Titre

La création de l'État d’Israël

Auteur

André Chouraqui

Type

livre

Editeur

Paris : Erick Bonnier, 26/04/2018

Collection

Encre d’Orient

Nombre de pages

371 p.

Prix

23 €

Date de publication

19 novembre 2018

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La création de l’État d’Israël

La création de l’État d’Israël est la thèse de Doctorat en Droit soutenue par André Chouraqui[1] devant la faculté de Droit de Paris, le 15 novembre 1948. Même s’il n’est publié qu’en 2018[2], ce texte est le premier des dizaines d’ouvrages qu’il a laissés. Se constate déjà sa capacité à rassembler une documentation (son ouvrage est une mine), à rendre clair ce qui peut sembler confus, à tenter l’objectivité.

Cette thèse porte sur la montée institutionnelle qui, du Congrès de Bâle de l’organisation sioniste (1897)[3] en passant par la Déclaration de Balfour (1917)[4], aboutit à la naissance de l’État d’Israël (14 mai 1948)[5] par le mandat donné aux Britanniques de permettre l’établissement d’un Foyer National juif en Palestine[6], par son échec, et par la proposition de la toute jeune Organisation des Nations Unies de la création de deux États, l’un juif et l’autre arabe.

Dès l’origine, A. Chouraqui pointe la faiblesse de la déclaration de Balfour : elle ne dit rien des droits politiques des Arabes palestiniens. Or, sur le terrain, quand les Britanniques mettront en œuvre le Foyer juif, ils seront confrontés à la question arabe. Certes, la majorité des Nations est d’accord pour qu’existe un État israélien, certes, les Juifs ont toujours dit vouloir accorder une pleine égalité sociale et politique dans cet État, mais, de fait, cet État est né contre la volonté politique des Arabes.

A. Chouraqui écrit à chaud. Il est juif. La guerre empêche parfois les plus clairvoyants d’analyser la totalité des évènements. Visiblement – malgré son souci d’objectivité – il semble placer tous les Arabes dans le même camp – égypto-nazi – alors que le roi Abdallah de Jordanie et Golda Meirson (Meir) s’étaient entendus sur une autre division du territoire que celle proposée par l’O.N.U. … et que leur entente a survécu aux émeutes dues à l’installation de l’État d’Israël.

Il oublie l’usage de la force par la Haganah, l’Irgoun et le Lehi[7] pour faire partir quelques 600.000 Arabes des lieux qu’ils revendiquaient (cf. rapport des services de renseignement israéliens du 30 juin 1948, cité par Benny Morris dans The birth of the Palestinian Refugee problem, Cambridge university press, 1988, éd. rev. 2004)[8]. Il oublie les livraisons d’armes venant de Tchécoslovaquie… et semble ne pas comprendre les raisons stratégiques des Anglais en cette difficile année 1947.

Malgré une page (282) difficile à situer dans l’ouvrage, celui-ci se lit avec facilité. Il est passionnant.

Mgr Michel Dubost[9]

[1] Pour en savoir plus sur sa vie et son œuvre, consulter le site dédié à André Chouraqui (1917- 2007) où l’on trouvera son impressionnante bibliographie.

[2] Préfacé par Yehuda Lancry, qui fut ambassadeur d’Israël à l’ONU durant les années 1999-2002, ce livre paraît à l’occasion du 70e anniversaire de la création de lÉtat d’Israël, le 14 mai 1948 (4e de couv.).

[3] Consulter site AKADEM sur le Congrès de Bâle, 1er congrès sioniste, sept. 1897

[4] À lire : La Déclaration Balfour cent ans après / Nathan Weinstock.- Le Bord de l’eau, 2018.- (Clair & net)

[5] Cf. Déclaration de l’Indépendance d’Israël, le 14 mai 1948 et dossier de La Croix du 06/05/2018 : Israël, 70 ans d’histoire et de tumultes

[6] Cf. La Croix, 03/11/2017 : Foyer national

[7] Il s’agit des premières milices d’Israël : définition et rôle.

[8] Cf. Catalogue BNF et aussi recensions de CDM : La mémoire de la Nakba en Israël /Thomas Vescovi ; L’histoire occultée des Palestiniens / Sandrine Mansour-Merien.

[9] Mgr Michel Dubost, a été évêque d’Évry-Corbeil-Essonnes (2000-2017), il est membre du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux. Parmi ses nombreux livres, cliquer sur : Catholiques – Musulmans : une fraternité critique.- Médiaspaul, 2014. Lire aussi son témoignage dans La Croix (13/01/2015) où il dit ce qu’il a vu lors de son passage par la Bande de Gaza, avec une délégation d’évêques, en janvier 2015.