Le cardinal Tauran dresse un bilan du dialogue islamo-chrétien

Le-cardinal-Tauran-dresse-un-bilan-du-dialogue-islamo-chretLucide et déterminé, mais aussi volontariste, le cardinal français Jean-Louis Tauran, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, a esquissé, dans L’Osservatore Romano du 4 janvier, un mode d’emploi des relations avec l’islam.

Le cardinal Jean-Louis Tauran (à gauche) avec le grand mufti de Bosnie-Herzégovine Mustafa Ceric, au cours d’une rencontre interreligieuse organisée au Vatican, le 4 novembre 2008 (OR/CPP/CIRIC)

D’emblée, le cardinal, rappelant que « toutes les cinq minutes, dans le monde, un chrétien meurt en raison de sa foi », souligne la principale difficulté du dialogue islamo-chrétien : « Malheureusement, certaines minorités déviantes, qui instrumentalisent la religion pour justifier le recours à la violence, ou tentent d’imposer à tous, sans distinction, la loi islamique même par la force, constituent un danger non seulement pour leur société, mais aussi pour le monde entier, et mettent en difficulté le dialogue entre les religions. Il suffit de rappeler, à cet égard, le sort de quelques communautés chrétiennes dans des pays comme le Pakistan ou le Nigeria. Rien ni personne ne peut justifier de tels excès. »

Pourtant, s’étant rendu au Nigeria en mai 2012, le cardinal Tauran a pu constater, sur le terrain, une « véritable volonté de vivre et travailler ensemble », explique-t-il dans le quotidien édité par le Saint-Siège.

« NOS PORTES SONT TOUJOURS OUVERTES À UN DIALOGUE SINCÈRE ET RESPECTUEUX »

Moins encourageants sont les signaux venus d’Égypte : le cardinal rappelle que le dialogue avec l’université Al Azhar « s’est interrompu à l’initiative de notre partenaire musulman ». Et il confirme à nouveau que « nos portes sont toujours ouvertes à un dialogue sincère et respectueux ». Comme il l’avait confié à La Croix lors du voyage de Benoît XVI au Liban, le cardinal Tauran se souvient que, « chose vraiment extraordinaire, nos interlocuteurs musulmans libanais n’ont eu aucune difficulté à reconnaître que les chrétiens orientaux sont une richesse ».

Enfin, voulant convaincre, le président du Conseil pontifical souligne la participation du Saint-Siège, en tant qu’« observateur fondateur », au Centre international pour le dialogue interreligieux et interculturel, créé à Vienne le 26 septembre dernier sous l’égide de l’Arabie saoudite, avec le concours de l’Autriche et de l’Espagne.

METTRE EN AVANT « LA DIMENSION RELIGIEUSE ET SPIRITUELLE DE L’ISLAM »

Il y voit « un bon canal de dialogue, qui pourrait non seulement promouvoir une meilleure connaissance réciproque entre les croyants », mais aussi, insiste-t-il, « un espace permettant de dénoncer les situations où les libertés de conscience et de religion ne sont pas respectées. » On attend les premières publications de ce Centre sur son principal membre fondateur et financeur.

Sur le fond, c’est bien « la dimension religieuse et spirituelle de l’islam » que le cardinal souhaite mettre en avant, en dépit de toutes les « situations peu encourageantes. »

Plus largement, le cardinal s’appuie sur la vision d’« un monde ouvert au dialogue sur la question de Dieu ». Il souligne l’actualité du débat entre chrétienté et sécularisme, « dont on trouve aujourd’hui un large écho dans de nombreux ouvrages et revues internationales ». Et ce même si une large part de la population mondiale, « surtout en Occident », est sécularisée.

F. M., à Rome

Source : Source : www.la-croix.com le 4 janvier 2013