Nous reproduisons l’appel de Kairos Palestine, publié un an après le 7 octobre 2023.
7 octobre 2024 : Un an après…
Et encore un appel de chrétiens palestiniens.
Apprenez à faire le bien,
recherchez la justice,
faites droit à l’opprimé,
faites droit à l’orphelin,
prenez la défense de la veuve.
Ésaïe 1.17
Face à la Nakba qui continue et que l’on peut définir comme poursuite du nettoyage ethnique, de l’occupation illégale, d’un régime d’apartheid ouvertement raciste et d’un génocide de plus en plus rapide du peuple palestinien qui est largement financé par l’administration américaine et soutenu par les puissances occidentales, nous voulons marquer une pause en ce premier anniversaire du 7 octobre pour reconnaître et pleurer les souffrances et la mort de tant de nos frères et sœurs de Gaza qui nous accablent, et celles de toutes les autres victimes de la guerre et de la violence. Et aussi pour appeler à la fin des massacres et des destructions sans limites de nos infrastructures, de nos habitations et de tous les aspects de nos vie par l’État d’Israël, des destructions qui touchent aussi de plus en plus la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, et maintenant également le Liban, avec la menace de déclencher une
guerre sur toute la région.
Nous sommes reconnaissants et encouragés par toutes les démonstrations de solidarité qui s’expriment partout dans le monde, et tout particulièrement par le courage et les témoignages de solidarité de ceux qui manifestent sur les campus de universités. Et en même temps nous sommes irrités par l’indifférence de l’Occident au respect du droit international et des Conventions sur les droits humains tant que les propres objectifs hégémoniques de l’Empire ne sont pas gênés. Nous sommes perplexes face à l’indifférence de la société civile à l’égard de ce que nous vivons. Nous sommes attristés par le manque de solidarité d’une grande partie de l’Église universelle face à un génocide que la Cour internationale de justice a déclaré comme étant plausible.
Cela fait longtemps que Kairos Palestine a lancé un cri d’alarme sur la quasidisparition des chrétiens palestiniens de leur terre d’origine : Gaza et toute la Palestine. Nous avons appelé à l’aide, nous avons rédigé des déclarations, nous avons voyagé dans le monde entier pour témoigner de ce que nous vivons. Que faut-il faire encore pour susciter votre
attention et vous inciter à passer à l’action ?
Pourtant, même affligés, perplexes, persécutés et abattus, nous continuons à mettre notre confiance en Jésus de Nazareth, lui qui a vécu au sein d’un peuple qui souffrait d’une occupation impériale brutale mais qui s’est soucié de ceux qui étaient marginalisés et opprimés et qui a incarné un amour sans limites et une justice prophétique.
Avec sa force et encouragés par ceux qui travaillent à nos côtés, nous poursuivons notre aspiration à la paix. À travers le refus de toute violence, nous continuons à chercher notre liberté, le respect de nos droits humains et le droit de notre peuple à l’autodétermination, et nous espérons pouvoir atteindre nos objectifs. Mais nous avons besoin de votre aide.
- Nous en appelons aux Églises pour qu’elles se lèvent et exigent un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel pour mettre un terme à la catastrophe humanitaire et à la perte d’un plus grand nombre encore de vies innocentes, et pour permettre l’acheminement d’une aide vitale et le passage en toute sécurité du personnel humanitaire et médical.
- Nous en appelons aux nations et aux responsables politiques du monde entier pour qu’ils appliquent l’arrêt de la Cour internationale de justice visant à mettre fin à l’apartheid israélien et à l’occupation illégale du territoire palestinien par Israël.
- Nous en appelons à la Cour pénale internationale pour qu’elle demande des comptes à ceux qui ont commis et continuent à commettre des crimes de guerre.
