Sœur Alphonsine, une religieuse visionnaire, une Palestinienne qui a consacré sa vie à la promotion de la femme et à l’éducation des filles.

Luc Balbont, administrateur de Chrétiens de la Méditerranée, a permis à notre site de relayer ses articles, publiés sur son blog pour l’Œuvre d’Orient. Il permet ainsi à nos lecteurs d’accéder à un choix d’informations rares, que son flair de journaliste lui fait sentir comme significatives, et porteuses d’avenir.

Si le cessez-le-feu à Gaza et le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche couvrent l’actualité du mois de janvier 2025, je préfère parler dans cette chronique de la fondatrice des Sœurs du Rosaire, une femme qui a joué un rôle capital dans l’éducation des femmes au Proche-Orient.

Elle était si discrète, qu’il aura fallu attendre son décès en 1927, et la révélation de son journal intime qu’elle avait légué à sa sœur, pour savoir que c’était elle qui avait fondé en 1880, la Congrégation des Sœurs du Rosaire.  Et que le Père latin Tanous Yammin à qui l’on avait durant longtemps attribué la création du Rosaire n’était que son fidèle collaborateur, l’élément masculin qui avait facilité les démarches. Les femmes du Proche-Orient étant essentiellement vouées à l’époque à des tâches secondaires.

Palestinienne, née à Jérusalem en 1843, Marie-Alphonsine Danil Ghattas, sœur puis Mère Marie-Alphonsine en religion, avait reçu dans un rêve un appel de la Vierge Marie, lui demandant de fonder une mission pour éduquer les filles et les femmes dans les villages pauvres et isolés de Palestine ; de les instruire religieusement mais aussi socialement, et montrer qu’elles avaient un rôle primordial à jouer dans les sociétés orientales.

Aujourd’hui, si la Congrégation s’est développée, si la vie des femmes orientales a changé, l’esprit du Rosaire persiste toujours. Il reste tant à faire pour changer les mentalités, notamment dans ces villages reculés et isolés, en Syrie, en Irak, en Jordanie, en Palestine, là où les communautés du Rosaire accomplissent leur mission dans l’esprit de Mère Alphonsine.

Au Liban notamment, pays en crise et en guerre, miné par un libéralisme économique sauvage, où les petites écoles publiques disparaissent peu à peu, remplacées par des établissements privés, financièrement inaccessibles aux plus modestes. La congrégation du Rosaire qui ne baisse pas les bras, dirige ainsi une école à Abdin, un village du nord, où des élèves des alentours sont scolarisés à des prix modiques. La plupart des responsables religieux affirmaient pourtant, que bâtir un établissement scolaire dans un endroit aussi délaissé, était une initiative inutile, et surtout non rentable.

Les sœurs se sont entêtées, elles ont cherché et trouvé les fonds nécessaires, recruté des enseignants, et fini par atteindre leur but.  Grâce à leur école, plusieurs familles sont revenues dans les villages, qu’elles avaient quittés.

Secrétaire générale des Sœurs du Rosaire, Virginia Habib se dit « fière d’appartenir à la Congrégation du Rosaire, car ce sont ces sœurs qui se sont rendues les premières dans des villages du bout du monde, où vivaient beaucoup de familles nécessiteuses, et permettre aussi aux chrétiens de rester enracinés dans leur terre.”

A Jérusalem, dans le monastère où Sr. Virginia habite, les reliques de la Fondatrice sont exposées. « Chaque jour, confie la religieuse, quand je passe devant la chapelle où elle repose, je pense au trésor qu’elle nous a laissé. Son héritage est plus que jamais vivant. Sa Présence me donne le courage de poursuive ma mission malgré toutes les épreuves que nous traversons aujourd’hui … » 145 ans plus tard, les Sœurs du Rosaire continuent de former des jeunes femmes qui enrichissent les sociétés arabes.

Luc Balbont

Note : Dans le numéro 818 du bulletin de l’œuvre d’Orient récemment paru, lire mon article (p. 48-49) consacré à Sr. Virginia Habib, Secrétaire générale de la Congrégation du Rosaire.

Cliquer sur le lien pour lire ce bulletin en ligne.

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Texte et images Luc Balbont

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