Titre

La porte du soleil

Sous titre

Roman

Auteur

Elias Khoury ; trad. de l'arabe, Liban, par Rania Samara

Type

livre

Editeur

Arles : Actes Sud, 2002

Collection

Babel ; 586

Nombre de pages

699 p.

Prix

12€

Date de publication

6 juillet 2022

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La porte du soleil/ Elias Khoury.

“La Porte du soleil” est un roman dense, foisonnant. Il suscite à la fois larmes et pleurs autant que sourires parfois.

Le narrateur est un médecin-infirmier, le docteur Khalil, ou le prétend-t-il… Il veille sur son ami, hospitalisé à l’hôpital Galilée. Ami parfois appelé Abou Salem ou Abou Ibrahim, et parfois “l’Homme” et encore Ezzedine…

Cet ami est dans le coma et le narrateur va s’efforcer de le ramener à la vie en lui racontant des histoires. Histoires qui se croisent entre le passé, le présent, entre le temps hors de l’hôpital et celui de l’hôpital dans lequel vivent les deux héros.

Récits de vie réels, parfois magnifiés, mais toujours en lien avec les événements qui ont marqué l’histoire du Liban et celle de la Palestine, depuis les années de l’exode, la Nakba palestinienne en 19481, puis la guerre de 1975, les massacres de 1982. Histoires des camps de réfugiés palestiniens, notamment celui de Chatila2, de Beyrouth, des mouvements politiques tant libanais que palestiniens. Ces récits sont émaillés de l’histoire personnelle des deux héros, leur participation à la guerre, leur engagement politique, leurs amours…

Commençons par le commencement. Indication première du narrateur qui rappelle au héros hospitalisé ses propres paroles : “Au commencement, il était ou il n’était pas… “, traduction littérale du “Il était une fois” arabe.

Ce qui est une démonstration magnifique de traitement par la parole ! C’est presque le principe de la cure analytique, sauf que c’est le narrateur qui parle et non pas le patient hospitalisé… mais le conteur ici se soigne sans doute lui-même tout en voulant à tout prix sortir son ami du coma et le faire revivre.

Lors de la lecture de ce roman, si nous pensons être dans un conte, il s’agit, en réalité, d’une tragédie. Tragédie qu’ont partagée le peuple libanais et le peuple palestinien.

Une multitude de noms de villages détruits, de héros réels du combat palestinien et libanais. Des personnages de la lutte d’indépendance de la Palestine.

Ce n’est pas un livre que l’on peut abandonner quelques jours puis reprendre. Il est de ces livres que l’on doit lire d’une seule traite, tant sont importants les événements relatés, les personnages décrits et si l’on veut ne pas perdre le fil, nous ne devons pas abandonner la lecture.

La poésie y est présente, elle est dans l’écriture d’Elias Khoury3. Elle irrigue tout le récit.

“J’ai compris ce qu’Imru’l-Qays, mon ancêtre, le tien et celui de tous les arabes, avait dit. (…) la poésie, mon fils, ce sont les mots avec lesquels nous guérissons notre appréhension, notre chagrin et nos aspirations”.

Ce livre n’est pas un livre qui nous tombe des mains, bien au contraire c’est un livre qui se garde comme un trésor dans nos mains mouillées de larmes de ce récit tragique.

Marilyn Pacouret
Présidente de CDM

Notes de la rédaction

1 La Nakba (“catastrophe” en arabe). Cf. La mémoire de la Nakba en Israël : le regard de la société israélienne sur la tragédie palestinienne / Thomas Vescovi.- Paris : L’Harmattan, 2015.- (Comprendre le Moyen-Orient). A propos de la Nakba, lire aussi l’article de L’Orient le Jour.

2 Cf. Massacre de Sabra et Chatila, en septembre 1982

3 Pour en savoir plus sur Elias Khoury, né en 1948, en pleine Nakba, dans une famille chrétienne du Liban : lire l’article de Robert Solé dans Le Monde du 13/09/2007

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