Après le bombardement meurtrier d’Israël sur l’église de la Sainte-Famille à Gaza. Conférence de presse à Jérusalem des patriarches latin et grec orthodoxe revenant de Gaza. Un entretien avec Mgr Pascal Gollnich. Le podcast “En quête d’Orient”.

Nous reprenons ce Communiqué de presse de L’Œuvre d’Orient dont CDM est partenaire.

Décès suite au bombardement de l’église de la Sainte-Famille à Gaza

Paris, le 17 juillet 2025

L’Œuvre d’Orient apprend avec une grande tristesse le décès de deux personnes suite à l’attaque de l’église catholique de la Sainte-Famille à Gaza. La paroisse, jusqu’à présent épargnée, a été la cible d’un bombardement de l’armée israélienne ce matin. Plusieurs autres personnes ont été blessées, dont le curé, le père Gabriel Romanelli.

Cette frappe n’est justifiée par aucun objectif stratégique. La paroisse joue un rôle pacificateur et est au service de l’ensemble de la population. Cette action fait suite à l’attaque de Taybeh [en Cisjordanie occupée] par des colons, sans intervention des forces de l’ordre israéliennes (1).

Nous condamnons très fortement ce bombardement. Nous demandons aux autorités françaises d’intervenir auprès de l’ambassade d’Israël à Paris. Nous exigeons des autorités israéliennes qu’elles présentent des excuses et qu’elles assurent la sécurité des communautés chrétiennes.

Nous présentons nos condoléances à l’ensemble de la communauté chrétienne de Terre Sainte, en particulier à Sa Béatitude le cardinal Pierbattista Pizzaballa, Patriarche latin de Jérusalem. Nous les assurons de notre prière, de tout notre soutien et de notre proximité spirituelle avec les chrétiens de Gaza.

Dans un contexte de bombardements intensifiés sur l’ensemble de la bande de Gaza, L’Œuvre d’Orient rappelle l’urgence d’un cessez-le-feu et d’un accès humanitaire pour protéger les populations les plus vulnérables. Elle demande également sans délai la libération des otages israéliens (2).

Mgr Pascal Gollnisch,
Directeur général de L’Œuvre d’Orient

NDLR.

(1)  Voir le “Communiqué commun des prêtres de Taybeh contre de nouvelles attaques des colons israéliens” diffusé par Marie-Armelle Beaulieu le 8 juillet 2025 sur le site” https://www.terresainte.net/ :

https://www.terresainte.net/2025/07/communique-commun-des-pretres-de-taybeh-contre-de-nouvelles-attaques-des-colons-israeliens/

(2) La réaction du gouvernement israélien est significative. Elle a d’abord été de nier la responsabilité de son armée dans ces meurtres. Israël, affirme-t-il, ne s’en prend jamais aux lieux de culte. Puis il y a eu une intervention directe de Donald Trump auprès du premier ministre israélien. Comment le Président des Etats-Unis a-t-il pu prendre souci d’assassinats comme il s’en produit chaque jour des dizaines à Gaza ? On devine que c’est le qualificatif “catholique” de ce lieu de culte qui a choqué en si haut lieu : le vice-président J.D. Vance fait constamment étalage de ses convictions catholiques… Finalement le discours officiel israélien en est venu à parler d’une “erreur” et, sans présenter d’excuses, exprime un “profond regret”. Voir l’article du quotidien Le Parisien, mis en ligne sur le site de MSN le 17 juillet 2025, “Netanyahou dit regretter ‘profondément’ une ‘erreur'” :

https://www.msn.com/fr-fr/actualite/monde/frappe-meurtri%C3%A8re-contre-une-%C3%A9glise-%C3%A0-gaza-netanyahou-dit-regretter-profond%C3%A9ment-une-erreur/ar-AA1IObuw

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Conférence de presse des patriarches latin et grec-orthodoxe de Jérusalem après leur venue à Gaza

“Le Christ n’est pas absent de Gaza”, ont affirmé les deux patriarches devant les journalistes. L’article de Xavier Sartre dans le media en ligne “Vatican News” témoigne d’un paradoxe, celui “d’un profond chagrin et d’un espoir inébranlable” au cœur de ces chrétiens martyrisés, selon le patriarche Théophile III. Le cardinal Pizzaballa ajoute : c’est “un lieu dévasté, mais aussi empreint d’une merveilleuse humanité”, “un peuple écrasé par le poids de la guerre, mais qui porte en lui l’image de Dieu”, a confirmé le patriarche grec-orthodoxe,

“Dans cette mer de dévastation humaine”, comme l’a décrit le patriarche latin, la mission des chrétiens s’adresse à tout le monde, la mission de l’Église est en effet “enracinée dans le ministère de la présence, de la solidarité avec ceux qui sont en deuil, de la défense du caractère sacré de la vie et du témoignage de la lumière qu’aucune obscurité ne peut éteindre” a complété Théophile III.

