Des personnes continuent à perdre la vie en Méditerranée.
-SOS Méditerranée nous alerte à leur sujet, alors que l’écho donné aux menées terroristes en Europe étouffe leur voix. Des dizaines chaque semaine, sans compter celles qui ont disparu sans témoin et sans personne pour leur porter assistance, comme l’exige le droit maritime international. La situation n’a pas changé depuis le tableau qu’a dressé François Thomas, président de SOS Méditerranée France, sur ce site aux mois de juillet et août derniers.
-Un article du journal “Le Monde” du 14 novembre 2020 est ainsi intitulé :
“Où est mon bébé ? J’ai perdu mon bébé”.
Une centaine de personnes noyées au large de la Libye
Ces dernières années, l’UE a choisi de renforcer les capacités des garde-côtes libyens pour empêcher les migrants de rejoindre l’Europe, alors que la Libye n’est pas, au regard du droit international, un lieu de débarquement “sûr”.
Par Julia Pascual. Publié le 14 novembre 2020 à 03h45 – Mis à jour le 14 novembre 2020 à 09h49
Sur une plage à une dizaine de kilomètres de la ville de Khoms [en Libye], la mer Méditerranée continuait, vendredi 13 novembre, de rejeter les corps sans vie de migrants, morts noyés lors du naufrage de leur embarcation alors qu’ils tentaient de rejoindre l’Europe.
En quarante-huit heures, ce sont vraisemblablement une centaine de migrants qui ont péri en mer, au cours de plusieurs naufrages au large de la Libye. “C’est absolument terrible, a réagi Tarik Argaz, le porte-parole du Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) en Libye. On pouvait prédire que ce genre d’accidents allait arriver.”
D’après les informations du HCR, jeudi 12 novembre en début d’après-midi, au large de Khoms, dans l’ouest du pays, des pêcheurs locaux sont venus en aide à une embarcation qui avait chaviré. “Quarante-sept personnes ont survécu parmi environ 120 personnes qui se trouvaient à bord, précise Tarik Argaz. Elles sont originaires du Nigeria, du Ghana, du Burkina Faso et de Gambie.”
Un peu plus tard le même jour, cette fois-ci au large de Sorman, à l’ouest de Tripoli, ce sont trois femmes, respectivement sénégalaise, camerounaise et ghanéenne, qui ont été secourues par des pêcheurs, rescapées d’une embarcation à bord de laquelle vingt personnes auraient péri.
La responsabilité des Etats membres de l’UE
La veille, le navire humanitaire espagnol Open Arms, qui porte secours aux migrants dans les eaux internationales au large de la Libye, était intervenu pour sauver de la noyade une centaine de migrants dont l’embarcation s’était brisée. Des vidéos diffusées par l’ONG montrent des personnes éparpillées en mer tandis que leur canot pneumatique se disloque. On y voit notamment une femme à l’agonie, qui crie : “Where is my baby ? I lose my baby” (“Où est mon bébé ? J’ai perdu mon bébé”). Joseph, son garçon de six mois, de nationalité guinéenne, sera finalement repêché en état d’arrêt cardiaque et n’a pu être réanimé.
Une autre vidéo montre un garçon de 6 ans, Bangaly, expliquer en français les conditions du naufrage. “L’eau est rentrée dans le bateau. Je suis tombé, j’ai bu beaucoup d’eau (…). Ce matin j’ai demandé à papa : où est maman? Il a dit : je sais pas”. Le corps de sa mère fait partie des cinq corps sans vie repêchés par l’ONG ce jour-là. “Voici ce qui se produit quand on abandonne des personnes en mer pendant des jours”, a dénoncé Oscar Camps, le fondateur d’Open Arms, sur Twitter.
(fin de la section accessible au public)
Image : Des migrants partis de Libye attendent le secours des membres de l’ONG espagnole Proactiva Open Arms, en mer Méditerranée, le 11 novembre 2020. SERGI CAMARA / AP