Titre

Vatican, la fin d’un monde

Auteur

Henri Tincq

Type

livre

Editeur

Paris : Cerf, 2019

Nombre de pages

247 p.

Prix

20 €

Date de publication

1 avril 2020

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Vatican, la fin d’un monde

Spécialiste des informations religieuses au Monde1, pendant près de 25 ans, après avoir travaillé au journal La Croix2, Henri Tincq a contribué régulièrement, ces dernières années, au magazine en ligne Slate3 et au Monde des religions4. Depuis 1987, il a publié une bonne quinzaine d’ouvrages sur les questions religieuses dont, par exemple, Dieu en France, mort et résurrection du catholicisme5, Catholicisme : le retour des intégristes6, La grande peur des catholiques de France7.

Il revient dans son dernier ouvrage sur un aspect de la crise du catholicisme. Son projet est clair : « Ce qui me pousse à écrire n’est pas la nostalgie de ce monde catholique qui n’existe plus, ni le regret d’un modèle d’Église né au Concile il y a un demi-siècle, que j’ai bien connu, commenté, apprécié par conviction personnelle et pratique professionnelle, mais le dépit et la révolte devant l’amoralité et la corruption d’une partie au moins des élites catholiques. » (p. 98)

On ne peut pas attendre d’un livre né sous le coup de la colère la profondeur d’une recherche en histoire, en théologie ou en droit canon.

Henri Tincq organise sa présentation en trois parties, chacune comportant 3 chapitres.

La première partie présente les mouvements lents et profonds qui se cristallisent autour de trois dates qu’il appelle « les trois jours qui ont ébranlé l’édifice » : les obsèques de Jean-Paul II, le 8 avril 2005 ; la renonciation de Benoît XVI, le 11 février 2013 ; l’élection de François, « le premier pape du Nouveau Monde, le 13 mars 2013. Il aborde, dans cette partie, le sommet de l’institution Eglise, la gouvernance et l’image du pape, « un pape à vie ne rendant de comptes qu’à Dieu » (p.27 et 169).

Dans la seconde partie, intitulée « Les trois actes de la grande tragédie », il se situe plutôt au niveau du corps « Eglise ». Selon lui, lorsque les premières « affaires » de pédophilie sortent, après un temps de déni vient le moment de la sidération puis de la réparation. Il conclut (p. 145 à 161) : Qu’est-ce réparer l’Eglise ? C’est d’abord faire toute la lumière, c’est ensuite écouter les victimes, c’est enfin mettre au point des procédures de transparence, de tolérance zéro et les appliquer. «  La reconquête d’une crédibilité morale est au prix d’une refonte profonde du ministère ordonné et de la gouvernance de l’Eglise. » (p.161)

Dans la troisième partie, intitulée « Les trois chantiers de la reconstruction », Henri Tincq précise : « Dans le flot des propositions visant, selon les vœux du pape François, à mettre fin au « cléricalisme » et à « réparer » l’Eglise, je voudrais en extraire trois. Ce sont bien sûr trois « chantiers » de réflexion, plus que des projets immédiatement réalisables » : en finir avec l’absolutisme romain, clérical, patriarcal ; en finir avec l’hypocrisie sur le sexe, le célibat obligatoire, la chasteté ; en finir avec la vision disciplinaire et doctrinaire du rôle de l’Eglise. (p. 165-166)

Dans le cadre que l’auteur s’est lui-même fixé – Vatican, la fin d’un monde – et qu’il annonce clairement : un texte d’humeur, une synthèse des informations, une sélection de quelques propositions, il remplit parfaitement son contrat. Pour Henri Tincq, cette fin d’un monde – celui de l’hégémonie du Vatican – ce n’est pas la fin du catholicisme ni du christianisme encore moins la fin du monde.

Yves Dupuy


Notes de la rédaction

Henri Tincq était un ami et un collaborateur de Chrétiens de la Méditerranée. C’est avec grande émotion que nous avons appris sa mort, dimanche 29 mars. La recension de son dernier livre était alors en attente d’être mise en ligne. Le message qu’il nous délivre retentit encore plus fort !

2 Lire l’article de La Croix où Henri Tincq arrive en 1972 au service économique et social avant de devenir chef du service politique en 1977. Rédacteur en chef adjoint en 1981, il sera brièvement chef du service d’information religieuse en 1983 avant de rejoindre Le Monde deux ans plus tard.

4 Cf. l’entretien qu’il avait accordé au Monde des religions, le 22/08/2018 : « Je ne reconnais plus mon Église »

6 Catholicisme : le retour des intégristes – CNRS éd. 2009 – (Débats)

7 On pourra lire, sur notre site, la recension de La grande peur des catholiques de France, Grasset, 2018 ; ainsi que les recensions d’Henri Tincq : Le grand désarroi : enquête sur les juifs de France / Salomon et Victor Malka – Albin Michel, 2016 ; Pourquoi un État juif n’est pas une bonne idée : mémoire critique / Ofra Yeshua-Lyth – Scribest, 2018 ; À l’heure d’Israël / Léon Askénazi, André Chouraqui – Albin Michel, 2018