Au rapport et à la pétition d’Amnesty International, que nous avons récemment publiés, nous ajoutons un appel de la CIMADE, dont nous sommes aussi partenaires, et un témoignage venant du Sénégal, un des pays de transit des migrants d’Afrique vers l’Europe.
Face à des politiques inhumaines et insensées,
la CIMADE appelle à affirmer notre solidarité
Alors que les personnes migrantes n’ont jamais autant été considérées comme indésirables, des milliers d’entre elles se voient délibérément plongées dans l’illégalité, prises au piège d’un système de plus en plus absurde et inhumain.
Titres de séjour refusés sur des motifs flous et arbitraires, menaces d’expulsion permanentes, absurdité des conditions d’obtention d’une autorisation de travail : tout est fait pour maintenir les personnes sans-papiers dans un labyrinthe administratif infini.
Mises au ban de la société, elles se retrouvent privées de leurs droits les plus fondamentaux : circuler, se soigner, travailler et même aimer.
C’est pour faire cesser ces pratiques indignes que nous lançons aujourd’hui une grande campagne de mobilisation.
L’objectif est clair :
Maintenir les personnes étrangères dans un labyrinthe administratif, dont la conséquence est leur mise au ban de la société.
Voir ici les différentes actions qui sont menées par la CIMADE en direction des migrants.

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Paix et dialogue des cultures : un atelier “Accueil des réfugiés et des immigrés” au Sénégal
La première chose à dire c’est que la migration est un droit, qu’il nous faut continuer à défendre. Ce droit est affirmé dans la déclaration universelle des droits de l’homme : Droit de quitter son pays et d’y revenir.
Cela est vrai spécialement pour des croyants, chrétiens et musulmans. Nous sommes des descendants d’Abraham. Abraham, le père des migrants qui suite à l’appel de Dieu a quitté sa ville de Ur en Irak (en Chaldée) pour aller jusqu’à la Palestine d’aujourd’hui.
De même, Moïse aussi a été un migrant. Il a quitté l’Égypte pour s’enfuir dans le Désert, là où Dieu l’a appelé. Il a conduit son peuple jusque dans la terre promise.
Le premier problème c’est donc la façon dont se situent des pays occidentaux : ils cherchent à tout faire pour empêcher les immigrants d’entrer chez eux. On paye même des pays comme la Tunisie pour arrêter les migrants à l’extérieur de l’Europe. L’Italie construit des centres en Albanie pour y envoyer les demandeurs d’asile. On remet les migrants arrêtés de force à la Libye, alors que l’on sait qu’en Libye ils seront soumis à une série d’abus, vols, viols et même esclavage. Et la Grande-Bretagne voudrait envoyer ses demandeurs d’asile au Ruanda, en payant de fortes sommes pour cela.
La migration est un droit, mais le problème c’est la façon dont elle est organisée. D’abord c’est l’exploitation des candidats à la migration clandestine par des passeurs qui leur demandent beaucoup d’argent et qui parfois les abandonnent en pleine mer.
Ensuite la migration clandestine est dangereuse : de nombreux migrants sont morts dans le désert et dans la mer. En plus c’est une illusion. Les candidats pensent trouver la paix en Europe, mais en fait la plupart du temps, ils ne trouvent que la souffrance, le manque d’accueil et même le mépris. Il est donc important d’essayer d’agir sur ces problèmes et de trouver des solutions à différents niveaux.
Au niveau des réseaux sociaux : au cinéma et à la télévision, on présente les pays occidentaux comme un paradis où tous les gens sont riches, ils ont tout ce qu’ils veulent, ils n’ont pas besoin de travailler. Il n’y a que de belles maisons, chacun a sa voiture, etc. Cela augmente le désir de partir dans ces pays européens ou aux États-Unis. Il serait très important de montrer la réalité de la vie en Europe, mais aussi les belles réalisations et la joie de vivre au pays.
Ensuite il serait important d’agir au niveau du tourisme. Quand des touristes arrivent, ils donnent, eux aussi, une fausse image de l’Europe puisqu’ils arrivent avec de l’argent, ils viennent pour se reposer, ils ne travaillent pas, ils ont des beaux appareils pour prendre des photos et les derniers téléphones à la mode. Il serait important de développer le tourisme au village, un tourisme beaucoup plus simple et vrai, de ne pas tromper les gens sur les conditions de vie des migrants en Europe. Et permettre des échanges plus fraternels.
Il faudrait également réfléchir à la façon de se comporter des migrants eux-mêmes, lorsqu’ils reviennent en visite au pays. D’abord, ceux qui peuvent revenir, ce sont ceux qui ont réussi, qui ont de l’argent et ont pu se payer le voyage et apporter des cadeaux. Trop souvent, ils ne peuvent pas expliquer les réalités de leur vie de chaque jour, et ceux qui rentrent sont obligés de ramener des cadeaux, à la famille, aux amis, aux parents : ils donnent donc l’impression d’être riches et ils ne disent jamais le mal qu’ils ont eu à obtenir ces cadeaux, ils ne parlent pas de leurs conditions de vie réelles, de leurs souffrances.
Tant qu’on n’agira pas à ces différents niveaux, ce ne sera pas possible de lutter contre la migration clandestine, et contre toutes les souffrances et les dangers qu’elle entraîne.
Transmis par Armel Duteil, spiritain,
Service Justice et paix, Sénégal
