Titre

Le lion d’Alexandrie.

Sous titre

Le voyage inouï où Marc inventa l’Évangile : roman

Auteur

Jean-Philippe Fabre

Type

livre

Editeur

Paris : les Éditions du Cerf, 2022

Nombre de pages

404 p.

Prix

22 €

Date de publication

28 novembre 2022

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Le lion d’Alexandrie.

Cet ouvrage est un roman. Le héros, qui écrit à la première personne, est l’évangéliste Marc, que l’auteur – à la suite d’autres exégètes – identifie avec le jeune homme vêtu d’un drap qui s’enfuit nu au moment de l’arrestation de Jésus (Marc 14,51-52). Cette lâcheté constitue pour lui une blessure qui le poursuivra tout au long de son existence et qui se rouvrira à chacun de ses échecs.

La vie de Marc, un jeune habitant de Jérusalem dont le nom sémitique est Jean, est en partie connue par les Actes des Apôtres où il est nommé pour la première fois en Actes 12,12. On le retrouve plusieurs fois ensuite dans le récit des Actes, et il est également nommé dans les écrits pauliniens, ainsi que dans la 1ère épître de Pierre qui l’appelle “mon fils” (1 Pierre 5,13). L’auteur du livre ne manque donc pas d’indices pour construire son roman. Marc disparaît cependant des Actes des Apôtres lorsque Paul refuse de l’emmener avec lui pour sa deuxième mission en Asie Mineure (Actes 15,37-40). Marc s’embarque alors avec Barnabas en direction de Chypre. A partir de là, le romancier doit tout inventer ou presque.

La tradition sur les liens de Marc avec Alexandrie fait qu’il y part alors que Barnabas reste à Chypre. Là, il découvre comment raconter la vie de Jésus peut convaincre, surtout dans les milieux populaires qu’il fréquente. Son désir d’écrire une vie de Jésus mûrit. Mais il doit quitter la métropole égyptienne en raison de calomnies sur sa fréquentation des prostituées.

Revenu au nord de la Méditerranée, il retrouve Paul à Troas, assiste Timothée à Ephèse, puis arrive à Rome où Paul se trouve déjà. L’Apôtre des Nations finit par partir pour l’Espagne – il exprime ce projet dans l’épître aux Romains (15,24) –, Pierre arrive à Rome à son tour, et c’est en travaillant avec Pierre et Sylvain que Marc finit par rédiger son évangile, avant même la mort de Pierre. Le Prince des Apôtres sera crucifié avec quelques compagnons après l’incendie de Rome (juillet 64), et Marc repartira pour Alexandrie, passant “sur l’autre rive”.

D’après le roman, Marc est aussi un bon dessinateur. Ayant presque toujours sur lui des tessons de poterie et un morceau de charbon, il aime reproduire les sites qu’il fréquente ; ses dessins ponctuent le récit.

L’auteur1 du roman est très cultivé, bien informé des travaux exégétiques, et il n’hésite pas à utiliser les textes apocryphes dans la dernière partie de son récit. A travers son ouvrage, le lecteur est plongé avec bonheur dans le monde méditerranéen du Ier siècle. De nombreuses remarques érudites sur la culture et l’histoire ambiantes sont faites au fil du texte, ce qui conduit à une invraisemblance. Comme Marc parle à la première personne tout au long du récit, il paraît lui-même très érudit, alors que l’auteur du deuxième évangile ne l’était guère ; son grec est souvent approximatif et son style est plutôt populaire.

Un autre inconvénient est que le lecteur se perd souvent dans les noms propres. L’auteur en invente : la fille de Jaïre, par exemple, s’appelle Taliah ; Marc l’épouse, mais elle meurt avant que le mariage ne soit consommé ! Certains noms propres sont donnés tantôt sous leur forme sémitique tantôt sous leur forme francisée. On aurait aimé que, dans le dossier savant qui constitue les dernières pages de l’ouvrage, figure un index des noms des personnages réels ou fictifs qui apparaissent dans le livre. Mieux vaut s’y plonger crayon en main, pour se repérer dans ce roman historique très instructif.

Michel Quesnel2

Notes de la rédaction

1 Prêtre, bibliste, professeur d’Écriture sainte au collège des Bernardins, Jean-Philippe Fabre est l’une des grandes voix bibliques françaises sur les réseaux sociaux. [source éditeur]

2 Prêtre de l’Oratoire, licencié en Ecriture sainte, élève titulaire de l’Ecole Biblique et Archéologique Française de Jérusalem (EBAF), docteur en théologie, Michel Quesnel a été professeur à l’Institut catholique de Paris (ICP), puis recteur de l’université catholique de Lyon (UCLy) de 2003 à 2011. Parmi ses nombreux ouvrages : Jésus, l’homme et le Fils de Dieu .-Flammarion, 2004, rééd. coll. Champs/Essais, 2008 ; La première Epître aux Corinthiens.- Cerf, 2018. Lire aussi sa recension, pour notre site, de :

Une Bible peut en cacher une autre : le conflit des récits /Thomas Römer, Frédéric Boyer.- Montrouge : Bayard, 2021

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