Bonjour Marseille !

Celui qui voudrait connaître l’Eglise de Marseille et son nouvel archevêque sera comblé par la lecture de ce recueil de textes écrits à différentes époques récentes par Mgr Jean-Marc Aveline. Les contributions sont variées.

Une centaine de pages nous offrent 25 « Méditations au fil du temps », qui sont, pour la plupart, la reprise d’éditoriaux publiés dans la revue mensuelle Eglise à Marseille, très ancrés dans la réalité culturelle marseillaise.

La première méditation restera dans les mémoires car elle a été publiée en septembre 2019, à l’arrivée de l’archevêque à Marseille. Jean-Marc Aveline y reprend les différentes étapes de sa rencontre avec cette ville sous le titre « Bonjour Marseille ».

L’épopée commence en 1962 quand le jeune Aveline arrive d’Algérie. Elle se poursuit en 1966 dans un premier retour, cette fois-ci de Paris. Elle s’incarne dans l’Eglise quand Jean-Marc Aveline devient prêtre. Elle se confirme avec sa nomination comme évêque puis comme archevêque.

Ces méditations abordent de multiples sujets qui sont les préoccupations d’une grande ville, celle d’un pasteur, celle d’un intellectuel devenu spécialiste du dialogue interreligieux. On retiendra particulièrement une allocution prononcée en 2016 devant Notre-Dame d’Afrique de Carnoux-en-Provence où l’évêque auxiliaire souligne la vocation particulière du peuple Pied-Noir à témoigner de la fraternité entre chrétiens et musulmans¹.

Une deuxième partie, intitulée « Reconnaissances », est constituée par différents textes concernant six hommes qui ont été des partenaires, des amis et des maîtres de l’auteur. Un théologien de quartier, Jean Arnaud, trois cardinaux, anciens archevêques de Marseille, Roger Etchegaray, Robert Coffy et Bernard Panafieu auxquels viennent s’ajouter le prédécesseur sur le siège de Marseille, Mgr Georges Pontier, et le cardinal Jean-Louis Tauran², préfet de la congrégation pour le dialogue interreligieux, qui fait l’objet d’une contribution largement développée, tant il fut un maître et un partenaire intellectuel.

Une troisième partie propose deux recherches théologiques, la première sur la théologie de la vocation. La deuxième touche le cœur même de l’intérêt intellectuel et pastoral de Mgr Aveline, le dialogue interreligieux et la mission de l’Eglise³. On y trouvera ici un véritable traité de la mission dans sa complexité liée à un contexte multiculturel et multi religieux, là où le « dialogue de salut » est si important, un dialogue sans volonté de puissance, ni mépris ni menace.

Une conclusion est proposée en forme d’ouverture, qui reprend l’homélie de la messe d’installation à la cathédrale Notre-Dame de la Major, le 15 septembre 2019⁴. Ce très beau texte fondé sur l’Ecriture, invite « à l’accueil à tous vents » comme Jésus lui-même avait accueilli les pécheurs et les exclus. Le nouvel archevêque exhortait la foule immense qui se pressait dans la cathédrale « à ne pas craindre que l’Eglise soit minoritaire » mais à craindre que « l’Eglise devienne fade ou triste, éteinte ou repliée sur elle-même, tour à tour fiévreuse, peureuse ou frileuse ».

Toutes ces pages manifestent l’articulation vivante et profonde d’un dialogue déjà long entre une métropole et son archevêque, une sorte de programme aussi pour celui qui est proche de Notre-Dame de la Garde depuis longtemps.

Pierre de Charentenay

Notes de la rédaction