Titre

Les voies de la puissance

Sous titre

Penser la géopolitique au XXIe siècle

Auteur

Frédéric Encel

Type

livre

Editeur

Paris : Odile Jacob, mars 2022

Nombre de pages

303 p.

Prix

24,90 €

Date de publication

16 août 2022

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Les Voies de la puissance : penser la géopolitique au XXIe siècle.

Penser la géopolitique au XXIe siècle, telle est, en sous-titre, l’entreprise de ce livre de Frédéric Encel. Mesurer les voies de la puissance en est bien le moyen essentiel. L’auteur a divisé ce champ immense en trois parties très logiques. Il s’agit d’abord de prendre la mesure des forces de la puissance. En deuxième partie, il jette un regard sur les premiers acteurs de cette puissance en passant en revue les nations du monde, en commençant par les Etats-Unis. La troisième partie examine les acteurs non étatiques présents sur cette planète. Reprenons ces trois parties.

L’exposé des forces de la puissance est fait dans un ordre plein de sens, les plus importants étant discutés les premiers. Il est remarquable de voir que l’auteur a commencé sa série par ce qu’il appelle “les représentations d’un soi collectif”, c’est-à-dire l’unité de la population autour d’une culture et d’un président, la force de l’élan démocratique que l’on observe par exemple aujourd’hui en Ukraine. Il se fonde dans ce cas sur un sentiment national renforcé par l’agression extérieure. Les forces religieuses peuvent y contribuer, ainsi que l’esprit national, mais aussi la langue et la culture.

Le deuxième élément de force, dans les relations internationales, réside dans la démographie, mais pas n’importe comment : une population importante n’est pas suffisante.

Le troisième élément de la puissance est manifesté par les forces armées, leur qualité et leur capacité de projection, leur financement. Les moyens de dissuasion sont aussi importants que l’exercice des armes elles-mêmes.

Le quatrième élément de force est formé par la diplomatie et le renseignement. Les mots, les gestes suffisent parfois à exercer une pression, à dénouer une crise. Derrière ces actions publiques ou secrètes, derrière aussi les capacités du renseignement, se profilent d’autres moyens, souvent appelés soft power : la culture, la langue.

Il faut encore compter sur les capacités économiques, l’extension des marchés et des réseaux commerciaux, comme le fait la Chine aujourd’hui en Afrique. On le voit, les expressions de la puissance sont variées. L’auteur en donne mille exemples concrets dans l’histoire et l’actualité.

La deuxième partie de l’ouvrage tourne autour des acteurs nationaux.

L’exposé est ici plus classique, mais en tentant de donner à chaque pays une description aussi bien diplomatique que culturelle. Les États-Unis occupent la première place grâce aux facteurs positifs dont ils ont hérité dès leur naissance. Suit la Russie, une grand puissance pauvre, gigantesque mais peu peuplée et toujours autocrate. Enfin la Chine, immensément peuplée et se développant très rapidement.

L’Europe de son côté est paralysée par des divisions et une tendance au pacifisme qui affaiblissent sa capacité d’influences et de projections. Elle pourrait atteindre plus d’autonomie continentale en allant vers plus de fédéralisme, mais l’hypothèse d’un déclassement sous parapluie américain n’est pas à écarter, comme celle d’une Europe à plusieurs vitesses. Ces pages sur l’Europe sont évidemment à relire autrement depuis le début de la guerre en Ukraine. Cette deuxième partie s’achève par l’étude d’une vingtaine de cas nationaux, autant de regards pointus et stimulants.

Les relations internationales sont aussi animées par des acteurs non étatiques : ce sont les différentes branches de l’ONU, les multiples ONG internationales et les associations économiques d’États. Elles comprennent les géants privés du commerce et de la finance, des multinationales de toutes sortes comme les GAFAM [Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft] dont la capacité économique dépasse celle de nombreux États.

L’auteuri évoque un autre secteur, celui des civilisations et des religions, mais aussi celui des opinions publiques, voire des mafias, dont les Etats doivent tenir compte. Partout il faut négocier, naviguant souvent entre la realpolitik et l’inspiration éthique. Les multiples puissances examinées dans ce livre s’exercent sur une scène mouvante et dont l’examen reste toujours provisoire.

Pierre de Charentenay

Institut catholique de la Méditerranée, Marseille (ICM)

Note de la rédaction :

i De Frédéric Encel, à lire sur notre site : L’Autorité palestinienne, cible du Hamas, Le Monde, 22/11/2012.

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