Titre

Histoire de Jérusalem

Auteur

Michael Jasmin

Type

livre

Editeur

Paris : PUF, sept. 2018

Collection

Que sais-je ? : Histoire ; n°4103

Nombre de pages

127 p.

Prix

9 €

Date de publication

28 novembre 2018

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Histoire de Jérusalem

Raconter en 127 pages quatre mille ans d’une ville qui a transformé l’histoire de l’humanité, impose des choix narratifs fondamentaux.

Michael Jasmin, archéologue de formation, a choisi de traiter plus particulièrement l’histoire antique de Jérusalem à la lumière des fouilles archéologiques considérables réalisées depuis le début des années 2000 qui conduisent à repenser notablement cette histoire.

Son récit[1] vient combler une curieuse lacune : l’absence d’ouvrages de synthèse accessibles en français, à l’exception toutefois de la remarquable étude publiée en 2016 sous la direction de Vincent Lemire[2] à laquelle Michaël Jasmin renvoie le lecteur à plusieurs reprises et dont son ouvrage se veut le complément.

L’auteur s’est tout d’abord confronté au problème singulier des sources que pose toute étude sur Jérusalem. Il  existe en effet, une source particulière concernant l’histoire de cette cité qui pendant longtemps a éclipsé toutes les autres : la Bible. Elle contribue, selon lui, à entretenir « un imaginaire biblique vieux de trois mille ans » qui entre en conflit avec « l’histoire historienne ». Il rappelle à ce propos l’écart temporel qui sépare l’époque du texte biblique – l’âge de Fer – de celui de sa rédaction, un demi- millénaire plus tard.

Sans écarter la source biblique, il se propose de la resituer dans une perspective historique à partir des autres sources en particulier archéologiques. C’est précisément l’un des intérêts essentiels de son travail.

Se référant notamment aux travaux de l’archéologue israélien Israël Finkelstein[3], Michaël Jasmin, montre comment la confrontation avec les sources extrabibliques, au demeurant rares et incertaines avant la période gréco-romaine, conduit à remettre en cause certaines représentations  de la geste biblique telle que la construction, au Xe siècle avant notre ère par David et Salomon, d’un royaume unifié  dont Jérusalem aurait constitué une capitale au rayonnement international (p. 34-35). L’époque incertaine de la fondation de la Jérusalem cananéenne, modeste village des collines de Judée, probablement au IIe millénaire avant notre ère est, elle aussi,  au cœur d’un débat délicat (p. 19-20).

Il expose, dans le même sens, les incertitudes que les recherches archéologiques ont fait naître sur l’existence du palais de David et l’implantation du temple de Salomon, « le temple introuvable de Salomon » (p. 35-37).

Il montre comment tous ces travaux, sur une période ancienne de trois mille ans, ont une résonance considérable dans le contexte politique actuel du conflit israélo-palestinien.

Sous sa plume, défilent les multiples occupants, envahisseurs, empires  successifs qui détruisent, rebâtissent, détruisent à nouveau la cité : Assyriens (721-609 av. J.-C.), Babyloniens (609-539 av. J.-C.), Perses (539-332 av. J.-C.), Lagides et Séleucides (332-141 av. J.-C.), Hasmonéens (141-63 av. J.-C.)…sur fond de violences qui parcourent tout l’espace méditerranéen[4].

Plus prolixes en sources écrites et archéologiques, les périodes hellénistiques et romaines apparaissent comme des ruptures majeures avant que n’advienne « la Jérusalem terrestre des chrétiens » (324-638 de notre ère) sous le règne de l’empire byzantin (p. 73-80).

Puis viendront, du VIIe[5]  au XXe siècle, les périodes musulmanes brièvement interrompues par le brutal intermède des croisades (1099-1187, puis 1187-1250) qui transformeront profondément la Ville jusqu’à l’entrée des troupes britanniques le 11 décembre 1917 (p.81-113).

A l’issue d’un survol de quatre millénaires, le XXe siècle qui, selon l’auteur, « marque le grand retour de Jérusalem dans les imaginaires et la géopolitique internationale » (p.117) est brièvement traversé (p.114-116). La Ville est désormais l’enjeu de deux revendications antagonistes en tant que capitale, de l’Etat d’Israël, créé le 14 mai 1948, et de celui de Palestine toujours attendu (p.116-117).

Toutes les périodes évoquées ont apposé leurs empreintes prestigieuses : temple d’Hérode, basilique du Saint-Sépulcre, églises romanes, dôme du Rocher et mosquée Al-Aqsa…qui témoignent hautement de la riche diversité des cultures d’où vient notre temps, mais aussi de leur lien indissociable ; ce qui conduit Michaël Jasmin à proclamer, après avoir évoqué les drames et les désastres de l’époque contemporaine, que le chemin de Jérusalem est de « s’ouvrir au partage » (p. 117).

Bernard Ughetto

 

[1] Cliquer sur : le sommaire

[2] Cliquer sur le titre : Jérusalem : histoire d’une ville-monde des origines à nos jours

[3] Israël Finkelstein, Directeur de l’Institut d’archéologie de l’Université de Tel-Aviv  est, avec Neil Asher Silberman, l’auteur de  La Bible dévoilée : les nouvelles révélations de l’archéologie et de Les rois sacrés de la Bible : à la recherche de David et Salomon

[4] Cliquer sur le titre : Le monde méditerranéen : 15000 ans d’histoire / Alain Blondy

[5] Les musulmans conquièrent Jérusalem vers 638 après leur victoire sur les Byzantins, deux ans plus tôt, lors de la bataille du Yarmouk près de Tibériade (p.80).