Titre

Introduction à l'histoire des origines du christianisme

Auteur

Simon Claude Mimouni

Type

livre

Editeur

Montrouge : Bayard, 16/01/2019

Nombre de pages

776 p.

Prix

34,90€

Date de publication

30 juin 2019

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Introduction à l’histoire des origines du christianisme

Selon ce qui est annoncé dans le titre, Simon Claude Mimouni nous présente un travail d’historien du christianisme[1] et livre une introduction sous forme de manuel dont le titre pourrait être : L’histoire du christianisme en 42 leçons[2]. Le lecteur bénéficie ainsi d’un large tour d’horizon et découvre qu’aux origines du christianisme un énorme bouillonnement culturel a produit une multiplicité de discours théologiques d’où ont émergé  les  formulations de foi retenues par les successeurs des Apôtres[3].

Il n’est plus besoin de présenter S. C. Mimouni, ce directeur d’études émérite à la Section des sciences religieuses de l’École pratique des Hautes études, titulaire de la chaire Origines du christianisme. Rappelons seulement combien ses travaux ont restitué l’épaisseur des contextes sociaux. Sont proposées, séquence après séquence, une lecture critique des sources documentaires, une exploitation systématique de la bibliographie disponible jusqu’aux années dernières, une restitution des enjeux perçus par les communautés croyantes établies du Proche- Orient aux rives de la Méditerranée occidentale, tout à la fois voisines et différentes. L’auteur livre des clefs indispensables pour aborder le cadre historique, les sources, les questions débattues, les concepts forgés du premier au cinquième siècles autour de la Méditerranée et au-delà.

Cet ouvrage qui est un manuel ne saurait être lu comme un essai. En revanche, il permet au lecteur des « Écritures saintes » ou au fidèle participant aux célébrations liturgiques de sa communauté de prendre de la distance par rapport au texte qu’il lit ou qu’il entend. L’historien du christianisme ne saurait,  à ce titre, intervenir en théologien, même s’il lui revient de connaitre l’œuvre des théologiens et les pratiques des croyants.

L’intention de l’auteur est précisément évoquée  dans son avant-propos : « Éviter de faire du christianisme des origines un isolat alors qu’il est issu du monde judéen et s’est diffusé principalement dans le monde gréco-romain. »

Dans la masse des sujets débattus, retenons-en quatre : ils introduisent une réflexion ou une discussion  sur la base des résumés présentés dans l’ouvrage : la fermeture du canon des Écritures[4] (p.288) ; les liens très étroits des orthodoxies et des hétérodoxies (p.309) ; les récits officiels des persécutions dans l’empire romain face aux faits historiquement établis (p.539) ; le docétisme[5] comme désir de rendre compte d’une pensée théologique difficile à formuler (p.419).

Pour finir, un débat reste complètement ouvert dans lequel Simon Claude Mimouni conserve une grande prudence ou une extrême délicatesse. Dans le cadre de « l’introduction méthodologique en christianologie ancienne » (p.111-124), l’auteur développe  le principe qui s’est imposé à lui en tant qu’historien du christianisme : « Il va de soi que l’historien se doit d’observer une certaine réserve, ses propos ne doivent en aucun cas heurter la foi – c’est là un principe de base. » Ou encore : « l’histoire ne veut pas introduire le facteur divin dans la compréhension de l’histoire, facteur qui dépend bien sûr de la foi. »

Il n’en demeure pas moins que, pour le croyant d’aujourd’hui, il est utile et nécessaire de laisser interroger voire décaper sa foi par les apports (sans cesse actualisés) de la science historique. Autrement dit le discours de foi, sans perdre de vue la recherche du sens et la pratique croyante, doit faire la part des choses entre le mythe (au sens de muthos)[6] et le vécu de nos sociétés. Aussi, proclamer le Symbole de Nicée-Constantinople[7] est plus que jamais aujourd’hui un rite liturgique audacieux.

Marc Ameil

 

Notes de la rédaction

 

[1] Cf. aussi son livre : Le judaïsme ancien et les origines du christianisme.- Bayard, 2017 : cliquer ICI

[2] Comme le souligne Benoît de Sagazan dans Le Monde de la Bible, n°228 (mars-mai 2019), p. 141.

[3] En se situant dans la succession apostolique, les évêques veillent, dès les débuts du christianisme, à la Tradition chrétienne authentique et se chargent eux-mêmes de défendre l’orthodoxie. […] Beaucoup de conflits doctrinaux et disciplinaires sont réglés par des synodes régionaux ou même œcuméniques comme à Nicée. cf. Nouveau dictionnaire de théologie / sous la dir. de Peter Eicher.- Cerf, 1996, article Magistère III. Développements historiques.

[4] On appelle Canon des Écritures l’ensemble des livres saints écrits sous l’inspiration de l’Esprit Saint et reconnus par l’Église. Pour en savoir plus, cliquer sur : L’inspiration et le canon des Écritures.

[5] Du grec « dokein » (apparaître, sembler). Le docétisme est une interprétation diffusée par des chrétiens du IIe siècle, selon laquelle le Christ ne s’est incarné qu’en apparence : son corps est une apparence, sa Passion et sa mort ne sont pas réels.

[6] Mythe (µũθος) : « parole de fiction fondée sur l’imaginaire » : cf. Nouveau dictionnaire de théologie / sous la dir. de Peter Eicher.- Cerf, 1996, article Mythe I. 2. Étymologie p. 602 et III. Mythe et Révélation p.605-607.

[7] Confession de foi commune à tous les chrétiens, le Symbole de Nicée-Constantinople promulgué en 381 (cliquer ICI) est proclamé à la messe après la lecture de l’Évangile (cliquer ICI).