueillir non seulement tout ce qui, anticipant la fin violente de l’histoire, fait de la vie de Jésus “une vie encerclée de menaces“, mais aussi tout ce qui témoigne de la liberté intérieure de Jésus tout au long de sa mission.

Puis, dans une deuxième partie, intitulée “Agitations, violences et secrets“, il s’attache à caractériser – en tenant compte des “contrastes et dissonances“ des témoignages entre les évangélistes et à l’intérieur même de leur récit -, les différents adversaires de Jésus (et leurs alliances), l’appel aux Romains (avec le rôle de Pilate) et enfin, “quelques sous-fifres, les ‘petites mains’“. Un chapitre entier est consacré aux foules et aux témoins de la mort de Jésus et un autre à la “Passion des disciples“.

La dernière partie du livre, “Aujourd’hui, je ressuscite“, invite le lecteur à une relecture détaillée de chacun des récits en prêtant attention à l’originalité et la force du témoignage qu’ils nous transmettent pour nourrir notre propre foi : “Le fait remarquable tient en ce que les quatre évangiles, dans leur récit de la mort de Jésus, pointent vers un au-delà de ce qui arrive à la croix : vers le mystère de la personne du Christ (Mc), vers la confiance inaltérable envers le Père (Mt et Lc) et vers un monde renouvelé par le retour de Jésus à son Père et par l’envoi de l’Esprit (Jn)“ (p. 404). La place accordée à “L’eucharistie comme présence“ et aux textes de la Résurrection (le chapitre 15 de la première épître aux Corinthiens et les finales des quatre évangiles) donne lieu à un commentaire approfondi et stimulant de ces textes, sur fond du “buissonnement de lectures“ qu’ils ont suscité dans l’histoire de l’Église.

En réunissant, en chaque élément “la mémoire des textes dans les communautés chrétiennes et son inscription dans la vie de Jésus“, Mgr Rouet partage avec ses lecteurs sa conviction qu’il y a là de précieux témoins des “obscurs cheminements“ de la foi chrétienne qui, cependant, conduisent à l’essentiel qui se découvre peu à peu “en concentrant sur lui, autour de la Passion du Christ, la vie et les connaissances de la foi“. (p.486)

Un beau livre, à lire le Nouveau Testament à la main !

Odile Flichy²

Notes de la rédaction