Titre

L'islam au pluriel

Sous titre

Foi, pensée et société : [actes du 1er Congrès international de PLURIEL]

Auteur

Ali Mostfa et Michel Younes (sous la direction de)

Type

livre

Editeur

Paris : L'Harmattan, 2018

Collection

Pensée religieuse & philosophique arabe ; 36

Nombre de pages

326 p.

Prix

34 €

Date de publication

25 janvier 2019

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L’islam au pluriel

Ali Mostfa et Michel Younes, de l’Université catholique de Lyon[1], ont rassemblé dans cet ouvrage, consacré aux Actes du Premier Congrès international de PLURIEL[2], 16 contributions. Younès, ayant dans sa préface utilement résumé ces exposés, nous avons relevé plusieurs axes communs dans les trois approches : géopolitique, théologique et sociétale.

Georges Corm[3], présentant les principaux inspirateurs de l’islam djihadiste contemporain, Ibn Taymiyya (1263-1328), Sayyed Qutb (1906-1966), Abu Ala Mawdudi (1903-1979), regrette que la théologie musulmane soit réduite à ces « trois puritains » (p.25), « maîtres à penser des idéologies islamistes contemporaines » (Leïla Babès, p.183). Le poète Adonis rappelle que sur 3000 versets coraniques, 518 portent sur le châtiment, 370 sur les supplices (p.92).

Plusieurs contributeurs soulignent combien « l’islam est resté fondamentalement absolutiste, confondant politique et religieux » (Michel Younès p.119) et que « l’hégémonie de la religiosité légaliste réduit la foi au licite/illicite» (Adnane Mokrani p.110). L’apostasie est punie de mort dans 8 pays  (Hamadi Redissi p. 201). « L’adultère, homme ou femme, doit être lapidé, l’homosexuel décapité ou lapidé» (Jaume Flaquer p.57). En fait, les fatwas accusant de blasphème les artistes, les intellectuels, sont en adéquation avec des législations étatiques tyranniques (Hamadi Redissi p.198).

La défense de la Charia se confond avec la défense de l’absolutisme politique (Leïla Babès p.187). Ainsi, le phénomène islamiste, fait « de pauvreté intellectuelle et d’ignorance de la pensée » (Leïla Babès p.179) est-il prôné par les Frères Musulmans, pour lesquels « la compréhension de  l’islam doit s’en tenir au Coran, à la Sunna et aux pieux ancêtres » et par les néosalafistes « combattants et violents,  qui veulent s’abstraire de l’histoire » (Haoues Seniguer p.61).

La « lecture belliciste  du Coran et de la Sunna » a créé depuis les années 1980 le concept de « purifier la terre et d’unifier les croyants » (Emmanuel Pisani p.88-89), par les mouvances terroristes en Libye, au Yémen, en Syrie, en Irak et en Occident (Georges Corm p.27). Les recruteurs des djihadistes justifient ainsi les massacres des non-musulmans ou des renégats. (Marco Demichelis p.235). Si bien que « cette violence amenuise considérablement la capacité de l’islam à témoigner de la maîtrise de ses textes fondateurs. (Emmanuel Pisani p.99). En France, Gilles Kepel constate que l’islam extrémiste cause des actions violentes tandis que, pour Olivier Roy, l’islam devient excuse pour le passage à la violence dans la mesure où l’islam des djihadistes est un vernis superficiel et que criminels, drogués, alcooliques versent dans la radicalité en quête d’une idéologie totalitaire qui leur rendrait leur dignité ! (Jaume Flaquer p. 54 à 59).

Emmanuel Pisani (p.94), Adnane Mokrani (p.108), Michel Terestchenko (p.95), reconnaissent une forme d’islam non-violente, qui s’appuie sur certains versets du Coran comme « Qui tue une personne tue l’humanité » (Sourate V, 32) ou « Quiconque pardonne aura sa récompense » (Sourate XLII, 40) ; l’école mutazilite du temps des Abbassides, donna la priorité à la raison, rappelant que l’homme est créateur de ses actes et que le Coran a été créé dans l’histoire et non au-dessus. Quant à l’islam qui se répand en Europe, sa diversité confessionnelle, linguistique, culturelle, nationale devrait l’européaniser (Stefano Allievi p.214).

Les directeurs de cette publication sont à féliciter pour avoir permis aux participants de ce Colloque de faire connaître à un large public des débats souvent réservés à des spécialistes.

Christian Lochon

 

[1] Ali Mostfa est maître de conférences à l’Université catholique de Lyon (UCLy) et chercheur associé au Centre d’études des cultures et des religions (CECR). Michel Younès est professeur de théologie à l’UCLy, directeur du CECR et coordinateur de la Plateforme universitaire de recherche sur l’islam en Europe et au Liban (PLURIEL).

[2] PLURIEL a tenu son 1er Congrès international à l’UCLy, Université catholique de Lyon, du 6 au 9 septembre 2016.
Pour visiter son site, cliquer sur PLURIEL

[3] Pour écouter l’intervention de Georges Corm : Dénoncer les manipulations du religieux dans les conflits géopolitiques, cliquer ICI (durée 47 mn)