Titre

Le judaïsme ancien et les origines du christianisme

Sous titre

Études épistémologiques et méthodologiques

Auteur

Simon Claude Mimouni

Type

livre

Editeur

Montrouge, Bayard, 18 octobre 2017

Nombre de pages

646

Prix

35 €

Date de publication

30 avril 2018

Le judaïsme ancien et les origines du christianisme

L’ouvrage, écrit par un universitaire, est néanmoins accessible à un large public dans la mesure où il réunit la matière d’articles publiés entre 1999 et 2017. Les articles peuvent être lus indépendamment les uns des autres et le lecteur n’a aucune raison de s’effrayer de l’épaisseur du volume. Il se trouve plutôt face à un conférencier. Souvent il se sent interpellé par un chercheur qui a quasiment achevé sa tâche sinon son parcours.

Simon Claude Mimouni, titulaire de la chaire « Origines du christianisme » à l’École pratique des hautes études (l’EPHE, section des sciences religieuses) est un spécialiste de renommée internationale de l’histoire de la formation du mouvement des disciples de Jésus. Il laisse l’impression d’avoir tout lu sur le sujet et, cependant, reste très proche de son lecteur, désireux de partager sa compréhension de l’histoire religieuse qui a marqué de manière indélébile le monde et la culture de la Méditerranée.

La place occupée par les théologiens dans la cité depuis que l’empire romain est devenu chrétien a façonné une vision quelque peu déformée de l’origine du christianisme. Un ou deux siècles de recherche nous ont apporté des informations qu’il est plus que temps d’assimiler : « Les spécialistes de l’histoire des origines du christianisme devraient méditer cette méthode « archéologique » d’investigation du passé du christianisme où les idées ne naissent jamais ex nihilo comme ils se le sont imaginé durant bien longtemps – conditionnés il est vrai par des paramètres d’ordre théologique. » (p. 167)

Aussi écrit-il concernant « Jésus de Nazareth » (titre de la deuxième partie de l’ouvrage) : « D’un point de vue historique, le christianisme ne dépend ni de fait ni de droit directement de Jésus de Nazareth : il passe par une représentation à visée théologique, qui est une interprétation de la figure de Jésus, de ce qu’il a dit et de ce qu’il a fait, des lieux et des temps où il a été entraîné,  des rencontres, des discussions, des conflits qui l’ont conduit à sa perte…» (p.321)

Il est logique dans le cadre de cette réflexion de se demander si elle n’aboutit pas à un nouveau conflit entre la science et la théologie. L’option de Simon Claude Mimouni est  d’affirmer qu’un espace de tolérance ou de liberté est largement ouvert.

Cette attitude est grande et généreuse mais interroge cependant. La question demeure ouverte et la réponse n’est ni évidente ni définitive : l’acte de foi se vit dans une attitude difficile à tenir, qui est un véritable grand écart[1]. Mais n’est-ce pas sa condition ?

La lecture de l’ouvrage est une bonne suggestion pour l’été qui approche, même s’il vaut mieux éviter d’en faire une lecture de plage !

Marc Ameil

 

[1] Note de la rédaction : Pour tenter de dire ce qu’est l’acte de foi, certains emploient aussi l’image du « saut ». En effet, « Pessah – nom de la fête juive de Pâques – est souvent traduit par « passage », mais la racine verbale de ce mot signifie « sauter », « faire un grand bond ». La libération du peuple hébreu ne va pas sans un saut dans l’inconnu, qui est à la fois consentement à l’exode et à la précarité, et acceptation de renoncer aux béquilles d’une foi infantile et aux servilités subtiles d’Égypte. » Michel Deneken (Lumière et Vie, n°253, janvier-mars 2002, p. 67-83), docteur en théologie et président de l’université de Strasbourg, depuis décembre 2016.