Chrétiens de la Méditerranée, solidarité avec l’Ukraine.

“Chrétiens de la Méditerranée” est particulièrement touché par la guerre qui se déploie en Ukraine et entend exprimer sympathie et engagement de solidarité envers les nombreuses victimes de ce conflit, les Ukrainiens en tout premier lieu. Mais aussi envers les Russes, qui ne sont pas nécessairement derrière leur gouvernement, aussi bien ceux qui prennent part aux combats que les opposants à la guerre, s’exposant à de lourdes peines de prison en tentant de s’exprimer. Les divers peuples proches de la Méditerranée sont affectées par les difficultés liées à l’accueil des réfugiés, à la dégradation des approvisionnements, aux pénuries qui menacent en carburants et en nourriture. Le dommage le plus grand est sans doute  le climat de haine qui est induit par les propagandes et la méfiance générale qui s’établit face aux mensonges qu’elles véhiculent. Il n’est que plus impératif de faire preuve de solidarité et de répondre aux appels, dont celui que nous avons déjà relayé de l’Œuvre d’Orient avec laquelle nous sommes partenaires.

Parmi les nombreuses déclarations liées à la situation, nous reprenons celle de Mgr Jean-Marc Aveline, membre fondateur de notre association. Entretien sur Radio Vatican réalisé par Delphine Allaire et diffusé par Vatican News.

-o-

Mgr Aveline, la Méditerranée a une responsabilité synodale

C’est dans la cité médiévale de Dante, berceau de la Renaissance italienne, qu’a soufflé durant quatre jours (24 au 27 février 2022) un vent méditerranéen de paix venu des quatre rives de Mare nostrum. Entretien sur la rencontre inédite entre maires et évêques de la Méditerranée qu’a abritée Florence avec Mgr Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille, cité maritime et méditerranéenne historique.

Delphine Allaire – Florence, Toscane, Italie

S’inspirant du pionnier de la diplomatie méditerranéenne, l’ancien maire de Florence durant les années 1950, Giorgio La Pira, les soixante évêques catholiques et soixante maires du pourtour méditerranéen ont signé “la Charte de Florence” sur le modèle des chartes manuscrites médiévales.

Ensemble, ils ont reconnu plusieurs points non exhaustifs, dont la protection d’un patrimoine commun, culturel, linguistique et religieux, comme sources de dialogue et d’unité; l’importance d’un engagement éducatif créant des programmes universitaires communs, la diplomatie des villes, le droit universel à la santé et protection sociale dans toute la région ou encore la dignité des politiques migratoires.

Entretien avec l’archevêque d’une des cités-écrins de la Méditerranée, la nouvelle Phocée, fidèle alliée de Rome durant l’Antiquité, Marseille. Mgr Jean-Marc Aveline, archevêque depuis août 2019, né en Algérie, diplômé entre autres en grec et hébreu bibliques, est l’un des “théoriciens»” de la “théologie de la Méditerranée”.

Entretien avec Mgr Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille

Que représente pour vous cette rencontre de Florence entre maires et évêques de Mare nostrum?

Dans le contexte actuel de la crise ukrainienne et de la guerre en Europe, cette rencontre de Florence revêt une dimension prophétique. La mer Noire et la mer d’Azov font partie du bassin méditerranéen, qui finit à Gibraltar; nous en prenons conscience avec ces événements. Cette réunion signifie aussi que malgré toutes les difficultés, incompréhensions et réticences existantes, nous aspirons à travailler ensemble et avons commencé à le faire.

Par rapport à notre conversation d’avril 2021, le synode sur la Méditerranée n’est plus un horizon. Il est une réalité qu’il faut consolider grâce à de petites structures de communion et coopération en Méditerranée. Le choix d’avoir invité les maires montre aussi que nous pourrons avancer par les villes, par leurs âmes et identités fortes.

–Qu’apporte cette présence des maires et quelle place pour ce tandem particulier “maire et évêque” dans la société?

Cela m’évoque qu’à la fois le maire et l’évêque sont dépassés par l’identité de leur ville. À Marseille, je suis frappé de voir combien le mythe fondateur de la ville qui remonte à 2 600 ans est toujours vivant. La cité a été fondée par le mariage d’une fille de la tribu locale avec un marin venu de Grèce, de Phocée. 2 600 ans plus tard, Marseille a conservé l’appellation de “cité phocéenne”.

Cela montre que quelque chose de plus grand que nous existe, donc les responsables politiques ou religieux, mais aussi culturels, sont au service dans une ville “de ce quelque chose” qui les dépasse. Ils doivent comprendre l’âme de cette ville, sa vocation, afin d’être à son service en lui évitant de s’écarter du meilleur d’elle-même. C’est notre tâche. Nous l’avons commencée ce samedi avec les maires et les pasteurs.

“Le maire et l’évêque doivent comprendre l’âme de leur ville, sa vocation, afin d’être à son service, lui évitant de s’écarter du meilleur d’elle-même.”

–Quelle est l’âme de Marseille en Méditerranée?

