Un article de Bertrand Badie publié dans la Revue Etude de juillet 2011.
Soucieux de proposer sans tarder un regard sur le « printemps arabe », nous avons demandé à Bertrand Badie de nous donner son analyse de la situation. Voici la transcription de ses propos, recueillis par P. de Charentenay.
Le printemps arabe a mis en mouvement des sociétés qui ont été longtemps apparemment immobiles. Si ces
sociétés semblent suivre un chemin commun depuis quelques mois, il faut pour autant insister sur leur extrême
variété. Il n’y a pas de portrait type du régime politique du monde arabe avant ces grands événements. Sans faire une typologie, qui serait risquée, on peut distinguer schématiquement trois régimes : les régimes traditionnels, qui reposent sur une légitimité traditionnelle, généralement monarchique et associant souvent directement la référence religieuse à l’exercice du pouvoir – les références islamiques, voire islamistes n’appartiennent pas seulement au domaine de la contestation. On y retrouve la plupart des États de la péninsule arabique ou la Jordanie.
Une deuxième catégorie serait celle des régimes conservateurs mais républicains, qui sont souvent d’extraction militaire, à l’instar des cas tunisien, ou égyptien… Lire la suite