Titre

Méditerranée

Sous titre

Notre mer au XXIe siècle

Auteur

numéro dirigé par Matthieu Brun et Elen Lemaître-Curri

Type

livre

Editeur

Paris : L’Harmattan, juin 2022

Collection

Revue Confluences Méditerranée ; n°120

Nombre de pages

210 p.

Prix

21 €

Date de publication

16 août 2022

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Méditerranée : notre mer au XXIe siècle.

Ce numéro de la revue Confluences Méditerranée cherche à faire le point sur la situation actuelle de cette mer intérieure autour de laquelle vivent plusieurs centaines de millions d’habitants. Pour cela il faut d’abord sortir des schémas simplistes qui en font une sorte de lac immense orienté vers le tourisme et éventuellement vers la pêche.

En réalité, cette Mare Nostrum est d’abord un lieu stratégique de passage puisqu’elle jouit de trois sorties, le détroit de Gibraltar, les détroits turcs et le canal de Suez par où transite 35 % du commerce mondial.

Ce lac apparemment tranquille subit les changements de la politique internationale : après 1990, l’espoir d’un ordre mondial pacifié se répercute sur cet espace maritime. A partir de l’an 2000, il est marqué par la crise du terrorisme. Depuis quelques années, la puissance des riverains cherche à s’imposer d’une manière ou d’une autre. Dans ce qui devrait être un bien commun de l’humanité, les crises politiques de ces pays riverains rejaillissent sur la stabilité de l’ensemble : la zone orientale est plus que jamais une poudrière ; rivalités autour d’Israël, luttes fratricides pour la constitution d’un gouvernement en Libye, régime dictatorial en Syrie, décomposition économique du Liban. Le grand voisin turc a élaboré une doctrine navale où il découvre que la Méditerranée orientale ouvre pour lui l’accès à l’espace indopacifique, pour lui permettre de devenir une puissance globale. De même, le voisin russe a formé sa propre doctrine pour garder son influence dans cette zone, d’abord sur la mer Noire avec la reconquête de la Crimée, ensuite sur la Méditerranée avec son intervention en Syrie. Si les États-Unis se sont petit à petit retirés de cette zone, l’Union européenne commence modestement à s’y intéresser.

Cette description générale des tensions actuelles autour de la Méditerranée est encore compliquée par le surgissement de quelques problématiques nouvelles. Citons d’abord la question migratoire1 qui touche des centaines de milliers de personnes chaque année. L’immigration clandestine est particulièrement source de tensions dans les pays de départ et dans les pays d’accueil. Une économie criminelle s’est développée, notamment en Libye dont l’effondrement politique a ouvert la voie aux trafiquants. La migration est devenue une thématique très sensible dans les relations diplomatiques entre les deux rives de la Méditerranée.

Les dégradations de l’environnement forment un autre sujet encore plus complexe, parce que tous les pays riverains participent, à divers degrés, aux pressions anthropiques et climatiques qui s’intensifient. Or cette mer intérieure subit un changement climatique supérieur à la moyenne mondiale : on y prévoit un réchauffement de 2,2° vers 2040, alors que les prévisions planétaires ne sont que de 1,5°. Tous les écosystèmes sont bouleversés. Il faudra donc réinventer les activités économiques dépendantes de la mer, d’autant que 20 millions d’habitants sont vulnérables à la hausse du niveau des mers. Seuls des progrès dans la coopération peuvent freiner ces évolutions inquiétantes.

Le développement de l’énergie éolienne, notamment offshore, est une autre source de tension dans des espaces maritimes qui sont déjà très sollicités. Là encore, il faudra faire des choix entre l’opposition frontale des puissances et la recherche de transitions par la coopération.

Dans la course de plus en plus cruciale aux énergies, la découverte du gaz en Méditerranée orientale vient ajouter un motif de débat très tendu sur la délimitation des frontières maritimes, notamment entre la Turquie, la Grèce et la république de Chypre. Il s’ensuit une dangereuse militarisation de cette zone.

Ce parcours remarquable effectué par ce numéro de la revue Confluences Méditerranée2 montre l’importance cruciale d’une coopération internationale qui permette des accords entre les riverains de cette grande mer intérieure. Si la volonté politique de travailler pour le bien commun de tous venait à manquer, ce sont les populations environnantes qui en subiraient de très graves conséquences.

Pierre de Charentenay

Institut catholique de la Méditerranée, Marseille (ICM)

Notes de la rédaction

1 Sur les Migrants, réfugiés et demandeurs d’asile, voir la liste de nos recensions, au 03/07/2022, dans la série “Regards” sur ce thème.

2 Cf. Matthieu Brun, membre du comité de rédaction de la revue Confluences Méditerranée et Elen Lemaître-Curri (adjointe au directeur du Centre International de Hautes Études Agronomiques Méditerranéennes /Institut Agronomique Méditerranéen de Montpellier.

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