Recension

Titre

Je vous écris de la Terre Sainte

Auteur

David Neuhaus ; trad. de l’anglais par Elsa Boyer

Type

livre

Editeur

Montrouge : Bayard, 2017

Nombre de pages

495 p

Prix

29,90 €

Date de publication

9 septembre 2017

Je vous écris de la Terre Sainte

 

L’auteur, né en Afrique du Sud dans une famille juive, a été baptisé à l’âge de 15 ans. Il est devenu jésuite. Il vit actuellement à Jérusalem où il est curé de la paroisse hébraïque francophone. Très actif dans les dialogues judéo-chrétiens, il s’intéresse de près aux groupes « messianiques » qui reconnaissent Jésus comme Messie-Christ.[1]

Ce livre[2] regroupe 15 articles parus entre 2006 et 2015, en trois parties :

  • Un exposé sur la diversité des chrétiens en Terre Sainte (avec une analyse stimulante du voyage du pape François, en 2014)).
  • Une étude sur les relations juifs-chrétiens, avec, en particulier, un long article sur les manières différentes de se référer à l’Ancien Testament.
  • Cinq études bibliques, dont une qui examine le rôle des prêtres dans l’Ancien Testament.

Il ne faut pas se méprendre sur cet ouvrage dont le titre, très large, ne révèle pas le contenu exact. Bien entendu, il y est question de la situation politique et du conflit entre Juifs et Palestiniens. La situation est un fait qui s’impose. La requête de paix et de justice y est souvent affirmée. Mais l’objet propre du livre diffère. N’en retenons que les sujets abordés. Car l’ouvrage traite essentiellement de deux sujets.

D’abord, il expose concrètement les avancées et les difficultés du dialogue (quotidien pour l’auteur) entre chrétiens et juifs. Il décrit le passage d’une « culture du mépris » à une « attitude de confiance ». Car au-delà des plans sociologique ou politique, l’objet de ces pages invite à prendre une attitude spirituelle qui est prophétique dans sa manière de considérer l’autre. Donc à aller au-delà de la peur. Il s’agit de guérir les plaies laissées par des relations douloureuses.

Le second sujet, principalement traité en première partie, expose la diversité des chrétiens de Terre Sainte : par l’origine (arabe, juive, étrangère), par les diverses confessions chrétiennes (orthodoxe, catholique, protestante…), par la langue et les rites liturgiques… Sur cette terre, l’œcuménisme constitue une réalité nécessaire et quotidienne. Le temps des concurrences est terminé, surtout quand la présence chrétienne est minoritaire.

Pour revenir aux relations entre chrétiens et juifs, l’auteur rappelle que le judaïsme contemporain diffère largement de celui qu’a pu connaître Jésus. Ce fait ressort clairement des analyses bibliques de la fin de l’ouvrage.

Il y a beaucoup plus que de l’information. Même si elle tient une large place, elle s’efface devant une attitude spirituelle. Celle-ci comprend deux éléments : accueillir le choix que Dieu fit d’un peuple, notre aîné dans la foi ; et, sans prosélytisme désagréable, partager une espérance (celle de Paul en Rm 9-11) sur une fraternité désirée.

Ce livre est à recommander à tous ceux qui s’engagent dans le dialogue judéo-chrétien, comme à ceux qui sont intéressés par la situation en Terre Sainte[3].

Albert Rouet

[1] Après douze ans au sein du Vicariat Saint-Jacques, en charge des catholiques d’expression hébréophone en Israël, le Père David Neuhaus, 55 ans, a demandé à être relevé de ses fonctions : Le père David Neuhaus a démissionné (La Croix Urbi & Orbi, 29 08 2017)

[2] Dont quelques errata sont à signaler : p. 265, lire Conseil et non Concile ; p. 406, lire Zachée et non Zacharie ; p. 462, lire Cilicie et non Sicile.

[3] Pour le P. David Neuhaus, le Christ a transformé la notion de terre . Lire aussi son livre écrit avec Alain Marchadour.- La terre, la Bible et l’histoire.-Bayard, 2010 et sa recension sur notre site