108ème Journée mondiale du migrant et du réfugié 2022, célébrée le 25 septembre à l’appel du pape François.

Le bureau et la rédaction du site de Chrétiens de la Méditerranée ont choisi de consacrer cette année une place importante aux réfugiés et aux migrants, à travers les articles qui sont en cours de publication dans la série “Regards”. C’est ainsi que la Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié nous semble devoir être cette année l’occasion d’une interpellation particulièrement instante, en direction des chrétiens, des croyants des diverses religions et des pouvoirs politiques. C’est la 108ème année que le pape entend la faire célébrer. 108 ans, cela nous renvoie à la première des guerres dévastatrices qui ont ravagé l’Europe depuis plus d’un siècle.

Car la “Grande guerre” de 1914-18, si elle a fait des millions de victimes parmi les combattants, a aussi atteint de manière dramatique les millions de personnes non combattantes, femmes, enfants et personnes âgées, qui ont été chassées de chez elles par les destructions et des persécutions liées aux combats. Que l’on pense aux massacres dont les Arméniens et d’autres minorités de l’Empire ottoman ont été les victimes du fait de la guerre. Les survivants ont été une des premières grandes vagues de réfugiés du 20ème siècle, dispersés à travers le monde au long de la persécution. Depuis, chaque guerre et épisode de violence sociale de ce siècle a jeté sur les routes de l’exode et de l’exil des millions de personnes qui n’avaient rien à voir avec les intérêts politiques et économiques des belligérants.

C’est ainsi que l’Europe a vu déferler en cette année 2022 la détresse des réfugiés ukrainiens, y répondant avec une certaine générosité, qui n’est cependant pas exempte de calculs politiques. Car en même temps l’Europe occidentale est d’une dureté de plus en plus impitoyable à l’égard des réfugiés d’autres guerres, celles qui dévastent le Proche et le Moyen-Orient, ainsi que l’Afrique sub-saharienne. CDM est par son appellation même particulièrement alerté sur le drame des migrants qui chaque année meurent par milliers, noyés en Méditerranée, ou qui sont réduits en esclavage en Libye (1). Nous faisons aussi une large place à d’autres migrants qui n’ont pas de voix sur la scène internationale, les Palestiniens chassés de leurs maisons par la Nakba (catastrophe) déchaînée par Israël en 1948 et toujours plus souvent dépouillés de leur terres par une colonisation qui est devenue un véritable objectif politique de l’État d’Israël, bien qu’elle soit condamnée par le droit international.

L’urgence est d’autant plus grande cette année que les États occidentaux, se disant les hérauts des droits de l’homme, dont est partie intégrante le droit à l’asile pour ceux qui fuient la violence et la mort, sont balayés par une vague xénophobe et raciste (2) qui atteint jusqu’aux équilibres des pouvoirs politiques. La haine du réfugié et du migrant est devenue le ressort de partis qui, de l’Amérique à l’Europe, sont de plus en plus proches du pouvoir, quand ils n’en sont pas déjà partie prenante. Y compris en France, où s’annonce une “loi immigration” dont l’objectif affiché est la réduction drastique du nombre de réfugiés accueillis, contraignant ceux qui viennent malgré tout à des conditions de vie dégradantes et à la clandestinité, en renvoyant de nombreux autres vers les situations qu’ils ont fuies et où ils craignent pour leur vie.

Le parti pris de l’Église catholique, depuis Benoît XV en 1914, est toujours d’exprimer sa préoccupation à l’égard des différentes personnes vulnérables, qui doivent se déplacer pour une raison ou une autre et fuir leur pays. Le pape actuel a fait retentir un appel semblable de manière éloquente et en de multiples circonstances. Les croyants se doivent de participer à l’éveil des consciences, mais c’est aussi l’occasion pour eux de prier, pour les victimes et pour les responsables, conscients de l’enjeu spirituel central qu’est, devant Dieu, la fraternité humaine .

Les réfugiés font face à de nombreux défis, mais le thème choisi cette année par le pape François ouvre sur l’espoir. Comme titre de son message annuel, il a choisi Construire l’avenir avec les migrants et les réfugiés, et il appelle ainsi à prendre conscience des opportunités qu’offre leur présence. Entendons ce qu’en dit le JRS (Jesuit Refugee Service), le Service jésuite des Réfugiés :

“La JMMR est fêtée chaque année le dernier dimanche de septembre. En 2022, elle sera célébrée le 25 septembre.

Chaque année, à l’occasion de la Journée mondiale du migrant et du réfugié, nous suivons les conseils du pape François et encadrons nos réflexions et nos actions pour envisager une société plus juste et plus inclusive.

Le thème de cette année, Construire l’avenir avec les migrants et les réfugiés, souligne que nous ne pouvons grandir – en tant que société et en tant que famille humaine – que si nous grandissons tous ensemble dans la paix et la dignité.

Pour construire un avenir plus juste et plus inclusif, nous devons commencer par reconnaître et valoriser les dons et les compétences uniques des migrants et des réfugiés.

Téléchargez le reportage photo pour découvrir comment nous pouvons créer des environnements où nos frères et sœurs utilisent leurs talents pour reconstruire leur vie et contribuer au bien commun.”

Jean-B. Jolly,
membre du Bureau de CDM

(1) Voir sur notre site les dernières interventions de François Thomas, le Président de SOS Méditerranée-France :

Migrants : “La mission de SOS Méditerranée est un chemin d’humilité et les personnes rescapées nous apportent une force d’humanité”.

Un nouvel entretien avec François Thomas, président de l’association SOS Méditerranée, donné à nos partenaires de Pax Christi.

(2) Voir l’article de Micheline Bochet Le Milon, membre du bureau du GAIC, Groupe d’Amitié Islamo-Chrétienne, Quand la peur et le rejet de l’islam se dessinent derrière la “question migratoire”.

Présentation de la journée sur le site du Vatican.
Contribution de la Fondation Jean Rhodain, émanation du Secours Catholique-Caritas France, notre partenaire.
Propositions du service Mission et migrations de l’épiscopat catholique français.

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