Titre
Israël, le Hamas et la question de PalestineSous titre
La guerre de Gaza, un choc majeur qui change la donne : comment penser l'après et construire une solution politique ?Auteur
Jacques FathType
livreEditeur
Vulaines-sur-Seine : Éditions du Croquant, 2024Nombre de pages
180 pagesPrix
15 €Date de publication
9 juillet 2024Israël, le Hamas et la question de Palestine : la guerre de Gaza, un choc majeur qui change la donne ; comment penser l’après et construire une solution politique ?
L’actualité de cette année 2024 rend indispensables des analyses précises et engagées sur des mouvements aussi graves que l’attaque du Hamas, le 7 octobre 2023 et la politique de destruction massive menée par Israël dans la bande de Gaza depuis lors.
L’auteur1 commence par définir le contour idéologique des protagonistes et le contexte de cette guerre. Il décrit l’attaque du 7 octobre comme une escalade volontaire du conflit avec Israël pour provoquer un changement radical de situation. Le Hamas est désormais un interlocuteur politique inévitable, contraignant Israël à négocier. Il a atteint tous ses objectifs alors qu’il a gardé longtemps des dizaines d’otages. Il met fin aux Accords d’Abraham qui avaient été l’occasion de traités entre Tel Aviv et différentes capitales arabes2.
Netanyahou, en revanche, s’est mis dans une impasse, car sa stratégie de guerre ne fait que renforcer le Hamas, dont la menace demande un régime de sécurité de plus en plus strict et un usage disproportionné de la force armée israélienne. Cela traduit un choix stratégique qui cherche à effacer la question palestinienne de la région. La répression massive en Cisjordanie confirme cette volonté d’élimination d’une population qui fait d’Israël un pays sur la route de l’apartheid.
La violence de toutes ces actions a valu des mandats d’arrêt de la Cour internationale de justice pour Netanyahou et son ministre de la Défense, mais aussi pour les trois plus hauts responsables du Hamas3. Les faits sont si graves que l’auteur étudie longuement la suspicion légitime de génocide, correspondant bien à la volonté d’élimination d’un peuple. Les rapporteurs spéciaux de l’ONU ont en effet alerté sur le risque de génocide.
La qualification des actes est un élément important de la réflexion et de l’action. Ce livre y dédie un chapitre en s’attachant particulièrement au mot terrorisme, mot valise qui couvre beaucoup d’actions de certaines personnalités à un moment de leur vie sans que la totalité de leurs actes puissent être déterminés par la terreur. On pourrait le classer dans la catégorie “concept de transition”, avant de pouvoir utiliser des idées plus précises entre attentat et crime de guerre ou crime contre l’humanité.
Même débat compliqué sur le concept de responsabilité, qui est à la fois politique, morale, économique, sociale. Ainsi, dans l’attaque du 7 octobre, pourquoi en est-on arrivé là ? La Nakba de 19484, avec le nettoyage ethnique de 700 000 Palestiniens, puis trente ans de négation des droits de ces mêmes Palestiniens ont joué un rôle majeur, même si le Hamas est bien directement responsable de cette montée aux extrêmes de la violence. Certains iraient même jusqu’à dire que c’est le Hamas qui est responsable du génocide de la bande de Gaza.
Au-delà de tous ces débats sur le passé et le présent, il faut penser l’après, à partir de l’histoire locale et de ces événements récents. Les négociations sont en cours, d’une part pour décider les détails d’une trêve, mais surtout pour établir un nouvel ordre au Proche-Orient. Après tant de violences, et dans un contexte politique bloqué du côté d’Israël, on mesure la complexité d’une telle entreprise. Est-ce que le retour à une Autorité Palestinienne réactualisée et transformée serait possible ? Mais il faudrait que les partenaires actuels admettent que ni le Hamas, ni Israël ne peuvent être engagés dans un gouvernement futur des Palestiniens.
Dans sa conclusion, l’auteur relie Israël et l’Afrique du sud, pays qui a saisi la Cour Internationale de Justice pour viol de la Convention sur le crime de génocide. Sorti de l’Apartheid, le pays de Mandela est le mieux situé pour examiner le système de mépris du droit, mis en place par Israël, qui a nourri pendant des décennies les violences actuelles. Comment soutenir encore un État dirigé par des personnalités d’extrême droite ? Une réflexion fondamentale s’impose pour faire renaître une société internationale fondée sur des relations humaines et pacifiques.
Signalons brièvement l’intérêt capital de l’annexe 1, “Le plan décisif d’Israël”, écrit par Bezalel Smotrich, le très influent ministre des Finances, originaire de l’extrême droite.
Pierre de Charentenay
Notes de la rédaction
1 Jacques Fath est diplômé de Sciences Po Grenoble, licencié en sociologie. – Responsable des relations internationales du PCF de 2006 à 2013, Jacques Fath est un spécialiste des relations internationales, des enjeux de la sécurité et de la conflictualité mondiales. Son approche alternative est résolument critique des politiques et des courants de pensée aujourd’hui dominants. Il est l’auteur de : Penser l’après. (cf. BNF, catalogue general) et le site de l’éditeur.
2 Accords d’Abraham : quel bilan, 3 ans après ? cf. L’Orient le jour / Par Lucile Wassermann, Jad Aboujaoude, 15/09/2023. Sur les “accords d’Abraham”, lire l’entretien accordé à France 24, par le négociateur palestinien, Ghaith al-Omari, publié le 05/04/2023.
3 Cf. Pascal Boniface : « Avec les mandats d’arrêt de la CPI, il n’y a plus d’impunité pour les Occidentaux », La Croix , 31/05/2024
4 La mémoire de la Nakba en Israël : le regard de la société israélienne sur la tragédie palestinienne /Thomas Vescovi .- L’Harmattan, 2015.- (Comprendre le Moyen-Orient)