Lien vers l’article : https://www.vaticannews.va/fr/eglise/news/2025-07/conference-de-presse-gaza-patriarches-pizzaballa-theophile.html

Cette démarche solennelle de deux éminents responsables d’Église en Terre sainte a aussi le sens d’un témoignage qu’ils sont seuls à pouvoir porter. Et cela, en direction de celles des Églises des États-Unis, qui soutiennent de manière indéfectible la présidence Trump et sa soumission à la politique du gouvernement israélien actuel. Le livre du pasteur évangélique palestinien Munther Isaac le montre (1) : pour nombre de ces Églises, il n’y a pas de chrétiens en Palestine, et pas plus dans le reste du Moyen-Orient. Ceux qui se disent tels sont en fait des musulmans déguisés… Les deux patriarches affirment haut et fort que “Le Christ n’est pas absent de Gaza”, à travers des chrétiens qui dans l’extrême détresse restent fidèles à vivre leur foi.

On comprend aussi mieux les raisons qui ont poussé Israël à frapper délibérément une église catholique. Les sanctuaires chrétiens grecs orthodoxes de Gaza ont déjà été bombardés à plusieurs reprises. Aucune réaction n’a été constatée de la part de la puissance qui se pose volontiers comme leur protectrice, la Russie. Israël  vient de faire le même test en direction des États-Unis, en bombardant un sanctuaire catholique, au risque d’offenser le vice-président américain. Les dirigeants israéliens tireront sans doute leurs propres conclusions des réactions suscitées par ce dernier massacre.

(1) Voir les comptes-rendus de son livre, “L’autre côté du mur”, publiés sur ce site :

– des notes de lecture du 5 mars 2024, https://www.chretiensdelamediterranee.com/lautre-cote-du-mur-par-le-dr-munther-isaac-notes-de-lecture/.

– et la présentation détaillée qu’en a fait Christian Lochon le 15 octobre 2024, https://www.chretiensdelamediterranee.com/lautre-cote-du-mur-un-recit-chretien-palestinien-de-lamentation-et-despoir-par-munther-isaac-traduit-par-les-amis-de-sabeel-france/

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Un entretien exceptionnel avec Mgr Pascal Gollnisch

À la tête de L’Œuvre d’Orient, il a accompagné les communautés chrétiennes en Orient face à l’arrivée de Daesh, la crise économique au Liban et l’explosion du port de Beyrouth, la guerre en Ukraine ou encore la chute du Haut-Karabagh. Sous sa direction L’Œuvre d’Orient a changé de dimension et les chrétiens d’Orient ont pris une place importante dans le débat public. En quittant ses fonctions, Mgr Pascal Gollnisch nous livre ses dernières confidences, “15 ans au service des chrétiens d’Orient”.

Lors du Festival des chrétiens d’Orient, dans son homélie le 5 juillet 2025, Mgr Pascal Gollnisch a pu nous adresser quelques mots, nous encourageant à accueillir la nouveauté.


“Nous devons nous mettre devant le choix de Dieu, devant la puissance bénédiction de Dieu. Ce qui est nouveau fait partie de ce qu’un chrétien doit vivre et expérimenter. 

La nouveauté n’est pas facultative. Rester figé sur ce qui est ancien serait contraire à l’accueil de l’Esprit qui renouvelle toute chose. Ce qui est nouveau peut nous faire peur et il est rassurant d’en rester à des choses déjà connues et que nous croyons parfois une peu vite bien maitrisées. Accepter d’accueillir la nouveauté de Dieu, c’est accepter d’accueillir quelque chose que peut-être nous ne connaissions pas bien encore. Pour autant, toute nouveauté n’est pas bonne, il y a parfois des poisons dans les nouveautés, nous devons avoir le courage de discerner et de nous laisser renouveler. La vraie nouveauté c’est le Christ.”

Je soutiens les chrétiens d’Orient

L’Œuvre d’Orient
20 rue du Regard
75006 Paris

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“En quête d’Orient”, le nouveau podcast de La Croix

Avec pour guide littéraire Sébastien de Courtois, partez sur les traces des chrétiens d’Orient pour comprendre leur histoire, dans une série radiophonique en cinq épisodes. Une quête qui révèle bien des enjeux contemporains : celui de la survie des minorités culturelles en Orient, celui d’un héritage commun byzantin et ottoman et de luttes fratricides.

En quête d’Orient

Texte et image L’Œuvre d’Orient

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