Noël 2010, Paix, Fraternité, Dialogue : des mots et des actes

Pendant deux semaines, en octobre, à Rome, tous les évêques catholiques du Moyen-Orient réunis en synode par le Pape Benoît XVI ont échangé entre eux, avec des évêques venus des autres parties du monde sur la présence, le témoignage des chrétiens au Proche-Orient, la vie difficile qu’ils y mènent et leurs relations avec leurs compatriotes musulmans et juifs. Nous y faisons écho à travers l’intervention d’un invité musulman au synode et celle de Mgr Audo, archevêque chaldéen, devant ses frères évêques français à Lourdes.

Le carnage effroyable commis le 31 octobre, dans la cathédrale syro-catholique de Bagdad, a suscité, dans le monde entier, la consternation et la colère. Des évêques catholiques d’Irak ont lancé cet appel : « Nous avons besoin de votre compassion face à tout ce qui vient toucher la vie des innocents chrétiens et musulmans. Restez avec nous, restez avec nous jusqu’à ce que soit passé le fléau » Cet appel, relayé dans toutes les églises de France, a aussi été entendu par des responsables musulmans en France : ils ont pris position publiquement pour dire leur condamnation et appeler à la sécurité et la paix pour tous les citoyens en Irak, qu’ils soient chrétiens ou musulmans.

L’un des évêques courageux auteurs de cet appel, Mgr Louis Sako, archevêque chaldéen de Kirkouk a reçu, à Paris, le prix de la paix de Pax Christi International, le 8 décembre. Dans son discours, au siège de la conférence des évêques, Mgr Sako a dit la peur et la souffrance des chrétiens d’Irak mais il a aussi souligné combien la guerre et les conflits qui détruisent son pays ne sont pas d’abord religieux. Il a témoigné de son engagement dans le dialogue avec ses compatriotes musulmans. Le synode à Rome et les évêques chaldéens en Irak demandent les mêmes droits pour tous les citoyens de la région qu’ils soient chrétiens ou musulmans. Les responsables irakiens chrétiens comme musulmans que nous avons rencontrés à Paris disent qu’il faut à tout prix éviter de donner raison aux terroristes qui souhaitent faire disparaître les chrétiens de ce pays.

La position du SRI est celle exprimée par Mgr Michel Santier, président du Conseil pour les relations interreligieuses : « Il faut à la fois témoigner notre solidarité aux chrétiens d’Orient et poursuivre le dialogue avec les croyants musulmans. » Nous y avons été encouragés lors de la visite, à Paris, dans nos bureaux, du cardinal Jean-Louis Tauran, président du Conseil pour le dialogue religieux à Rome. Disant qu’il soutenait notre travail, il a indiqué quels étaient les éléments d’une attitude juste dans le dialogue interreligieux : « le devoir d’identité (avoir une identité spirituelle), le courage de l’altérité (les autres croyants peuvent m’enrichir), la franchise de nos intentions (témoigner sans prosélytisme). »

En 1964, le Pape Paul VI osait écrire : «Voilà l’origine transcendante du dialogue. Elle se trouve dans l’intention même de Dieu. ».* Pour nous chrétiens, la fête de la nativité de Jésus est celle de la Parole de Dieu faite chair, de l’entrée définitive en dialogue de Dieu avec les hommes dans l’épaisseur et la précarité même de leur histoire. Que cette fête de Noël 2010 puisse nous tourner vers la source même du dialogue, de la fraternité et de la paix : Dieu.

Chrétiens ou musulmans puissions-nous faire retentir aujourd’hui par nos paroles et nos actes ce chant des anges à Bethléem : « Gloire à Dieu dans les cieux, Paix sur terre aux hommes, ses bien aimés ! »

Christophe Roucou

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