Titre
L’affolement du mondeSous titre
10 enjeux géopolitiquesAuteur
Thomas GomartType
livreEditeur
Paris : Tallandier, janvier 2019Collection
EssaisNombre de pages
317 p.Prix
20,50 €Date de publication
14 mai 2019L’affolement du monde. 10 enjeux géopolitiques
Ce livre se présente comme une encyclopédie des questions internationales divisée en 10 dossiers : la Chine, l’énergie, la puissance américaine, le contrôle de l’espace, la résurgence de la Russie, les bruits de guerre, l’Europe déboussolée, la guerre commerciale, la Méditerranée, les migrations. Chaque dossier, très documenté, fait appel à des connaissances historiques, économiques, et politiques bien sûr. Il est impossible de donner des détails sur tous ces thèmes.
J’en choisis quelques-uns : savez-vous par exemple que trois ensembles ont des économies de force presque égale, la Chine avec 19 630 milliards de dollars de RNB[1], l’UE avec la même somme et les USA avec 18 496 (p. 201). Vous pouvez imaginer la lutte que se mènent ces partenaires-adversaires au moyen de politiques commerciales, de politiques d’investissement, de programmes d’assistance. Ils peuvent aussi être tentés d’être coercitifs, au moyen de sanctions par exemple, de politiques énergétiques, et maintenant d’actions cybernétiques.
Dans ce jeu à trois bandes, Donald Trump fait figure d’empêcheur de tourner en rond en choisissant, sur de multiples dossiers, l’antagonisme et non l’équilibre. Il refuse le leadership assuré traditionnellement par les États-Unis pour privilégier une politique de compétition et de domination (p. 97).
Dans ce concert des puissances, l’Europe est déboussolée, affirme Thomas Gomart. L’euro apparait comme un boulet mal maîtrisé, les migrants mettent une pression nouvelle sur les gouvernements, la défense commune ne réussit pas à prendre consistance.
Là-dessus la Grande-Bretagne vient troubler le jeu en imposant les conditions de son Brexit qui divise autant les Britanniques que les autres Européens. Ainsi, « l’affolement du monde est perceptible en Europe plus qu’ailleurs » (p. 192).
Ces diverses questions géopolitiques ne doivent pas occulter la préoccupation majeure du monde actuel, le réchauffement climatique qui fait maintenant partie de la géopolitique. M. Trump en arrivant au pouvoir a commencé par se retirer de l’Accord de Paris[2] créant un dangereux précédent dans les essais de gestion commune de l’avenir de la planète. Il a ensuite libéralisé le développement de l’extraction du pétrole faisant des États-Unis le premier producteur mondial et bientôt un exportateur net.
Au lieu d’une attitude productiviste, il faudrait au contraire tenter de contrôler les formes de notre développement afin d’assurer que le réchauffement climatique ne dépasse pas 2°. Mais comme le dit notre auteur dès la première page, Donald Trump est un symptôme d’emballement, de perte de contrôle du système international.
En forme d’épilogue, Thomas Gomart[3] se demande si la France n’est pas elle-même affolée. A son avis elle n’est pas suffisamment préparée au rôle qu’elle pourrait jouer, celle d’une force motrice de l’Europe pour une autonomie plus grande du continent. Elle devrait poser la question du sens de la mondialisation, loin d’une compétition brutale entre la Chine et les États-Unis.
Pierre de Charentenay
[1] Revenu National Brut. Pour en savoir plus sur le Budget et le RNB de l’UE, cliquer ICI
[2] L’Accord de Paris sur le climat, a été adopté le 12/12/2015. On pourra lire ses 29 articles en cliquant ICI
[3] Thomas Gomart est historien des relations internationales, directeur de l’Institut français des relations internationales (IFRI) depuis 2015. Il est membre des comités de rédaction de Politique étrangère, de la Revue des deux mondes et d’Etudes dont il assure la chronique internationale.