Titre

En finir avec les idées fausses sur l’islam et les musulmans

Auteur

Omero Marongiu-Perria

Type

livre

Editeur

Ivry/Seine : Editions de l’Atelier, 16 mars 2017

Collection

En finir avec

Nombre de pages

224 p.

Prix

10 €

Date de publication

5 novembre 2017

En finir avec les idées fausses sur l’islam et les musulmans

Cet ouvrage de 222 pages a pour but « de déconstruire 82 idées fausses ou amalgames couramment véhiculés sur la religion musulmane » (p.15) comme le souligne son auteur, chercheur associé à l’Université de Nantes[1].

M.O.Marongiu-Perria part du fait contesté par les conservateurs qu’il « n’a existé qu’un seul islam depuis son avènement jusqu’à nos jours », car «  les musulmans se sont mélangés à des populations et des traditions religieuses que les contemporains du Coran n’avaient pas connues. » (p.18).  D’autre part, le fait que  « les juristes médiévaux voyaient l’application de la Charia sans avoir une interprétation concrète » montre leur incompétence.

Cet universitaire  musulman  prône le recours à « l’ijtihad » (exégèse moderne) du fait que « le Coran est le produit de la transcription humaine de la parole divine » (p.76), que les « historiographes musulmans ont inventé l’histoire de Muhammad guerrier et que la Sira (hagiographie du Prophète) est dépourvue de sources fiables. » (p.83) En fait, les batailles rapportées dans le Coran avaient peu de combattants ; « les sultans, parfois aidés par les théologiens, ont eu tendance à interpréter les textes religieux pour légitimer l’expansion guerrière ». (p.82).

Il ne faut surtout pas « réduire l’islam à son versant juridique et normatif. » (p.133). La liberté  de la femme est limitée par la charia, qui  reprend « des contextes sociétaux archaïques » comme la répudiation unilatérale par le mari. Il existe une confusion entre la culture arabe du VII e siècle  et le message du Prophète. » (p.154). Le statut des non-musulmans comme « dhimmis » par exemple, soumis à un impôt spécial et pas autorisés à participer à l’action politique n’est plus acceptable. Alors que l’esclavage est maintenu discrètement en Arabie Saoudite, au Soudan, en Mauritanie, et que « les Chrétiens ont fondu au Proche-Orient » (p.198) « poussés à l’exil par le djihadisme » (p.213), des populations musulmanes ont revendiqué « l’accès à la démocratie (sous le nom de « Printemps arabes ») sans renier leur ancrage historique à l’islam » (p.189).

A l’inverse, « le regard manichéen sur le monde des Salafistes conduit à des contestations politisées » (p.39) ; « les exactions commises par les djihadistes contre les édifices soufis, les destructions des édifices du culte des autres religions, les meurtres et l’éradication de populations » (p.67) font partie d’une stratégie de destruction du patrimoine historique des pays musulmans. Alors que le Coran (IV 3) recommande « Ne vous tuez pas vous-mêmes », des « fanatiques mettent en danger « le monde entier, y compris les autres musulmans. » (p.207).

En France, 15 à 20% des musulmans se déclarent sans religion, un tiers déclare consommer de l’alcool (p.108) ; le nombre de mosquées, 2450, est le même que celui des temples protestants, 2420. « 2073 personnes ont été identifiées comme enrôlées dans les filières syriennes ou irakiennes, 10 000 font l’objet d’un signalement pour radicalisation violente ». (p.210). La France, en 2050, devrait compter 11% de musulmans, 40% de catholiques, 45% ne se reconnaissant d’aucune appartenance religieuses (p.50).

Pour une deuxième édition, l’auteur et l’éditeur se devront de vérifier quelques coquilles ; orthographiques d’abord comme à la page 39 : « L’islam populaire est très EMPRUNT du culte de personnalités pieuses » (n’est-ce pas « EMPREINT » ?) ; ou à la p.187 « Copernic s’est inspiré des travaux de CES prédécesseurs al-Battani et al-Tusi » (au lieu de « ses »). A revoir également les chiffres : page 40, nous lisons « Les chiites représentent 8% des musulmans » et p. 54 « les chiites une minorité assez importante de 10 à 13% ». A revoir aussi p. 48, en note, « Le bahaïsme est né au Pakistan au XIX e siècle » ; mais le Pakistan date de 1947 et le bahaïsme est né en Iran ! et p. 179, «  1919, époque où l’on comptait les empires allemand, BULGARE (faux, la Bulgarie, indépendante en 1879, était un royaume), austro-hongrois ».

Une vingtaine de passages pourraient être qualifiés de spécieux ou de lénifiants comme, p. 125, « la liberté des femmes à disposer d’elles-mêmes en toute liberté, touche de nombreux pays du monde », qui semble justifier toutes les limites coraniques,  instrumentalisées par la Charia ; de même, comme pour excuser toutes les violences, p.219, « le fondamentalisme religieux et le non-respect des règles de vie commune n’est pas l’apanage des seuls intégristes musulmans ». Faible également, la constatation, p.135 : « Chez les catholiques, il existe des fidèles qui ont conservé une attitude consistant à ne pas être à proximité d’une personne de l’autre sexe à la messe » (sic).

Le sujet n’est pas facile à traiter et il faut être reconnaissant à M. Marongiu-Perria de prendre des risques en critiquant les « paradigmes hégémoniques » (p.29) correspondant à une vision du monde qui garantissait l’unité territoriale et religieuse des régions sous domination musulmane. Les gouvernements musulmans aujourd’hui encore n’ont pas la volonté politique de distinguer la part indispensable du sécularisme dans toute société.

On trouvera p. 221-222 une bibliographie d’ouvrages de qualité auxquels tient l’auteur.

Christian Lochon

[1] Voir présentation d’Omero Marongiu-Perria sur le site des éditions de l’Atelier.