Titre

Renaissances arabes

Sous titre

7 questions clés sur des révolutions en marche

Auteur

Michaël Béchir Ayari et Vincent Geisser

Type

livre

Editeur

Les éditions de l’Atelier, octobre 2011

Prix

18 €

Date de publication

5 mars 2013

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Renaissances arabes

Paru quelques mois seulement après les « révolutions arabes », voici un livre à destination d’un grand public éclairé. Livre à chaud mais appuyé sur des années d’analyses et directement nourri par les travaux de l’IREMAN (Institut de Recherche et d’études sur le monde arabe et musulman) à Aix-en-Provence.

Mettant en perspective les événements de l’année 2010-2011 sur la toile de fond des situations économique et géo-politique mondiales, les deux auteurs universitaires ont pour objectif de déjouer les clichés journalistiques en sept questions :

  1. Révolutions bourgeoises ou révolutions populaires ? Munis d’une grille d’analyse marxiste, ils proposent un rapprochement avec la révolution de 1848 avant d’éclairer les singularités des contextes de ces révolutions.
  2. Des révolutions Facebook ? Alors que les acteurs des réseaux sociaux ont hâtivement revendiqué la paternité du Printemps arabe, les auteurs développent une critique du déterminisme technologique et de l’idéologie « d’une démocratie soft composée d’amis électroniquement reliés ».
  3. Des révolutions « vertes orangées » inspirées par les Etats-Unis ? Ils se penchent également sur les théories du complot véhiculées par internet, sur l’« effet Obama » après son discours du Caire et sur le nouveau « rêve arabe » de Washington, simple forme renouvelée d’hégémonie sur la région.
  4. Coup d’État militaires ou révolutions civiles ? Ils explorent le rôle joué par les différents acteurs des sociétés arabes, au premier rang desquels les militaires.
  5. Des révolutions avec ou sans les femmes ? Même exploration du côté du rôle des femmes, urbaines ou rurales, islamistes ou non, apparues en nombre dans les manifestations.
  6. Révolutions démocratiques ou révolutions démographiques ? Enfin la place des jeunes, premiers touchés par la crise économique et sociale, apparaît le facteur déterminant dans le déclenchement du processus.
  7. Des révolutions laïques ou religieuses ? Cette question traverse en filigrane l’ensemble des analyses des deux auteurs qui se demandent quelle sera l’évolution de ces ‘Printemps arabes’ ? Un an après la parution du livre, la dynamique islamique semble en effet dominer. Mais le temps court ne devrait pas masquer la sécularisation qui travaille aussi les sociétés musulmanes.

Dans ces réflexions préoccupées des tendances structurelles quoi qu’il en soit des intentions des acteurs – d’où un certain manque d’espérance – les amis de CDM trouveront de quoi approfondir leur compréhension de ces révolutions arabes. Pas d’idées simples et formatées mais la complexité bien articulée d’une toile de fond.

Reste à chacun à la relier à nos préoccupations pour la liberté religieuse, la liberté de conscience et la place des minorités religieuses, tous ferments spirituels d’évolution politique. Car on peut contester l’analyse marxiste pour qui la détermination des réalités politiques, culturelles et religieuses (la superstructure) provient uniquement des réalités matérielles ou des rapports de production, voire de la démographie (l’infrastructure). Les idées, la conscience, la créativité artistique et culturelle, bref tout ce qui relève du souffle de l’Esprit, ne seraient-ils pas plutôt la vraie infrastructure sous-jacente, la vraie réalité en germes et toujours à faire advenir ?

Alexandra Yannicopoulos Boulet