Recension

Titre

L'étranger

Auteur

Yves Saoût

Type

livre

Editeur

Nouvelle Cité, 2013

Collection

Ce que dit la Bible sur…

Nombre de pages

125 p

Prix

13€

Date de publication

7 décembre 2016

L’étranger

 

 

L’étranger ! On en parle beaucoup dans les propos de table, les réunions politiques et les médias, souvent à tort et à travers ! Il est important de savoir ce que nous en dit la Bible, car la Parole de Dieu doit nous pousser à l’action.

Bénédicte Draillard, directrice de la collection « Ce que dit la Bible sur… », a eu la bonne idée de s’adresser à Yves Saoût, prêtre du diocèse de Vannes. C’est un bibliste reconnu,  souvent drôle  et toujours soucieux de se référer à l’actualité. Longtemps missionnaire au Cameroun dans une région frontalière, puis en Bolivie ; responsable à Brest de la « pastorale des migrants », il  a perçu la détresse de ceux qui sont obligés de quitter leur pays et que nous appelons migrants et aussi réfugiés. Ils embarrassent les pouvoirs publics et suscitent la méfiance des populations. Il est vrai que de tout temps et dans toute société les relations entre indigènes et étrangers ont posé problème. Aujourd’hui le problème se pose au niveau mondial.

Naturellement, les citations bibliques abondent dans cet ouvrage. La première est tirée  du Lévitique  au chapitre 19, 33-34 : « Quand un émigré viendra s’installer chez toi, dans votre pays, vous ne l’exploiterez pas […], vous le traiterez comme un indigène, comme l’un de vous ; tu l’aimeras comme toi-même ; car vous-mêmes avez été des émigrés dans le pays d’Egypte. » (p.7). Le Dieu de la Bible est proche de ceux qui sont sans appui, tels sont l’étranger, la veuve et l’orphelin. (Ps 145, hébreu146, 9). Cette conviction éclairera le parcours que le livre nous propose. Toutefois, pour le peuple qui reçut le premier la Révélation du Dieu unique, l’étranger peut être un piège qui entraîne à l’idolâtrie, St Pierre s’en fait l’écho chez le centurion Corneille à Césarée : « Comme vous le savez, c’est un crime pour un Juif que d’avoir des relations suivies ou même quelque contact avec un étranger. Mais, à moi, Dieu vient de me faire comprendre qu’il ne fallait déclarer immonde ou impur aucun homme. » (Ac 10, 28, cité p.92.)

En familier de la Bible,  l‘auteur sait que les récits nous marquent plus que les discours. Il guide notre voyage à travers les Ecritures qui nous racontent nombre d’anecdotes, historiques ou légendaires, pittoresques ou tragiques,  dont il tire en peu de mots la signification. La liste des chapitres est évocatrice : « 1. L’amour du pays natal. 2. Problèmes de voisinage. 3. Ennemis ou alliés. 4. Réfugiés politiques. 5. Migrants économiques. 6. Le rejet et la peur 7. Intégration et acculturation. 8. Jésus et les étrangers. 9. Juifs et païens devant la Bonne Nouvelle. 10 Les réflexions de l’apôtre Paul. 11. Dieu aime la diversité dans l’unité. 12. L’étranger, c’est Jésus. » Tel est le mot de la fin !

L’auteur a terminé son  ouvrage une semaine après le drame du 2 octobre 2013 des immigrés de Lampedusa[1]. Il  y a ajouté un bref épilogue qui s’achève ainsi : « Le parcours biblique que nous avons fait invite fortement les habitants des pays du nord à accepter des mesures dérangeantes. Il n’est pas besoin d’épiloguer davantage… » Hélas ! Que dirait-il trois ans après ?

fr. Jean Delarra, o.p.

[1]En une dizaine d’années 3.300 personnes ont péri aux abords de cette île.

Lire le remarquable éditorial de Dorothée Werner dans le magazine Elle du 11/10/2013 : http://www.elle.fr/Societe/Edito/Lampedusa-la-liberte-naufragee-2612683