Les Palestiniens, n°106 de la revue L’Histoire.

Les collections de “L’Histoire” sont toujours bienvenues pour éclairer les problématiques du temps présent. Aérés, illustrés et faisant appel aux meilleurs spécialistes de la question traitée, les différents numéros permettent généralement d’entrer dans la complexité de notre actualité par le biais du passé, avec grande pédagogie.

Le numéro de janvier-mars 2025 ne fait pas exception et réussit encore une fois le pari d’allier une lecture agréable et la richesse de l’analyse à l’approche d’un sujet bien délicat, à savoir l’histoire des Palestiniens. Et ce, plus d’un an après le terrible choc provoqué par l’attentat du 7 octobre 2023 commis par le Hamas et suivi de la réaction dévastatrice de l’État d’Israël.

“L’Histoire” propose ici quelques brillantes clefs de lecture, et répond à sa manière à la situation désespérante de la Bande de Gaza et de sa population. Certes, le conflit israélo-palestinien revient régulièrement dans les colonnes du magazine, mais ce numéro a l’originalité d’être centré sur l’histoire contemporaine des Palestiniens.

On lira ainsi avec grand intérêt l’article introductif du professeur Maurice Sartre sur les origines du nom “Palestine”, mais le numéro est dédié aux cent-cinquante dernières années.

“L’Histoire” approche en fait la question palestinienne en trois parties successives : de la création d’une circonscription ottomane autour de Jérusalem en 1872 à la fin du mandat britannique, au lendemain de la Seconde guerre mondiale, de la Nakba à l’émergence de l’Organisation pour la Libération de la Palestine (OLP), et de la première intifada en 1987 à la crise actuelle.

Parmi les experts convoqués dans ce numéro, Henry Laurens du Collège de France, Vincent Lemire de l’Université Gustave-Eiffel, Alain Dieckhoff du CNRS seront sans doute déjà bien connus de nos lecteurs. On trouvera aussi un entretien traduit de l’anglais avec Eugene Rogan de l’Université d’Oxford et quelques autres signatures toutes bien renseignées.

L’un des grands atouts de ce numéro, essentiel pour aborder la question, demeure cependant la présence de multiples cartes géographiques qui sont habilement regroupées dans un cahier introductif aux côtés d’une chronologie générale, comme des nombreux graphiques et illustrations. Bref, ce numéro sera utile tant aux étudiants et chercheurs qu’à un lectorat moins spécialisé mais avide d’entrer dans les dédales d’une des questions les plus complexes de notre temps.

Rémi Caucanasⁱ