Solidarité avec les migrants, des deux côtes de la Méditerranée

Accueillir les migrants, leur porter aide et assistance, être solidaire : au Maroc mais aussi en France, à Marseille, des hommes et des femmes mettent en pratique le mot solidarité.

En octobre, au cours d’un périple au Maroc, un groupe de voyageurs de l’association Chrétiens de la Méditerranée a pu constater une grande solidarité des acteurs de la société civile avec les migrants.

Le Maroc a toujours eu une position géographique qui favorise la présence de personnes, originaires d’Afrique de l’Ouest et Centrale. Aujourd’hui, beaucoup de jeunes Africains y viennent pour étudier mais aussi pour migrer vers l’Espagne et l’Europe. Dans les années 2014 et 2017, deux opérations exceptionnelles de 38 000 régularisations ont marqué une volonté politique d’intégration de personnes migrantes sur le territoire.

Depuis 2000, Caritas agit auprès des populations migrantes vulnérables ; elle a mis en place le programme triennal Qantara (« le pont ») en 2016. Son action vise à promouvoir les droits des personnes migrantes en normalisant leur accès aux services publics marocains (santé, éducation, état civil) ou à faciliter leur intégration par le biais de la formation professionnelle.
La Caritas agit sans bruit mais efficacement à Rabat, Casablanca et Tanger. Il en est de même des églises locales qui accueillent les migrants, les aident à se loger, se nourrir, se soigner et à leur donner des cours d’alphabétisation.
A Meknès, à la sortie de la messe dominicale, le dialogue avec des jeunes migrants subsahariens a montré leur détermination de rejoindre les villes du nord du Maroc, non loin des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, pour aller en occident. D’autres subsahariens disent qu’ils se sont installés là faute de pouvoir rejoindre l’Europe. Ces derniers remplissent et redynamisent les églises du Maroc qui s’africanisent.

Les migrants ressentent une inquiétude devant les 6500 personnes noires non marocaines[1] qui ont été, au cours de l’été, arrêtées et déplacées par la force, des villes du 1nord vers le sud du pays. Ces actions se font indépendamment de leurs statuts (titulaires d’un droit de séjour ou en situation irrégulière) ou de leurs situations particulières (hommes, femmes, enfants, personnes malades…) avec pour objectif de repousser le plus loin possible de la frontière européenne les personnes jugées indésirables par l’Europe et aussi par le Maroc.

Donner un pavillon à l’Aquarius

En France, certains estiment que la France a tourné le dos à l’accueil et à son “devoir d’humanité” en refusant à l’Aquarius de débarquer en septembre à Marseille avec cinquante-huit migrants à bord. Aujourd’hui, le bateau humanitaire, affrété par l’ONG SOS Méditerranée, est bloqué à Marseille faute de pavillon. Il ne peut plus sauver de migrants qui risquent leur vie en mer. Cette initiative civile avait du sens. Elle se voulait une réponse à la crise humanitaire sur la route de la Méditerranée.

À sa façon, l’équipe locale de Chrétiens de la Méditerranée – Marseille/Aix soutient la lettre de la présidente du CCFD-Terre Solidaire adressée au pape François afin qu’il intervienne à nouveau auprès de la communauté internationale et de la communauté européenne pour que l’Aquarius ait à nouveau un pavillon. Si aucune réponse positive ne se dégage, il lui est demandé que l’État du Vatican accorde lui-même ce pavillon pour lui permettre de reprendre sa mission vitale de secours humanitaire.

Même si depuis 2015 l’Europe est en crise avec des flux migratoires sans précédent, elle ne doit pas renoncer à son sens de l’humanisme.
La paix entre les peuples passe par le respect de chaque être humain, quelles que soient sa couleur et sa provenance. La fraternité est au cœur des valeurs humaines. Elle a tout son sens dans le traitement humain de l’étranger et du migrant.

Patrick Gérault
Président de Chrétiens de la Méditerranée

 

[1] Rapport du Gadem (Groupe antiraciste d’accompagnement et de défense des étrangers migrants) du 29 septembre 2018

 

Photos : Rassemblement Aquarius – SOS Méditerranée, 6 octobre 2018, by Jeanne Menjoulet (CC BY 2.0)