“Palestiniennes”, un documentaire diffusé par la Chaîne Parlementaire (LCP) et suivi d’un débat.

“La paix entre Israël et Palestine est-elle encore possible ?”, tel est la titre d’une émission de la Chaîne parlementaire, dans la série Débatdoc animée par Jean-Pierre Gratien, diffusée une première fois le 2 novembre 2021 à 20h30. Elle n’est accessible sur le site de la chaîne lcp.fr que pendant une semaine après la diffusion. Elle est rediffusée le vendredi 10 décembre à 20h30 et le vendredi 17 décembre à 00h30. Lucien Champenois rend compte du débat qui a suivi. Il est membre de l’association “Pour Jérusalem” et de Chrétiens de la Méditerranée.

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“Palestiniennes”

C’est le titre d’un documentaire diffusé en novembre 2021 par la Chaîne Parlementaire (LCP), suivi d’un débat animé par J.P. Gratien.

La cinéaste Mariette Auvray s’est efforcée, en à peine une heure, en filmant la vie quotidienne de neuf jeunes Palestiniennes de résidence, de milieux et d’activités professionnelles diverses, de montrer comment ces jeunes femmes, chacune à sa manière, luttent pour préserver un aspect de l’identité palestinienne à laquelle elles restent profondément attachées, quelle que soit leur situation dans le puzzle compliqué élaboré par l’oppresseur pour perpétuer sa domination et effacer la mémoire du passé : découpage territorial entre Israël, Jérusalem-Est, Cisjordanie, Gaza, passeports différents, statuts différents, règles de circulation différentes… Et parallèlement à cette lutte elles en mènent une autre pour surmonter l’opposition ou l’incompréhension de la société traditionnelle palestinienne dominée par les hommes. Là se pose bien évidemment un problème de générations…

La rapidité avec laquelle se succèdent les séquences du film, la variété des activités des lieux de résidence et des sites visités le rendent parfois difficile à suivre. Ceux de nos amis qui ont participé aux voyages de l’Association [Pour Jérusalem] retrouveront néanmoins la complexité des itinéraires routiers s’entrecroisant machiavéliquement au milieu des paysages palestiniens afin de rendre invisibles leurs habitants d’origine, ainsi que l’architecture médiévale des villes anciennes d’où, sournoisement, la colonisation refoule les premiers occupants. Sans compter des pratiques destinées à effacer la mémoire, comme le fait de changer méthodiquement les noms de localités ou de rues, voire d’affubler de noms israéliens des plats appartenant depuis toujours à la cuisine palestinienne.

Le débat qui suivit n’en fut que plus utile pour éclairer le contexte de ces coups de projecteur successifs et les replacer dans le cadre plus large du conflit israélo-palestinien. Le présentateur Jean-Pierre Gratien sut fort bien animer la discussion entre Alexandra Schwarzbrod, du journal Libération, Georges Malbrunot, du Figaro, qui furent l’une et l’autre correspondants à Jérusalem de leur journal respectif, et, par l’intermédiaire de la webcam, la Franco-Palestinienne Inès Abdel Razek, du Palestinian Institute for Public Diplomacy (Ramallah).

Les trois interlocuteurs, dont je regroupe ci-après les idées par thème, ont souligné le poids du facteur démographique dans l’évolution de la situation. Israël a 9,3 millions d’habitants mais il y a 753 000 colons dans les Territoires Occupés de Cisjordanie et à Jérusalem-Est et ce chiffre ne cesse d’augmenter. Côté palestinien, la Cisjordanie compte 4,9 millions d’habitants palestiniens, mais Gaza, véritable bombe démographique, en comptera 5 millions dans dix ans. Quant aux Arabes israéliens ils représentent environ 15% de la population israélienne (soit environ 1,4 million d’habitants).

La colonisation des Territoires Occupés qui se poursuit à marche forcée rend impossible à court terme un partage entre deux États. On s’achemine si rien n’est fait vers un régime “suprématiste” (apartheid).

Malheureusement les classes politiques de chacun des deux peuples en présence semblent incapables de faire évoluer la situation vers un règlement acceptable. Côté Israélien, l’actuel Premier Ministre Naftali Bennett est un “faucon” (Georges Malbrunot). “C’est le chef des colons” (Alexandra Schwarzbrod). Il cherche avant tout à éviter une négociation.

Côté palestinien, l’Autorité Palestinienne est “lamentable”, tout juste bonne à servir de relais aux exigences israéliennes.

Inès Abdel Razek reconnaît qu’un “renouvellement” de l’Autorité Palestinienne est nécessaire. Mais elle rappelle la responsabilité des Occidentaux dans la situation actuelle. Notamment par leur refus en 2006 – sous la pression israélo-américaine – de traiter avec le gouvernement de coalition formé par le Hamas qui avait gagné les élections. Actuellement encore cela arrange bien Israël que la communauté internationale refuse le contact avec le Hamas classé comme organisation terroriste.

Le nouveau Président américain semble plus ouvert que son prédécesseur [sur le droit des Palestiniens à avoir leur Etat] mais seule la menace de couper l’aide militaire américaine à Israël serait en mesure de faire changer les choses (Alexandra Schwarzbrod). Georges Malbrunot pense que les Palestiniens devraient inventer de nouveaux modes d’action dans lesquels la diaspora aurait son rôle à jouer.

Cette émission peut encore être vue deux soirs sur LCP canal 13. Il est intéressant en tout cas que la Chaîne Parlementaire ait eu le courage de profiter de la sortie du documentaire de Mariette Auvray pour ouvrir un débat devant lequel la plupart de nos chaînes se dérobent.

Lucien Champenois

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