L’Iraq peut saisir l’occasion de rompre avec vingt ans d’instabilité et de fragilité. Une déclaration de la Représentante de l’ONU en Iraq.

Ce texte officiel des Nations-Unies ouvre une perspective d’avenir sur la situation d’un pays qui est affronté depuis des années à un cycle de violences et à l’incertitude économique. Il fait face aux séquelles de la guerre de 2003 et aux suites de l’apparition de Daech, l’organisation de l’Etat Islamique, qui a perdu son emprise territoriale et dont pourtant les attaques continuent à menacer la région.

Voir l’analyse de l’état de ce pays faite par  Christian Lochon, administrateur de CDM, en avril 2022:

Le Proche-Orient en déconstruction, Irak, Liban, Syrie, par Christian Lochon. Partie II, l’Irak.

2 février 2023 Paix et sécurité

Devant le Conseil de sécurité, jeudi, Jeanine Hennis-Plasshchaert, Représentante spéciale du Secrétaire général en Iraq, a appelé le nouveau gouvernement de ce pays à ne pas manquer une nouvelle occasion de rompre avec vingt ans de divisions, et à lancer des réformes profondes indispensables à la prospérité et à la stabilité nationale.

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Dans un hommage émouvant, Jeanine Hennis-Plasshchaert a rappelé que près de 20 ans plus tôt, le Conseil de sécurité, peu après avoir adopté la résolution 1483 traçant la voie de l’après Saddam Hussein, avait créé la mission d’assistance de l’ONU pour Iraq en août 2003. Quelques jours plus tard, le Représentant spécial de l’ONU Sergio Vieira de Mello et 21 collègues perdaient la vie dans l’explosion d’une bombe au quartier-général des Nations Unies à Bagdad qui a fait aussi 150 blessés.

« Bien qu’ils aient été victimes de la violence qu’ils s’étaient engagés à arrêter, notre travail s’est poursuivi », a-t-elle dit, confirmant que 2023, année de commémoration de l’attentat, offre une nouvelle occasion de replacer la situation actuelle de l’Iraq dans le contexte de son histoire, alors que « des décennies de troubles continuent d’avoir un impact sur le présent ».

« Il faudra du temps pour faire face à la fois à l’héritage du passé et aux nombreux défis du présent, quels que soient les dirigeants aux commandes », a-t-elle rappelé, soulignant qu’aucun gouvernement ne peut faire cavalier seul, et que cette tâche « reste la responsabilité commune des partis politiques et d’autres acteurs qui doivent donner avant tout la priorité aux intérêts du pays ».

UN News

Le Canal Hotel de Bagdad, après l’attentat contre l’ONU qui a coûté la vie à 22 personnes, dont le Représentant spécial Sergio Vieira de Mello

Un gouvernement déterminé face aux défis du pays

Jeanine Hennis-Plasshchaert a noté l’importance de gérer les attentes de l’opinion : “Les promesses excessives suivies de résultats insuffisants peuvent attiser les rancœurs et avoir des conséquences désastreuses”, a-t-elle prévenu. Mais elle reconnaît les avancées positives récentes, telle la nomination il y a trois mois d’un nouveau gouvernement dirigé par le Premier ministre Mohammed Shia al-Sudani, qui met fin à plus d’une année de tension, de discorde politique et de jeux de pouvoir, et montre, selon elle, sa détermination à s’attaquer aux défis urgents, tels que la corruption endémique, la déficience des services publics et les niveaux élevés de chômage.

“Trop d’occasions de mener des réformes significatives et indispensables ont été gâchées”, a regretté l’envoyée de l’ONU, en encourageant les autorités à poursuivre leur lutte contre la corruption généralisée, qui, « érigée en véritable système, reste l’une des principales causes profondes du dysfonctionnement iraquien ».

Elle a ajouté que des changements significatifs pour le bien-être des citoyens ne pouvaient se produire que par le biais de changements structurels exigeant une réforme socio-économique systémique, des institutions plus fortes et une meilleure gouvernance à tous les niveaux.

Si elle constate que les retards dans les réformes économiques, fiscales et financières sont palpables dans le pays – qui n’a toujours pas réussi à adopter son budget fédéral – elle a mis en garde contre des mesures anti-chômage qui entraîneraient le gonflement supplémentaire de la fonction publique. Elle a préconisé pour cela la diversification d’une économie « trop dépendante du pétrole et vulnérable aux chocs extérieurs, et l’essor d’un secteur privé à forte valeur ajoutée et générateur d’emplois ».

Source, ONU Info, 2 février 2023

https://news.un.org/fr/story/2023/02/1131937

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