Titre
L’Eglise et les religions, cinquante ans après Vatican IISous titre
Revue Chemins de Dialogue ; n°48Auteur
Xavier Manzano, dir.Type
livreEditeur
Marseille : Publications Chemins de dialogue, 2016Nombre de pages
265 p.Prix
20€Date de publication
19 janvier 2018L’Église et les religions, cinquante ans après Vatican II
L’Institut de sciences et théologie des religions (ISTR) est un département de l’Institut catholique de la Méditerranée (ICM). Il en constitue un élément fondamental dans une ville aussi cosmopolite que Marseille. Son influence dans la vie de la cité est reconnue par les acteurs de la vie religieuse et par les responsables de la société civile.
Le concile Vatican II s’est préoccupé des relations entre l’Eglise catholique et les autres religions. On connaît son insistance sur le travail œcuménique. Il poursuivit le même effort en faveur du dialogue interreligieux, en particulier par la Déclaration « Nostra aetate » sur L’Eglise et les religions non chrétiennes (28 octobre 1965). Le numéro 48 de la revue semestrielle Chemins de dialogue, fondée par l’ISTR, consacre à cet anniversaire 11 articles[1].
Le premier article, concernant le judaïsme (Vatican II condamne la Shoah et toute violence à caractère ethnique), ouvre une série de deux autres textes sur la religion comme désir de la rencontre, et sur les changements de perspective dans les rapports avec le judaïsme.
Suivent cinq contributions sur la situation de l’Islam en France. Elles sont de grand intérêt parce qu’elles reflètent trois préoccupations majeures : une analyse de la manière dont les musulmans interprètent leur situation actuelle et le regard porté sur eux ; l’urgence de sortir d’une lecture fondamentaliste[2] ; enfin la tentation sectaire de la violence radicale. Le dialogue islamo-chrétien ne saurait éviter ces thèmes, non seulement par souci de vérité, mais tout autant pour que le dialogue fasse progresser les partenaires.
Puis arrive un ample florilège de textes du pape François sur le dialogue interreligieux. Le pape met en avant l’attitude de sortir de soi pour aller à la rencontre de l’autre. Beaucoup plus qu’un échange de paroles, il s’agit d’un vrai partage de l’existence de cet autre. De 2013 à la fin de 2016, quinze discours sont cités, plus ou moins longuement, prononcés en divers pays où les catholiques sont minoritaires.
Enfin, cinq apports traitent du pardon (Claire Ly), du bouddhisme et de l’importance du dialogue entre croyants comme chemin vers la paix.
Il est toujours difficile de rendre compte d’une série d’articles qui embrassent un si vaste domaine ! Pourtant, loin d’en rester à une juxtaposition, cet ensemble souligne trois faits importants.
D’abord, l’intérêt du dialogue interreligieux. Il oblige une religion à se dire à elle-même la manière dont elle se comprend pour être compréhensible aux autres, donc à se laisser conduire, par leurs questions, vers l’essentiel qui l’anime.
Ensuite, ces articles soulignent la vitalité de ce dialogue. Malgré ses difficultés, il éloigne les incompréhensions et rappelle combien Dieu reste le mystère qui attire.
Enfin, il rappelle à quel point la recherche de Dieu comprend des implications sociales dans une paix fraternelle et la poursuite de la justice pour le bien des hommes. Pour ces raisons, l’étude de ce numéro est de grand intérêt.
Albert Rouet, Archevêque émérite de Poitiers
[2] [Note de la rédaction] Sortir d’une lecture fondamentaliste, c’est « revisiter le Coran et la manière de l’interpréter ; replacer la Sunna et le droit à leur juste place [pour éviter] la tendance à tout sacraliser, à la fois le texte coranique sacré et atemporel mais aussi les interprétations qui relèvent d’une élaboration humaine datée et historicisée. » cf. article de l’imam Abdessalem Souiki : entretien avec Colette Hamza et Christophe Roucou, p. 81 et 82.