Titre

Quelques mots avant l’Apocalypse

Sous titre

Lire l’Évangile en temps de crise

Auteur

Adrien Candiard

Type

livre

Editeur

Paris : Ed. du Cerf, 2022

Nombre de pages

119 p.

Prix

12€

Date de publication

9 avril 2023

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Quelques mots avant l’Apocalypse : lire l’Évangile en temps de crise

Une fois encore, le dominicain Adrien Candiard nous offre un petit livre stimulant1, dans lequel il propose une relecture de quelques pages de l’Évangile en lien avec l’actualité du monde. Apocalypse, temps de crises : les mots ne sont pas excessifs pour qualifier la période dans laquelle est entrée le monde. Nul ne peut ignorer désormais le défi écologique auquel est affrontée notre planète ; les années Covid ont fortement entamé notre confiance dans la science ; le retour de la guerre en Europe est un rude réveil après l’apparent apaisement qui avait succédé à la fin de la guerre froide. Que peut nous dire l’Évangile en ces temps de crise ? “Tout le paradoxe de la Bonne Nouvelle, c’est qu’il nous fait peut-être accepter de parler un peu de la fin du monde pour retrouver, dans ce monde même, un soupçon d’espérance”, écrit l’auteur d’entrée de jeu.

En quatre petits chapitres alertes, Adrien Candiard nous replonge dans quelques pages de l’Écriture qui, sous sa plume, retrouvent une rafraîchissante actualité. La Bible compte, en effet, nombre d’écrits du genre apocalyptique, du Livre de Daniel2 à l’Apocalypse de saint Jean3, en passant par diverses pages du Nouveau Testament, en particulier saint Marc4 qui alerte ses lecteurs sur l’imminence et le caractère dramatique de la fin des temps. La catastrophe finale hante l’humanité depuis toujours sous divers modes et nul ne sait quand cela se produira. Le défi est moins de le savoir ou de s’en préserver – précaution vaine –, que d’en comprendre le sens, car “la fin est déjà là comme principe qui agit au cœur de notre histoire (…) La fin est présente tout au long de l’histoire comme le but vers lequel elle tend”. Le discours de Jésus est une invitation à rechercher le sens de notre histoire, car paradoxalement quand il annonce l’imminence de la fin des temps, c’est pour nous dire : “Réjouissez-vous car votre délivrance est proche”.

Jésus est d’abord venu annoncer aux hommes qu’ils sont aimés de Dieu, mais accueillir cet amour met en crise nos habitudes et les valeurs qui dominent le monde. La venue de Jésus vient ainsi dévoiler ce qui est dans le cœur de l’homme, le meilleur comme le pire. “L’Amour n’est pas aimé. L’Amour en ce monde est toujours crucifié”, disait François d’Assise. Cette puissance du mal est signifiée par l’épisode spectaculaire raconté par l’Évangile de Marc, au chapitre 5 : les démons dont Jésus libère le possédé sont si puissants qu’ils refusent de simplement disparaître mais entrent dans un troupeau de porcs qui se précipitent de la falaise. Image saisissante pour souligner que le péché dont nous nous accommodons assez bien mène en réalité à la mort, péché individuel, bien sûr, mais aussi ces “obstacles structurels souvent presque insurmontables qui empêchent non seulement d’accomplir le bien, mais encore bien souvent de le distinguer”, ce que le magistère appelle “structures de péché”5. Le combat violent du possédé avec ses démons est l’image de nos combats avec les forces de mort qui semblent dominer le monde et résistent au message d’amour et de pardon que vient transmettre Jésus.

Curieusement, l’insistance de Jésus sur l’imminence et le caractère dramatique de la fin des temps se conclut par : “Ne vous alarmez pas” (Mt 24,6). Alors que la barque est secouée par la tempête, Jésus dort puis reproche à ses disciples leur manque de foi6. Car il n’annonce rien de moins qu’un monde renouvelé et l’imminence du Royaume de Dieu, si, du moins, nous savons accueillir cette Bonne Nouvelle du Royaume et la laissons renouveler nos cœurs. À l’image de la veuve du Temple qui “donne de son indigence” (Mc 12, 41-44), c’est en voyant dans les drames présents une chance de conversion que nous pourrons dire sans peur : “Viens, Seigneur Jésus” (Ap 22, 20).

En ces temps d’inquiétude et de morosité, ce livre peut nous aider à réveiller en nous la joyeuse espérance du Royaume et à faire les choix de vie qui y préparent.

Fr. Jean Jacques Pérennès, op
École biblique et archéologique française de Jérusalem

 

Notes de la rédaction

1 Adrien Candiard est l’auteur, notamment de : Du fanatisme : quand la religion est malade.- Cerf, 2020 ; Comprendre l’islam : ou plutôt, pourquoi on n’y comprend rien.- Flammarion, 2016.-(Champs. Actuel) ;Veilleur, où en est la nuit ? : petit traité d’espérance à l’usage des contemporains.- Cerf, 2016.-(Spiritualité). Prix 2017 des libraires religieux ; En finir avec la tolérance ? : différences religieuses et rêve andalou.- PUF, 2014 ; Pierre et Mohamed, 2014, spectacle en hommage à Pierre Claverie, évêque d’Oran, et Mohamed Bouchikhi, jeune Algérien, qui furent assassinés ensemble le 1er août 1996.

3 L’Apocalypse / saint Jean

4 Évangile / saint Marc

6 Cf. Evangiles selon Matthieu 8, 23-27 ; Marc 4, 35-41 ; Luc 8, 22-25

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