Titre

La diplomatie au défi des religions

Sous titre

Tensions, Guerres, Médiations

Auteur

Denis Lacorne, Justin Vaïsse, Jean-Paul Willaime  

Type

livre

Editeur

Odile Jacob, Octobre 2014

Nombre de pages

360 p.

Prix

24,90 €

Date de publication

7 juillet 2015

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La diplomatie au défi des religions

Cet ouvrage est le fruit d’un colloque international tenu en novembre 2013 à Paris, au Centre d’études et de recherches internationales (CERI-Sciences Po). Politologues, historiens, sociologues et philosophes, ainsi que diplomates tentent de répondre à la question : quelle est la place et le sens du fait religieux dans les conflits ?

En introduction, Laurent Fabius souligne les trois défis auxquels se trouve aujourd’hui confrontée la diplomatie : instrumentalisation de la religion ; sort des minorités ; place croissante du fait religieux dans les affaires internationales. Régis Debray voit dans « l’ethnicisation » des conflits et leur confessionnalisation un contre-effet de la mondialisation néolibérale, le religieux se chargeant de politique lorsque l’Etat se déleste de valeurs idéologiques.

Une première partie : « Religion, histoire, conflits »,  interroge la relation entre ces trois termes dans l’histoire européenne de ces derniers siècles, en décèle les dynamiques à l’œuvre, ainsi que l’incroyable violence, et rappelle quelles ont été, en leur temps, les solutions pour sortir de conflits à dominante religieuse.

Une deuxième partie : « Comprendre les conflits contemporains », apporte différents éclairages sur la situation au Moyen-Orient. Pour Olivier Roy, les « printemps arabes » témoignent d’un conflit de générations dans lequel les classes plus jeunes, revendiquant des libertés individuelles, s’opposent au sécularisme autoritaire des aînés, promouvant ainsi une nouvelle place pour le religieux. Analysant les évolutions en Afrique et en Turquie, Jonathan Laurence en conclut que les sécularistes et les libéraux devraient viser la réforme de l’islam d’État plutôt que son désétablissement, afin d’éviter la dérive fondamentaliste.

Stimulante, la troisième partie : « Laïcités comparées », nous entraîne dans une mise en perspective des différentes formes de la laïcité au sein de l’Union européenne. Cécile Laborde établit quelques traits universels de la relation entre laïcité et démocratie : laïcité de juridiction (séparation du spirituel et du séculier) ; laïcité de justification (neutralité constitutionnelle et politique) et laïcité de présentation (restriction des signes publics d’appartenance religieuse). Cependant, cette laïcité minimale assez abstraite ne doit pas faire oublier la part culturaliste des formes de laïcité qui se sont imposées dans chaque pays. Entre militantisme « laïcard » et multiculturalisme, elle défend le principe d’une laïcité critique inspirée, entre autres, par la pratique des « accommodements raisonnables ».

De la quatrième partie : « Droit international et liberté religieuse », on retiendra surtout l’apport de Louis-Léon Christians montrant, qu’en la matière, la jurisprudence de la Cour européenne des Droits de l’Homme s’est accélérée depuis le début des années 90. Assez fluctuante, cette jurisprudence navigue entre deux balises fermes : l’exigence de pluralisme et celle de neutralité de l’État.

Enfin une dernière partie : « Points de vue d’acteurs », présente – trop rapidement – quelques expériences concrètes de diplomates, d’associations laïques chrétiennes (Sant’Egidio) et d’entreprises (Total).

Laure Borgomano


N.B. Auteurs de l’ensemble des contributions :  Laurent Fabius, Régis Debray, Olivier Christin, Theodor Hanf, Olivier Roy, Maha Abdelrahman, Christophe Jaffrelot, Jonathan Laurence, Cécile Laborde, Philippe Portier, Amandine Barb, Peter Mandaville, Matthias Koenig, Louis-Léon Christians, Pierre Morel, Andrea Riccardi, Joseph Maïla, Christophe de Margerie et Pierre Vimont.