Titre
Dieu, une passionAuteur
Alain DurandType
livreEditeur
Paris : Cerf, nov. 2019Nombre de pages
233 p.Prix
20 €Date de publication
25 décembre 2019Dieu, une passion
Il y a longtemps que n’était paru un livre de cette qualité sur un sujet où pullulent intransigeances et piétisme sentimental. Enfin, un ouvrage qui stimule et fait réfléchir. Il est simple, non pas par réduction, mais par épuration afin d’aller à l’essentiel.
Il se compose de 37 chapitres évidemment très courts, sauf deux : le dernier vous donnera le fondement de cette réflexion (bien que qualifié de « facultatif », lisez-le attentivement).
Pour saisir la démarche de l’auteur[1], un second chapitre expose les trois composantes de sa réflexion (p. 113-133). Je les cite dans un ordre différent : 1 – Au cœur de tout homme, sous tous les soucis qui l’animent, se tient un fondement dynamique, l’Ultime. Il l’oriente dans la vie qui lui a été donnée, au-delà des préoccupations. Celles-ci peuvent l’accaparer tout entier : il en fait ses idoles. 2 – Cet Ultime (la pensée de Tillich est très proche) prend visage dans l’humanité du Christ. Il est radicalement « pour-autrui ». Le Dieu qu’il révèle est un Dieu de relation, totalement pauvre dans son mouvement de générosité. 3 – Enfin, la marque de la vérité d’une existence « pour autrui » se tient dans la fraternité avec tous ceux qui manquent, les « sans » (toit, argent, papiers, travail…).
Il existe donc une relation directe entre l’attitude envers les pauvres et celle envers Dieu. Non seulement dans le comportement individuel, mais dans la construction d’une société libérée de l’idolâtrie de l’argent, de la puissance… La foi en Dieu construit un monde humanisé. Quand l’homme se livre aux choses (même religieuses), il s’écarte du projet de Dieu.
L’auteur expose sa foi : il la dit et il la risque. L’ultime de soi, au plus profond de soi, ne se découvre qu’en passant par l’autre. Dieu reste une question ouverte, outrepassant les réponses, donc une question sans cesse renaissante. C’est pourquoi elle est une passion de dépassement et de joie.
Albert Rouet[2]
Archevêque émérite de Poitiers
[1] Frère dominicain du Couvent de La Tourette, Alain Durand a exercé diverses activités professionnelles (animateur de stages de réinsertion sociale et professionnelle, service des relations humaines en entreprise, direction du journal Dial – Diffusion de l’information sur l’Amérique latine) ainsi que théologiques et pastorales (direction de la revue théologique Lumière et Vie, Commission Justice et Paix France. Il a écrit divers ouvrages théologiques sur la pauvreté, dont : La cause des pauvres : société, éthique et foi– Cerf, 1991 ; Dieu choisit le dernier.- Cerf, 2009.- (Epiphanie) et a fait la recension, pour notre site de : Jésus : approche historique / José Antonio Pagola.- Cerf, 2013 ; Jésus : l’encyclopédie / sous la dir. de Joseph Doré.- Albin Michel, 2017
[2] Auteur de Croire, mais en quoi ? : quand Dieu ne dit plus rien.- L’Atelier, 2019. Cf. aussi ses autres recensions sur notre site.