On aime généralement trouver un fondateur à chaque religion, par exemple Mohammed pour l’Islam ou Moïse pour le judaïsme. Pourtant, ce n’est pas si simple… Qu’en est-il pour la religion chrétienne ?
Jésus était juif. Né dans la religion juive, il y vécut et y mourut. Il eut souvent des désaccords et des querelles avec ses coreligionnaires, en particulier à propos de l’application de la Loi, la torah, mais à aucun moment il ne rompit avec sa religion. D’ailleurs cette position était courante dans le judaïsme de son temps qui se caractérisait par un foisonnement de mouvements et de tendances parfois opposés, et une culture de débat entre tous ces groupes. Ce que Jésus voulait, c’était réformer la religion juive. Ainsi regroupa-t-il autour de lui un groupe de personnes, les apôtres, douze pour symboliser les douze tribus d’Israël, dans le but de transformer la pratique et de renouveler le judaïsme.
Mais ce fut un échec. Jésus est condamné à mort et meurt, délaissé à peu près par tout le monde. Or, après sa mort, un certain nombre de ceux qui l’avaient connu pendant sa vie, et particulièrement les apôtres, connurent une expérience qui leur fit dire qu’il était vivant, ressuscité. Ce fut pour eux le signe que Dieu était avec Jésus et qu’il fallait continuer l’œuvre qu’il avait commencée. Ils se mirent alors à proclamer leur foi en Jésus, Christ (c’est-à-dire Messie) ressuscité, et à tenter de faire perdurer son action. Leur groupe grandit alors, toujours au sein du judaïsme : ils continuaient en effet à appliquer la Loi avec la circoncision et les pratiques alimentaires. Mais certains d’entre eux, Paul en particulier, voulurent proposer la foi en Christ aussi à des non-juifs. Ce faisant, ils ne pouvaient pas leur imposer la Loi juive, en particulier la circoncision, et c’est ainsi que devinrent chrétiens d’anciens païens, n’ayant pas été juifs. Ainsi s’esquissa le point de départ d’une nouvelle religion, le christianisme, différente du judaïsme. La rupture entre Juifs et non juifs disciples de Jésus Christ et Juifs attachés à certaines traditions rabbiniques se fit donc peu à peu, dans le courant du 1er siècle et au 2ème siècle. Elle entraina des conflits importants et elle ne fut complète et définitive partout que beaucoup plus tard, sans doute après plusieurs siècles.
Image, dévot Christ de Perpignan (début XIVème s.), Fr. Ladouès
Françoise Ladouès