Titre

La Chine, nouvel acteur méditerranéen

Sous titre

dossier de la revue Confluences Méditerranée ; n°109

Auteur

Saïd Belguidoum et Farida Souiah, sous la dir. de

Type

livre

Editeur

Paris : L’Harmattan, 19/08/2019

Nombre de pages

150 p. (p. 9 à 160)

Prix

21€

Date de publication

26 septembre 2019

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La Chine, nouvel acteur méditerranéen

La revue trimestrielle, Confluences Méditerranée, créée en 1991[1] pour aborder les grandes questions politiques et culturelles qui concernent les peuples du bassin méditerranéen, nous propose un numéro sur les relations de la Chine avec les pays de la Méditerranée.

Une petite douzaine d’articles traitent d’abord de manière générale des « nouvelles routes de la soie » qui mènent de Pékin au sud de l’Europe et au nord de l’Afrique. Ils parcourent ensuite des points plus particuliers comme les relations de la Chine avec le Maroc, l’Algérie, l’Égypte, l’Espagne, les Balkans et le conflit israélo-palestinien.

Plusieurs observations traversent ces différents textes qui sont extrêmement précis et bien informés. Les auteurs constatent d’abord la stratégie de la Chine depuis une vingtaine d’années vers un développement des relations avec les pays du bassin méditerranéen, avec des visées diversifiées : sur les rives nord, il s’agit d’entrer en relation avec le savoir-faire des pays les plus avancés pour développer les industries de valeur stratégique (équipements électriques, électroniques, compétences automobiles ou aérospatiales, y compris le vin) ; sur les rives sud, il s’agit de trouver des terres d’expansion de l’industrie chinoise, voire d’y implanter des usines à capitaux chinois, dans une dynamique qui pourrait s’apparenter à un développement colonial. Les pays du nord de l’Afrique trouvent à cette installation les avantages d’une substitution au rôle des anciens pays coloniaux.

Cette stratégie volontariste s’accomplit selon deux méthodes : par en haut ou par en bas. L’exemple de Marseille, très précisément étudié, montre comment l’État s’est engagé dans le soutien de l’implantation de l’usine de l’entreprise Quechen à Fos-sur-Mer, le plus gros investissement industriel chinois pour une nouvelle usine en France. En même temps, la ville de Marseille créait un comptoir mondial pour les grossistes chinois dans le 16e arrondissement, International Fashion Center ou MIF68, qui allait devenir le rendez-vous des grossistes chinois de la région et de toute la France. La mondialisation par le bas permettra à 200 boutiques de vendre les produits chinois à des clients nord-africains ou européens.

Les moyens pris par la Chine passent essentiellement par une stratégie de l’infrastructure, que l’on a regroupée sous le titre global de « nouvelle route de la soie », où la stratégie maritime est centrale (12 à 14 millions de conteneurs par an). D’où une politique très précise autour des ports de la Méditerranée, soit par des achats majoritaires ou des participations minoritaires. Si un lien ferroviaire transcontinental, qui a relancé le mythe de la route de la soie, existe depuis quelques années, il reste marginal dans cette stratégie entre l’Europe et la Chine (un demi-million de conteneurs).

L’empire du milieu cherche à séduire les pays concernés par cette offensive tous azimuts en parlant de stratégie gagnant-gagnant. Il confirme son intérêt pour les pays du bassin méditerranéen par la présence de multiples commerçants chinois et le récent développement du tourisme (100 000 touristes chinois au Maroc). Les formes de la présence chinoise sont diversifiées.

Comme on le voit à travers tous ces articles[2], la Chine est entrée de manière délibérée et très active dans une mondialisation discrète qui lui demande beaucoup d’investissements mais dont elle se trouve à long terme une gagnante très efficace. Ce modeste compte rendu ne peut signaler toutes les richesses de ce numéro, notamment la particularité du cas algérien, l’action distanciée et très retenue dans le conflit israélo-palestinien, ou l’étonnant chassé-croisé de l’Europe et de la Chine dans les Balkans.

Pierre de Charentenay

 

Notes de la rédaction

[1] Publiée par l’Institut de recherche et d’études Méditerranée Moyen-Orient (iReMMO)

Directeur de publication : Jean-Paul Chagnollaud ; Rédacteur en chef : Pierre Blanc

[2] Voir le sommaire du dossier