- Nous en appelons à la société civile mondiale pour qu’elle fasse pression sur Israël afin qu’il se conforme au droit international tel qu’il est énoncé dans les Conventions de Genève et tout particulièrement dans la Quatrième Convention de Genève qui a pour objet la protection des civils lors de conflits et en situation d’occupation, et pour qu’elle ait recours à la stratégie non violente du Boycott, Désinvestissement et Sanctions contre Israël jusqu’à ce qu’il se conforme au droit international et aux principes universels des droits humains.
Ô Dieu, suscite des prophètes et des gens de bonne volonté parmi les dirigeants de ce monde, dans nos Églises et en Israël, des gens qui auront les yeux ouverts et qui feront ensuite ce qui est juste et équitable pour le peuple palestinien qui a résisté à l’oppression pendant de nombreuses décennies. Redonne sa sainteté à notre terre. Fais-en une terre de justice et de paix pour tous ses habitants.
Traduction Amis de Sabeel France
Pour diffusion on peut télécharger ici ce texte.
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Et voici la première partie de la lettre du pape en date du 7 octobre 2024 :
LETTRE DU PAPE FRANÇOIS
AUX CATHOLIQUES DU MOYEN-ORIENT
Chers frères et sœurs,
je pense à vous et je prie pour vous. Je souhaite vous rejoindre en ce triste jour. Il y a un an, la mèche de la haine a été allumée ; elle ne s’est pas éteinte, mais s’est embrasée dans une spirale de violence, dans l’incapacité honteuse de la communauté internationale et des pays les plus puissants à faire taire les armes et à mettre fin à la tragédie de la guerre. Le sang coule, les larmes aussi, la colère augmente, tout comme le désir de vengeance, alors qu’il semble que peu se soucient de ce qui est le plus nécessaire et de ce que les gens veulent : le dialogue, la paix. Je ne me lasse pas de répéter que la guerre est une défaite, que les armes ne construisent pas l’avenir mais le détruisent, que la violence n’apporte jamais la paix. L’histoire le démontre et pourtant, des années et des années de conflits semblent ne nous avoir rien enseigné.
Et vous, frères et sœurs dans le Christ qui habitez les Lieux dont les Écritures parlent le plus, vous êtes un petit troupeau sans défense, assoiffé de paix. Merci d’être ce que vous êtes, merci de vouloir rester sur vos terres, merci de savoir prier et aimer malgré tout. Vous êtes une graine aimée de Dieu. Et de même qu’une graine, apparemment étouffée par la terre qui la recouvre, sait toujours trouver son chemin vers le haut, vers la lumière, pour porter du fruit et donner la vie, de même vous ne vous laissez pas engloutir par les ténèbres qui vous entourent mais, plantés sur vos terres sacrées, vous devenez des germes d’espérance, parce que la lumière de la foi vous conduit à témoigner de l’amour alors que l’on parle de haine, de la rencontre alors que les affrontements se multiplient, de l’unité alors que tout tourne à la confrontation.
C’est avec un cœur de père que je me tourne vers vous, peuple saint de Dieu ; vers vous, enfants de vos anciennes Églises, aujourd’hui “martyrs” ; vers vous, semences de paix dans l’hiver de la guerre ; vers vous qui croyez en Jésus “doux et humble de cœur” (Mt 11, 29) et qui devenez en Lui les témoins de la force d’une paix non armée.
Aujourd’hui, les gens ne savent pas trouver la paix, et nous, chrétiens, nous ne devons pas nous lasser de la demander à Dieu. C’est pourquoi j’ai invité chacun à vivre une journée de prière et de jeûne. La prière et le jeûne sont les armes de l’amour qui changent l’histoire, les armes qui terrassent notre seul véritable ennemi : l’esprit du mal qui fomente la guerre, parce que “depuis le commencement, il a été meurtrier”, “menteur et père du mensonge” (Jn 8, 44). Je vous en prie, consacrons du temps à la prière et redécouvrons la puissance salvifique du jeûne !
Voir le texte complet de cette lettre sur le site officiel du Vatican.