Ce que la Palestine apporte au monde.

Bel ouvrage, en lien avec une exposition qui durera jusqu’au 19 novembre 2023, prolongée jusqu’au 31 décembre 2023 à l’Institut du Monde Arabe¹ : une exposition vaste, plurielle, multiculturelle. Avec des apports historiques, artistiques.²

L’avant-propos, rédigé par Jack Lang et Hugues Jallon, présente de manière très épurée ce que sont les objectifs d’un tel ouvrage : “Aborder la Palestine comme inspiration pour le monde nous a semblé évident et primordial”.

Inspiration ?… Que nous inspire la Palestine ? En effet, si l’on en juge et par la visite de l’exposition et par le contenu de l’ouvrage dont il est question dans cette recension, la Palestine pourrait être une source d’inspiration pour le monde. Mais l’est-elle vraiment ?

Si la question paraît simple, la réponse, les réponses sont multiples et multidimensionnelles. C’est, il me semble, ce qui ressort de la lecture de ce livre.

Les réponses viennent de sources différentes : des historiens, des artistes, des géographes, cartographes, des chanteurs, poètes, illustrateurs, des experts du monde entier, de tous les continents notamment d’Europe mais aussi d’Amérique du Nord, d’Amérique Latine.

Au risque de s’y perdre : références politiques, historiques, combats politiques mais aussi combats culturels, expressions artistiques. Toute l’histoire de la Palestine, de toute la Palestine une et indivisible : Gaza, territoires occupés de Cisjordanie, Jérusalem-Est, les réfugiés, la diaspora, les Bédouins, toute l’histoire gigantesque de la Palestine se trouve analysée, explicitée, développée.

Si l’on n’est pas familier de cette histoire, il est conseillé de prendre son temps pour lire chapitre après chapitre ; le chapitre lu doit être pris dans un contexte général en lien avec les précédents ou les suivants. Voire peut être relu…

Que pouvons-nous comprendre de la Palestine, de ce qu’elle “apporte au monde” ? De quelles valeurs humaines nous enrichit-elle ? Que nous fait-elle comprendre de l’histoire de l’humanité ? De ce conflit israélo-palestinien ? Mais est-il réellement un conflit ? Et s’il l’est, n’est-il qu’entre Israël et la Palestine ? Quelle part de responsabilité prennent les pays arabes, l’Europe, les Etats-Unis ?

Que nous reste-t-il de la réalité historique ? Des accords franco-anglais Sykes-Picot³ répartissant le Moyen-Orient entre la France et la Grande-Bretagne, ces deux puissances coloniales, des récents accords dits “d’Abraham”⁴, de la déclaration Balfour et de l’établissement d’un Foyer juif en Palestine,⁵ du plan de partage voté à l’ONU en 1947 acceptant un état juif et un état arabe (celui-ci n’ayant jamais vu le jour) ? De la place et du rôle des pays arabes : de ses voisins égyptiens, jordaniens ? Du sort des réfugiés ? ….

Et bien sûr, ne manquons pas les références bibliques – celles notamment développées par Shlomo Sand⁶ -, les rappels à propos de l’intégrisme religieux par Sylvain Cypel.

Des références bibliographiques multiples nous permettront également de compléter nos connaissances.

Que savons-nous également du foisonnement culturel palestinien ?

Cet ouvrage et cette exposition nous font connaître une partie de l’œuvre poétique palestinienne, de la musique arabe, des chants arabes, de l’expression picturale…

Tous ces divers paradigmes énoncés plus haut – pour nous aider à comprendre, à cheminer dans la découverte ou redécouverte des enjeux de civilisation dans cette région du monde mais qui concernent le monde entier-, sont présentés dans l’ouvrage et au travers de l’exposition et de ses nombreux développements : concerts, conférences, thématiques diverses développées. Ce travail remarquable est à diffuser sans modération.

Cet ouvrage aurait pu tout aussi bien s’intituler : “La Palestine ici et ailleurs : fraternité, dignité, justice, paix”.

Je recommande donc chaudement cet ouvrage et la visite de l’exposition à l’IMA.

Je voudrais terminer avec un extrait d’un poème de Mahmoud Darwish, poète et auteur palestinien né en 1941 dans un village détruit en 1948 lors de la Nakba (la catastrophe en arabe)⁷ :

“(…) Inscris, je suis arabe, le numéro de ma carte d’identité est cinquante mille… je suis patient dans un pays bouillonnant de colère, mes racines fixées avant la naissance du temps avant l’éclosion des siècles, avant les cyprès et les oliviers, avant la croissance végétale…”

Marilyn Pacouret

Présidente de Chrétiens de la Méditerranée

Notes de la rédaction