Les mots et la terre. Les intellectuels en Israël de Shlomo Sand

Benny Morris, Avi Shlaim, Ilan Pappé, Tom Segev, etc., ces noms de « nouveaux historiens » israéliens sont désormais plus familiers. Il faut y ajouter celui de Shlomo Sand, dont le dernier livre, qui rassemble plusieurs essais, frappe par sa profondeur et sa pugnacité. Un temps passionné par Georges Sorel, puis par le cinéma du XXe siècle, ce professeur d’histoire contemporaine à l’université de Tel-Aviv passe à présent au crible de sa pensée critique le cheminement et lesclés du sionisme. Car la grande majorité des intellectuels israéliens persistent –entre autres – à s’enfermer dans un imaginaire ethnonational, que l’auteur déconstruit en recourant à la sociologie, à la linguistique et, bien sûr, à l’histoire. On lira notamment le chapitre sur le postsionisme. Mais l’apport le plus étonnant de cet ouvrage est l’éclairage radicalement neuf apporté sur la réalité du judaïsme en Palestine et en Méditerranée au Ier siècle de notre ère : les faits établis questionnent jusqu’à la notion même de « peuple juif ». Dominique Vidal du Monde Diplomatique

Présentation de l’éditeur

L’élaboration de l’idée de nation juive a débuté bien avant que le mouvement sioniste ne s’organise et s’est prolongée bien après la création d’Israël. Dans Les Mots et la Terre, Shlomo Sand s’interroge sur la contribution des intellectuels juifs et israéliens à ce processus. Il étudie et met en cause un à un tous les mythes fondateurs de l’Etat d’Israël, à commencer par celui d’un peuple déraciné par la force, un peuple race qui se serait mis à errer de par le monde à la recherche d’une terre d’asile. Un peuple qui se définira donc sur une base biologique ou ” mythologico-religieuse “, comme l’attestent les termes d'” exil “, de ” retour “, de ” montée ” vers la terre d’origine, qui nourrissent toujours les écrits politiques, littéraires ou historiques israéliens. La majorité des intellectuels en Israël persistent à assumer depuis 1948 cet imaginaire ethno-national et à embrasser une identité étatique exclusive à laquelle seuls les juifs peuvent s’associer. Les premières fissures dans cette conception dominante n’ont fait leur apparition qu’au cours des années quatre-vingt, à travers les travaux novateurs d’historiens que l’on a qualifiés de ” post-sionistes “. En rappelant également la façon dont les clercs israéliens se sont positionnés face à la guerre du Golfe dans un contexte de modernisation des moyens de communication, c’est finalement à une réflexion globale sur le statut de l’intellectuel dans nos sociétés que nous convie Shlomo Sand.

Biographie de l’auteur

Né en 1946, Shlomo Sand a fait ses études d’histoire à l’université de Tel-Aviv et à l’Ecole des hautes études en sciences sociales à Paris. Depuis 1985, il enseigne l’histoire contemporaine à l’université de Tel-Aviv. Il a notamment publié en français : L’illusion du politique. Georges Sorel et le débat intellectuel 1900 (La Découverte, 1984), Georges Sorel en son temps, dirigé avec J. Julliard (Seuil, 1985), Le XXe siècle à l’écran (Seuil, 2004).