Elle est l’une des dernières villes cosmopolites du pourtour méditerranéen. Vraiment cosmopolite. Il y a [de] forte[s] communauté[s] juive, musulmane, bouddhiste, arménienne, comorienne. Elle représente un laboratoire. On la dépeignait comme porte de l’Orient, elle est aussi porte de l’Occident. Je pense qu’elle a beaucoup d’initiatives à prendre. En cela, je suis heureux que le maire de Marseille ait été présent à cette rencontre. Nous travaillons beaucoup ensemble, de même qu’avec les autres collectivités territoriales, la Région et le Département.

L’Église est un partenaire. Elle a peu de moyens mais elle a une contribution à apporter, par cette dimension de spiritualité profonde en lien avec les autres responsables des communautés religieuses. Marseille peut donner cet exemple-là. La situation géographique et historique nous pousse à assumer cette responsabilité.

–Que va devenir ce processus lancé autour de la Méditerranée? D’autres rencontres se répèteront-elles à l’avenir?

Avec les évêques oui. Nous nous sommes dit qu’elles pourraient avoir lieu tous les deux ans. Cela permet de nous rencontrer, de mieux nous connaître, mieux nous comprendre au fur et à mesure. C’est nécessaire mais il ne faut pas faire que cela. Nous avons aussi besoin de petites structures de coopération afin de tout concrétiser: telle ville avec telle autre, une région avec une autre.

Nous allons aussi intégrer les jeunes, maintenant dans cette démarche. Nous allons leur proposer de travailler avec nous, car ils ont l’élan de la vie, ils tissent facilement des relations. Nous, parfois sommes trop préoccupés par la survie de nos institutions.

–Comment votre idée de convoquer un synode sur la Méditerranée a-t-elle fait son chemin?

J’ai été très heureux que le cardinal Gualtiero Bassetti l’ai citée en ouvrant les travaux de Florence, mais seul le Pape décide de la tenue d’un synode. Toutefois, il ne peut pas décider si nous ne montrons pas l’intérêt de la chose ou notre capacité à travailler ensemble. C’est tout l’enjeu. Si nous créons ces petites structures de coopération, de communion, la dimension synodale se réalise déjà et un synode lui permettra peut-être un jour de délivrer aussi un message pour le Monde. Telle est la responsabilité synodale de la Méditerranée.

Je mesure à quel point nous sommes liés à nos peuples. C’est beau ainsi et c’est pourquoi nous n’accepterons pas n’importe quoi. Nous serons vigilants à qui se consacrera aux migrants, qui à l’islam. Chacun a des préoccupations, qui ne sont pas idéologiques, mais celles de son peuple qu’il veut porter à la connaissance des autres pour pouvoir avancer.

“Si nous créons ces petites structures de coopération et de communion, la dimension synodale de la Méditerranée se réalise déjà”.

Delphine Allaire pour Vatican News

Voir l’article précédent de Delphine Allaire sur la rencontre de Florence, À Florence, les douze travaux des maires et des évêques pour la Méditerranée, 26 février 2022, sur Vatican News, repris par le blog méditerranéen français Garrigues et sentiers.

-o-

Nous renvoyons aux Communiqués de presse

–Du Conseil d’Eglises Chrétiennes en France, signé par le président de la Conférence des évêques catholiques de France, le président de la Fédération protestante de France et le président de l’Assemblée des évêques orthodoxes de France.

–De la Fédération protestante de France,  avec un appel aux dons lancé par  le dispositif Solidarité protestante.

–De l’Œuvre d’Orient, avec des précisions sur les chrétiens d’Ukraine (99% de la population) et un appel au jumelage de communes de France avec des communes d’Ukraine.

-o-

Christophe Roucou, de Rabat où il exerce maintenant après avoir enseigné à l’Institut Catholique de la Méditerranée, nous transmet une analyse de Bernard Valero, ambassadeur de France. Administrateur de l’Institut catholique de la Méditerranée, il développe des remarques éclairantes à propos des répercussions de la guerre en Ukraine sur les pays de la Méditerranée, dans le média de Marseille Destimed.

Nous rappelons l’importante soirée de solidarité avec l’Ukraine au Collège des Bernardins à Paris le samedi 12 mars 2022.

Et nous terminons sur une prière reçue de Jérusalem par les Amis de Sabeel France, notre partenaire, où la situation de l’Ukraine est mise en miroir avec celle de la Palestine occupée.

Seigneur, les fortes et virulentes dénonciations réitérées par les démocraties occidentales à propos de la violation du droit international par la Russie trouvent un écho particulier dans la population palestinienne.

En effet, on entend seulement de timides chuchotements en Occident quand de semblables violations se produisent ici dans notre région, sans dire que des sanctions même bien plus légères ne sont jamais évoquées.

Seigneur, nous prions pour la justice envers le peuple palestinien ainsi que pour tous les peuples partout dans le monde.

Seigneur, dans ta miséricorde, entends notre prière.

Image Collège des Bernardins

Retour à l’accueil