Le Monde – Syrie : la « barbarie » et l’« inhumanité » du régime dénoncées après les raids meurtriers sur Douma

« Acte barbare » pour la France, « mépris pour la vie humaine » selon les Etats-Unis : les diplomaties occidentales ont vivement condamné lundi 17 août les raids menés dimanche par le régime syrien sur un marché à Douma, près de Damas, qui ont fait 96 morts, principalement des civils.
Le ministre des affaires étrangères français Laurent Fabius a dénoncé « l’inhumanité d’un régime qui n’hésite pas à massacrer sa population », quand le secrétariat d’Etat américain a condamné des raids « brutaux », tout en réaffirmant que Washington « travaillait avec ses partenaires pour une véritable transition politique négociée, en dehors [du président syrien Bachar Al] Assad ». Plus tôt, l’ONU s’était déclarée « horrifiée » par l’attaque.
L’envoyé spécial des Nations unies pour la Syrie, Staffan de Mistura, a jugé « inacceptable pour un gouvernement de tuer ses propres citoyens quelles que soient les circonstances » :
« Le bombardement du gouvernement sur Douma hier a été dévastateur, les attaques de zones civiles avec le lancement à l’aveugle de bombes aériennes, telles que des bombes incendiaires, sont interdites par le droit international. »

« C’est de la barbarie primaire, une haine contre l’homme », a affirmé le chef de la Coalition de l’opposition en exil, Khaled Khodja, qui a aussi dénoncé indirectement la complicité des alliés du régime Assad, notamment la Russie et l’Iran.
 

« ATTAQUES DIRECTES, AVEUGLES ET DISPROPORTIONNÉES »
Dans ce contexte, le Conseil de sécurité des Nations unies a par ailleurs soutenu, lundi, à l’unanimité, une initiative de paix proposée à la fin du mois de juillet par l’envoyé spécial des Nations unies pour la Syrie, Staffan de Mistura.
Cet accord, le premier plan politique concernant le conflit syrien sur lequel tous les pays membres du Conseil de sécurité parviennent à se mettre d’accord, y compris la Russie, est adopté alors que la question d’une transition politique en Syrie fait l’objet d’une intense activité diplomatique depuis plusieurs semaines. Le Conseil a jusqu’à présent été paralysé par de profondes divergences sur les solutions à apporter à la crise, et, en particulier, le sort réservé au président syrien, Bachar Al-Assad.
 

L’initiative pourrait démarrer en septembre, avec la mise en place de quatre groupes de travail sur la sécurité et la protection de la population, le contre-terrorisme, les questions politiques et légales ainsi que la reconstruction.
Les raids de dimanche sur Douma, fief rebelle dans la région de la Ghouta orientale, constituent une des attaques les plus meurtrières depuis le début de la guerre, en 2011. Ils surviennent presque deux ans jour pour jour après l’attaque à l’arme chimique dans le même secteur, qui avait fait des centaines de morts le 21 août 2013 et avait été attribuée au régime par les Occidentaux et l’opposition. Lundi, les avions du régime ont encore frappé à quatre reprises la ville meurtrie.
La semaine dernière, un rapport d’Amnesty international a accusé le gouvernement syrien de commettre des « crimes de guerre » dans la Ghouta orientale, parlant d’« attaques directes, aveugles et disproportionnées ».