Titre

Chrétiens d’Orient

Sous titre

Ombres et lumières

Auteur

Pascal Maguesyan

Type

livre

Editeur

Thaddée, 01/10/2013

Nombre de pages

317 de textes – 32 de photographies

Prix

25 €

Date de publication

22 mai 2014

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Chrétiens d’Orient

Le lecteur se laisse vite prendre à ces « Carnets de voyages » d’un journaliste photographe qui sillonne l’Orient chrétien depuis plus de dix ans. Nulle prétention d’être exhaustif, mais l’histoire, les conditions sociales et politiques, le dynamisme des communautés ou leurs drames, les traces architecturales… tout cela forme une passionnante mosaïque de portraits, de rencontres, de dialogue.

L’auteur rassemble ici des textes égrenés au cours de voyages effectués de 2000 à 2013. Comme il l’écrit dans son Prologue, l’Orient le « fascine » autant qu’il « l’effraie ».

Car, et c’est la part d’ombre, ses pas le conduisent le plus souvent sur les ruines de ces « peuples racines », ultimes témoins de ce christianisme moyen-oriental né ici il y a deux mille ans.

Que ce soit en Égypte où les Coptes, vieux Égyptiens, subissent les discriminations, ou aux confins de la Syrie où disparaissent les derniers chrétiens syro-chaldéens de langue araméenne, ou encore en Irak et en Iran, et plus encore sur les terres de l’ancienne Arménie… l’auteur assiste à ce qu’il appelle un « omnicide », c’est-à-dire la destruction voulue des communautés chrétiennes considérées comme étrangères, alors que ce sont leurs pays.

L’origine du narrateur, identifiée par son patronyme arménien, explique son désarroi devant les pillages et les destructions qu’il évoque longuement en visitant la Turquie Orientale, comme si le génocide de 1915 n’avait pas tout effacé, comme si déjà les violences anti-chrétiennes de Damas en 1860 (arrêtées grâce à l’émir Abd-el-Kader) et les pogroms du Sultan Rouge Abdul Hamid en 1895, n’avaient pas attenté à la présence chrétienne. C’est que la violence ne date pas d’aujourd’hui… On ne sort guère optimiste d’une telle lecture. Nombre de chrétiens s’exilent, rejoignant leurs diasporas importantes aux Etats-Unis, en Europe, en Australie. Et pourtant, comme l’affirme à l’auteur l’un de ses interlocuteurs, « un Orient sans chrétiens n’aurait pas de goût. »

La saveur qui subsiste constitue justement la part de lumière.

On reste fasciné par la vitalité et la fécondité de ces communautés chrétiennes, dans des lieux que l’auteur décrit avec bonheur : la maternité de Bethléem, le Monastère de Mar Moussa en Syrie, l’oasis spirituelle d’Anaphora en Egypte ou les chiffonniers coptes du Caire, les monastères arméniens, les pèlerinages chaldéens et arméniens de Saint Thaddée en Iran, l’incroyable ténacité des chrétiens d’Irak à Qaraqoch près de Mossoul… Des trésors d’humanité, des lieux de paix et de rencontres, presque partout menacés par la haine. Mais, comme l’affirme l’auteur, « les chrétiens d’Orient sont des résistants. »

On l’a compris : ce long récit ne prétend pas à l’exhaustivité (par exemple, presque rien sur les Maronites du Liban…). Il n’est ni théologique, ni historique, ni philosophique.

Pascal Maguesyan, qui s’adresse à tout public, est un témoin qui entre en complète empathie avec ce « petit reste » de chrétiens du Moyen-Orient. Il donne simplement visage et chair à ceux qu’on serait tenté d’oublier. C’est déjà beaucoup, et c’est bienvenu.

Claude Popin